MONTRÉAL – Après avoir retenu la grande majorité de ses piliers qui pouvaient aspirer à l’autonomie, Jim Popp pourrait avoir réussi un coup fumant, sinon deux, avec les ajouts de Khalif Mitchell et Boris Bede à la formation des Alouettes.

Potentiellement, ces deux joueurs détiennent ce qu’il faut pour aider à fignoler le portrait de l’organisation montréalaise. Cela dit, chacun à leur façon, les deux colosses représentent un défi et la mission reviendra aux entraîneurs de les encadrer de manière appropriée.

Considérées comme une faiblesse, les unités spéciales seront sans doute revigorées par l’arrivée de Bede dans la métropole québécoise, mais il devra prouver que ses acquis universitaires peuvent lui servir à l’étape professionnelle.

Même s’il a savouré plusieurs honneurs collectifs et individuels dans l’uniforme du Rouge et Or de l’Université Laval, rien n’est acquis pour l’imposant botteur de six pieds quatre pouces et 225 livres en vue de ce nouveau départ.

« Oui, je dois prendre conscience qu’on repart à zéro. Ça devient du sérieux, avant j’allais à l’école en jouant au foot alors que ça devient mon travail. Ça modifie un peu la perspective, mais ça change seulement le fait que je vais jouer sur une plus grande scène », a commenté le botteur au statut international.

À moins que les choses ne changent d’ici là, Bede se retrouvera donc en compétition avec Sean Whyte qui s’est attiré son lot de critiques principalement pour ses dégagements peu puissants. Cette facette représente d’ailleurs la force du joueur d’origine française.

« C’est une compétition donc je vais m’assurer de donner le maximum et de me surpasser pour ouvrir les yeux des gens afin que la personne qui obtienne ce poste le mérite », a statué Bede.

Sa puissante jambe droite pourrait lui conférer un avantage sur les dégagements, mais il devra prouver sa valeur sur les bottés de précision. À ce niveau, sa fiabilité n’a pas toujours été sans faille et il a justement eu besoin de temps pour se remettre de la fin de son parcours universitaire qui s’est conclu par une tentative ratée face aux Carabins de l’Université de Montréal.

« J'aimerais combler les trois rôles »

Celui qui arborera le numéro 8 se présentera donc au camp d’entraînement en souhaitant hériter des trois rôles (bottés d’envoi, de dégagement et de précision) surtout que les Alouettes ont la réputation d’employer un seul botteur par match.

Mais avant de viser ce rôle d’importance, Bede demeurait réaliste et il savourait ses premiers moments au sein du nid des Alouettes.

« C’est vraiment un très bon sentiment, ça fait du bien de savoir qu’on appartient à une équipe. Je vais devoir me préparer pour arriver au camp d’entraînement le plus prêt que je peux », a noté Bede qui n’a pas effacé la NFL de ses pensées.

« C’est un rêve et une très grosse étape, mais je suis déjà très honoré d’être à Montréal », s’est-il empressé de préciser.

Débarqué à Montréal grâce à Brandon London et Jerry Maguire!

Habituellement, la stature de Bede en aurait impressionné plus d’un, mais il a été présenté aux médias aux côtés d’un sympathique mastodonte sur deux pattes en la personne de Khalif Mitchell.

En effet, si Bede avait eu droit à son premier bain médiatique en compagnie de Sean Whyte, il aurait eu l’apparence d’un géant. Par contre, c’est la carrure de l’ancien plaqueur des Lions de la Colombie-Britannique et des Argonauts de Toronto qui a retenu l’attention.

À six pieds six pouces et 316 livres, Mitchell en impose dans une salle, mais c’est encore sur le terrain qu’il se sent dans son milieu naturel. Popp est si heureux de son embauche qu’il a osé dire qu’il procurera à l’équipe ce qu’elle n’a pas possédé au cœur de la ligne défensive depuis les redoutables Doug Petersen et Adriano Belli.

Mitchell adorerait répondre aux attentes de son nouveau directeur général et il a aimé la discussion avec celui-ci. Khalif Mitchell

« Jim et moi avons parlé de plusieurs choses de façon très candide. On a parlé de la vie et des autres choses autour du football si bien que c’était encore plus facile de venir ici. Je me sentais encore plus accueilli comme à la maison », a expliqué le volubile athlète.

Le numéro 96 viendra donc s’ajouter à une unité défensive déjà bien garnie et le patron de celle-ci se réjouissait de cette arme supplémentaire à son arsenal.

« C’est une superbe addition et il cadre très dans notre système de jeu. Avec son gabarit, il peut contrôler la ligne d’engagement et ce sera tout un ajout pour nous », a exprimé Noel Thorpe.

Au-delà d’ajouter à son vocabulaire français qui se limite à « bonjour » et « très bien » pour le moment, Mitchell veut renouer avec le bonheur de caresser la coupe Grey comme il en a eu le plaisir en 2011 avec la Colombie-Britannique.

« J’aime encore la LCF avec beaucoup de passion. J’apprécie les partisans et je suis heureux d’avoir cette chance de remporter le championnat. J’ai parlé à mon entraîneur de position et mon coordonnateur défensif, mais le rôle de chacun est d’aider l’équipe à soulever la coupe Grey », a insisté l’athlète qui fêtera son 30e anniversaire en avril.

C’est avec la maturité de la trentaine que Mitchell prétend débarquer au Québec. Plus tôt dans sa carrière, il avait été chassé des Lions et certains de ses anciens s’étaient publiquement réjouis de son départ.

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis et il prétend que le temps a fait son œuvre sur sa personne.

« Tout le monde grandit et j’ai eu besoin de temps pour y arriver. J’ai commis des erreurs, mais j’ai appris de mon passé et tout a tourné pour le mieux alors que je me retrouve ici à ce stade ma carrière », qui dit avoir tourné la page sur cette époque.

Philippe fait connaissance avec Khalif Mitchell!

Thorpe n’est nullement effrayé par ce parcours et il y voit même du positif.

« Bien sûr, il possède une personnalité forte et c’est indéniable, mais on apprécie cela à Montréal. Je prends l’exemple de Kyries Hebert et de tout ce qu’il a pu accomplir sur le terrain et à l’extérieur. Il a eu une influence très positive dans notre vestiaire ainsi que dans la communauté et j’ai le sentiment que Khalif peut en faire autant », a soutenu Thorpe.

Limité à sept matchs en 2014 en raison de blessures qui appartiennent au passé, Mitchell a vanté son conseiller qu’il a comparé à Jerry Maguire (le personnage interprété par Tom Cruise dans le film du même nom) et nul autre que Brandon London pour le contrat de trois ans qu’il a paraphé avec Montréal.

« À part mon agent Jerry Maguire, qui est LE conseiller, je dois donner un peu de crédit à London. J’étais à la maison de mon agent et on regardait les équipes intéressantes quand Brandon m’a appelé. J’en ai discuté avec mon conseiller et il a amorcé le processus avec Jim pour que le contrat se concrétise », a comparé Mitchell, mais l’histoire ne dit pas s’il a lancé la célèbre réplique "Show me the money" à son partenaire d’affaires.

Ironiquement, Mitchell s’amène avec les Alouettes qui l’ont maltraité, lui et les Lions, au compte de 50 à 17 en demi-finale de l’Est.

« C’est difficile à oublier ! Quand j’arrive ici, les entraîneurs veulent me montrer les films de cette élimination. Ce sont les images que j’essaie d’effacer de ma tête », a-t-il dit avec le sourire en se réconfortant car il croit se situer dans une meilleure position pour renouer avec les grands honneurs.