Une saveur particulière à la 4e coupe Grey d'Anthony Calvillo
Membre-clé de l'édition 2010 des Alouettes et trois fois champion de la coupe Grey en tant que joueur, le légendaire Anthony Calvillo a vécu différemment lors des derniers jours sa quatrième conquête, celle-ci en tant que coordonnateur offensif de l'équipe à laquelle il a tant donné au cours des deux dernières décennies.
L'ancien quart-arrière vedette vient de compléter dans l'euphorie de la victoire sa cinquième campagne dans le giron des Oiseaux comme instructeur, après la victoire de 28 à 24 sur les Blue Bombers de Winnipeg, dimanche dernier.
Depuis qu'il a fait la transition vers les lignes de côté, Calvillo n'aura pas connu que des moments glorieux avant de goûter à nouveau au succès, mais on sent bien que l'Américain de 51 ans tire une immense fierté d'avoir participé à cette huitième conquête de la coupe Grey montréalaise.
Mercredi, c'est entouré des membres de sa famille qu'il a paradé dans les rues de leur ville d'adoption.
Au lendemain du défilé, Calvillo a relaté les émotions vécues lors d'une entrevue accordée en français à notre collègue Luc Bellemare, de l'Antichambre.
« Je voulais vivre l'expérience [du défilé] avec mes filles et ma femme, qu'elles puissent vivre l'expérience. Mais également pour l'équipe, et spécialement les Québécois qui en font partie… les Marc-Antoine Dequoy et Pier-Olivier Lestage. Pour eux, de gagner avec les Alouettes, c'est un accomplissement spectaculaire », a-t-il souligné.
Si les Als ne figuraient nullement dans les prédictions des experts, tant en début de calendrier régulier qu'à l'amorce des éliminatoires, Calvillo persiste à croire que l'attitude dans le vestiaire était toute autre.
« Cette année, la mentalité était : ‘Nous allons gagner' chaque semaine. Pour nous, c'était important de bloquer le bruit. (...) On était conscients qu'on ne donnait pas cher de notre peau, mais pour nous, c'était la confiance qui régnait dans notre vestiaire. Qu'on tire de l'arrière ou non, on croyait toujours en nos chances de gagner le match. »
Les yeux de Calvillo s'illuminent lorsqu'il est question du formidable rendement du quart Cody Fajardo dans le dernier droit de la saison, et bien entendu à la coupe Grey, en tant que joueur le plus utile de l'affrontement ultime.
« Cody, cette année, s'est amélioré à chacun des matchs qu'il a disputés. Avec mes conseils, ceux de Jason Maas aussi. Il a beaucoup grandi, et je suis fier de toute la croissance dans son jeu », a évalué le détenteur de nombreux records de la LCF à la position de quart.
Calvillo a relaté que dans la suite d'événements menant au touché victorieux des Als, il avait fallu y aller d'audace, surtout après que Fajardo eut encaissé un sac qui amenait son club à un deuxième essai et 18 verges à franchir.
« Jason et moi sommes en constante communication. Nous avons dit à Cody qu'à ce point-ci, nous étions en mode ‘trois essais'. Il a fait une course pour nous aider à rendre le troisième jeu plus facile à obtenir, et sa passe en direction de Cole (Spieker) était incroyable. Pendant qu'il le visait avec le ballon, Austin Mack a servi d'appât (decoy) et a bien réussi ce mandat. »
Maas et l'importance du fait français
Prenant lui-même fierté à accorder un entretien entièrement en français, il n'est guère surprenant que Calvillo encense Maas pour l'importance capitale qu'il accordait à la langue française.
Maas voulait que ses joueurs et son personnel d'entraîneurs fassent l'effort de s'immerger dans la culture francophone.
« C'est assez incroyable. Il est le premier entraîneur-chef pour qui il était très important pour chaque homme de l'équipe d'apprendre des mots de français, dont leur numéro de chandail. Il y a eu beaucoup de pratique avec l'outil DuoLingo. Il y avait beaucoup de compétition pour arriver à prononcer quelques phrases, toujours dans l'esprit du jeu. »
Calvillo a souri lorsqu'on lui a rappelé les propos de Dequoy, mentionnant qu'il avait assisté, tout jeune, au défilé de la coupe Grey de 2010, auxquels prenaient part « A.C. », Ben Cahoon et Matthieu Proulx, pour ne nommer que ceux-là.
Cette première conquête en treize ans représente une certaine passation des pouvoirs, croit l'ancien no 13.
« Pour les jeunes partisans, il y a de nouveaux souvenirs qui se créent. J'ai pu partager mon expérience avec les Québécois de l'équipe. Maintenant, ils ont pu savourer ça à leur tour. »