OTTAWA  - Vers 8 h 20 vendredi matin, Patrick Côté a utilisé son compte Twitter pour faire savoir à ses 31 000 abonnés qu’il respectait la limite de poids imposée pour être en compétition le lendemain dans la catégorie des mi-moyens de l’UFC.

Normalement, ça aurait été le début d’une longue et pénible journée. Côté aurait passé des heures à sucer des cubes de glace pour tenter de convaincre son cerveau qu’il s’abreuvait. Il aurait trimballé un petit verre de plastique dans lequel il aurait craché son excédent de salive. Il aurait eu faim, il aurait eu soif. Il aurait été misérable.

Mais depuis deux semaines, le monde des arts martiaux mixtes vit une petite révolution. À l’UFC 199, au début du mois, la Commission athlétique de la Californie a innové en devançant l’heure à laquelle les combattants devaient se soumettre à la pesée officielle. Au lieu de patienter jusqu’à 16 h pour se prêter au traditionnel exercice devant l’œil du public, ils ont bénéficié d’une fenêtre de quatre heures, à partir de 10 h, pour remplir leur engagement sans sortir de l’hôtel. Le but était de leur offrir de précieuses heures supplémentaires pour se réhydrater et reprendre des forces en vue de leur combat du lendemain.

Le succès de l’expérience et les commentaires positifs des athlètes qui y ont été soumis ont convaincu les dirigeants de l’UFC, avec l’accord du commissaire ontarien Ken Hayashi, de la répéter à Ottawa. Les combattants inscrits au gala qui aura lieu samedi à l’Aréna de la Place TD ont pu monter sur la balance entre 9h et midi vendredi.

« En Ontario, la législation stipule que la pesée pour un événement d’arts martiaux mixtes doit être tenue la veille de l’événement à un moment qui sera déterminé par le commissaire, explique le directeur des opérations de l’UFC au Canada, Tom Wright, faisant référence au paragraphe 1.1 de l’article 16 de la Loi sur le contrôle des sports de la province. Nous n’avons donc pas eu à changer une virgule pour pouvoir mettre notre plan à exécution. »

Wright affirme n’avoir eu aucune difficulté à convaincre Ken Hayashi d’approuver le changement de programme. 

« Parce qu’à la base de cette décision, on retrouve la sécurité et le niveau de performances des athlètes », soutient-il.

L’UFC ne peut pour l’instant promettre que la procédure sera implantée de façon permanente dans un avenir rapproché.

« Nous pensons que la plupart des commissions athlétiques, sinon chacune d’entre elles, adopteront éventuellement cette procédure, parce que c’est la chose à faire pour le bien des athlètes, prévoit Wright. Mais on ne sait pas à quel point la nécessité de certaines juridictions de modifier leur réglementation retardera le processus. Ce genre de choses peut prendre du temps. »

Mercredi, le Las Vegas Review-Journal dévoilait que l’influente Commission athlétique du Nevada avait ajouté le sujet à l’ordre du jour de sa prochaine réunion le 21 juin.

En attendant, les combattants présents à Ottawa se réjouissaient unanimement de l’application de cette initiative. Côté est finalement monté sur le pèse-personne à 9 h 30, vendredi matin. Il a ensuite pu commencer à reprendre ses forces en suivant un procédé ajusté par son consultant en nutrition.

« J’adore ça, avait commenté le Prédateur la veille. Ça nous donne l’occasion de nous réhydrater correctement, pas juste se bourrer et boire trop d’eau. Quand le temps est plus limité, c’est un peu plus difficile pour le corps, les reins, les organes vitaux. Là, on a quasiment dix heures de plus, ce qui va être assez bénéfique. »

« Notre but, c’est de couper notre poids aujourd’hui, se réveiller demain matin, faire la pesée et ensuite aller déjeuner et passer une journée normale, ce qui n’est jamais arrivé dans ma vie la veille d’un combat. Je pense que tous les fighters sont d’accord avec ça. C’est une très bonne procédure », se réjouissait Valérie Létourneau.

Stephen Thompson, qui affrontera le Canadien Rory MacDonald lors du combat principal du gala, est convaincu que ce nouveau modus operandi améliorera la qualité du spectacle offert par l’UFC.

« C’était pénible de passer une journée complète à attendre, découragés, déshydratés, mal au dos, les oreilles qui bourdonnent… c’était très inconfortable! Maintenant que nous sommes en mesure de refaire le plein plus tôt, les gens vont voir de meilleurs combats. Personne ne souffrira d’un manque d’énergie en raison de la coupe de poids et je crois que les spectateurs seront impressionnés par ce qu’ils verront. »

Malgré tout, un échec

La manière d’opérer de l’UFC n’a quand même pas complètement changé. L’accès aux résultats de la pesée officielle a été refusé aux médias jusqu’à leur dévoilement public, selon la formule habituelle, à partir de 17 h.

Seule la Canadienne Randa Markos a été incapable de respecter ses engagements, affichant un poids de 117,5 livres pour son combat de poids pailles contre Jocelyn Jones-Lybarger, à qui elle devra remettre 20 % de sa bourse.

MacDonald et Thompson ont chacun complété leur coupe de poids à 170,5 livres.

Côté est descendu à 170 livres tandis que Cerrone a décidé de transporter la livre supplémentaire accordée aux combattants qui ne sont pas en lice pour un titre. Le Québécois devrait toutefois profiter d’un avantage marqué au niveau du gabarit samedi soir.

Sean O’Connell a l’habitude de faire la démonstration de son sens de l’humour à la pesée. L’Américain a soufflé des bulles de savon avant que Steve Bossé, qui n’a pas semblé la trouver drôle, ne vienne le rejoindre pour le face-à-face. Les deux rivaux ont été annoncés à un poids de 205 livres.

Olivier Aubin-Mercier a gardé ses bonnes habitudes, offrant un plat de pâtisseries à Thibault Gouti après s’être inscrit à un poids de 155 livres.

Valérie Létourneau, qui a avoué avoir subi une coupe de poids « dangereuse » à son combat précédent, avait l’air en pleine forme quand elle s’est présentée sur l’estrade accompagnée de son chien, dont elle ne se sépare pas depuis son arrivée à Ottawa. La Québécoise, qui fera les frais du premier combat de poids mouches de l’histoire de l’UFC, s’est enregistrée sans problème à un poids de 125,5 livres, le même que son adversaire Joanne Calderwood.

Jonathan Meunier, qui n’a eu que huit jours pour se préparer à ses débuts à l’UFC, a respecté la limite imposée aux combattants de la division des mi-moyens en faisant osciller la balance à 170,5 livres. Son adversaire Colby Covington a affiché un poids de 170 livres.