MONTRÉAL – En l’espace de quelques semaines, Billy Parker a traversé toute la gamme des émotions. Poussé vers la retraite en étant laissé de côté dans le dernier droit de la saison régulière, il a retrouvé son sourire et bien plus lorsque les Alouettes lui ont proposé de faire le saut comme entraîneur.

Dans un monde idéal, Parker aurait mérité une sortie plus élégante à titre de joueur. Le demi défensif a constitué un exemple de constance pendant sept saisons avec le club montréalais. Mais l’émergence de jeunes athlètes a incité les dirigeants des Alouettes à l’empêcher de retourner sur le terrain après une blessure.

On aurait donc pu croire qu’il aurait choisi une autre destination pour entamer sa carrière d’entraîneur à temps plein. Cependant, Parker assure qu’il ne ressent pas de rancune envers ceux qui l’ont évincé de la formation partante.

« Non, même si c’était décevant parce que je voulais jouer. J’ai été dans le football professionnel pendant 12 saisons, je comprends que, parfois, les meilleures décisions pour une équipe ne font pas plaisir à tous les joueurs. J’ai quand même eu la chance d’être le partant pendant huit ans à partir de mon arrivée dans la LCF. Je préfère me concentrer là-dessus et ces décisions ne changent pas mes sentiments envers Montréal et l’organisation », a commenté Parker avec sa voix posée.

L’Américain n’a jamais été du style à faire des vagues et l’état-major a apprécié son professionnalisme dans cette histoire. Noel Thorpe, le coordonnateur défensif, a donc exaucé son souhait en l’invitant à le rejoindre au sein du personnel d’entraîneurs.

« J’ai entretenu une bonne relation avec Coach Thorpe. Je lui avais souvent parlé que j’aimerais me diriger vers le métier d’entraîneur. On a discuté ensemble quand il m’a proposé le poste et le courant a passé », a raconté Parker qui se consacrait déjà au coaching dans la saison morte.

Même s’il est originaire de Mechanicsville, en Virginie, Parker a jugé que ça lui convenait bien de choisir Montréal également pour le deuxième volet de sa carrière.

« Ça se produit à un endroit où je suis à l’aise et où j’ai des liens avec les gens. Je suis confortable ici et je pourrai progresser. Je suis vraiment reconnaissant de la confiance qu’on me témoigne et je déborde d’excitation », a confié Parker qui a souvent été vanté pour ses qualités humaines.

L’homme de 35 ans n’aura pas besoin de réfléchir bien longtemps pour définir son identité d’entraîneur. Il a l’intention de s’inspirer de son parcours avec ses crampons aux pieds.

« Je veux aider de la même manière que je le faisais comme joueur. C’est-à-dire avec une grosse préparation et beaucoup de travail. Mon succès venait de mes gros efforts et du fait que j’étais bien entouré », a expliqué celui qui a été découvert dans la Arena Football League après des tentatives dans la NFL.

Parker était rayonnant, vendredi, alors qu’il était présenté aux médias en compagnie de ses collègues. Cela dit, il réalise que le travail ne manquera pas au cours des prochains mois.

« Ce sera bien plus difficile d’être entraîneur. Quand tu joues, tu t’amuses. Il y a des sacrifices à faire, mais les parties sont tellement amusantes. Maintenant je ne peux plus jouer, je dois transmettre les informations et les conseils », a-t-il exprimé sans regretter son choix.

Une spécialiste de l’attaque pour aider la défense

L’an passé, les Alouettes avaient ajouté un jeune entraîneur du nom de Jason Hogan à leur formation. Présenté comme un spécialiste de l’attaque, cet ancien quart-arrière agira dorénavant en tant qu’assistant en... défense.

En bâtissant son personnel, Jacques Chapdelaine a fini par constater que Hogan serait un atout intéressant pour l’unité de Noel Thorpe.

« On a conclu qu’il pourrait contribuer de manière différente et créative. Il est très intelligent et il a un grand potentiel. Comme je disais à Noel, la chose importante c’est de commencer tôt durant la saison morte pour bâtir son profil de travail », a soutenu Chapdelaine.

Hogan admet que ce changement peut surprendre plusieurs observateurs. Jason Hogan

« C’est un gros défi, mais il sera vraiment intéressant. J’ai passé toute ma vie ou carrière de joueur et d’entraîneur du côté de l’attaque. Je fais une transition du côté obscur comme on dit souvent, mais ça va me donner la chance de voir comment un coordonnateur défensif prépare son plan de match et élabore ses stratégies, c’est une belle opportunité », a décrit Hogan qui est l’un des cinq entraîneurs à pouvoir s’exprimer en français sans oublier qu’Anthony Calvillo continue de progresser dans ce sens.

En raison de la nature de son système défensif qui utilise ses joueurs de différentes manières, Thorpe a préféré ne pas préciser de position spécifique à chacun de ses adjoints. Cela dit, ils se verront tous confier une responsabilité principale.

« Je vais plus travailler avec les joueurs de la tertiaire et les maraudeurs en particulier. Pendant mon premier entretien avec Noel, il m’a parlé de l’influence que je pourrais avoir sur les maraudeurs pour les guider avec ce que les quarts regardent et les indices qu’ils peuvent révéler sans le vouloir », a exposé Hogan.

La décision de Chapdelaine et Thorpe démontre que Hogan n’a pas raté sa première impression en 2016.

« Je pense qu’il a vu mon sérieux et les heures que j’ai investies. Je me dis que c’est un avancement professionnel dans l’organigramme en quelque sorte. Au lieu de rester au contrôle de la qualité en attaque, on me donne la chance d’avoir un mot à dire auprès de Noel. Les autres entraîneurs doivent voir que je suis capable de le faire. C’est une opportunité exceptionnelle que me donne Jacques », a interprété Hogan.

Cette promotion survient à un moment prometteur alors que les Alouettes semblent avoir retrouvé la direction pour effectuer une migration positive. Hogan constate justement que l’ambiance est différente.

« Oui, on sent beaucoup de confiance. Tout le monde est sur la même page et il y a beaucoup de transparence entre nous. Kavis (Reed, le nouveau directeur général) a énormément d’expérience et il s’assure qu’on soit tous courant de ce qu’on veut accomplir », a remarqué Hogan.