MONTRÉAL – Ce qui n’était encore qu’une inquiétante possibilité après la défaite de la semaine dernière face au Rouge et Noir d’Ottawa est maintenant confirmé. C’est avec un quart-arrière recrue que les Alouettes affronteront les Stampeders de Calgary vendredi soir au Stade Percival-Molson.

Ne reste maintenant qu’à déterminer qui, de Brandon Bridge et Rakeem Cato, obtiendra son premier départ dans la Ligue canadienne contre les champions en titre de la Coupe Grey.

Lundi, à l’entraînement, les deux jeunes coéquipiers ont chacun obtenu leur part de répétitions avec la première unité offensive pendant que Jonathan Crompton, blessé à une épaule lors du premier match de la saison, tuait le temps sur les lignes de côté. L’entraîneur-chef Tom Higgins a admis que bien que la version officielle stipule que l’état de santé de son numéro un sera évalué sur une base quotidienne, il est peu probable que celui qui a débuté dix matchs la saison dernière soit disponible pour la deuxième semaine du calendrier.

Et comme Dan LeFevour, qui devait être la première solution de rechange en cas de malheur, souffre lui aussi d’une blessure à une épaule, Higgins n’a d’autre choix que de faire confiance aux jeunes qu’il espérait élever progressivement dans la hiérarchie du club.

« Les deux ont énormément confiance en leurs moyens, mais sont-ils en mesure d’exécuter notre plan de match? », s’est ouvertement questionné le patron. « C’est bien différent lorsque vous êtes partant et notre décision à cet égard n’est toujours pas prise. »

Il aurait été permis de croire que Bridge serait le choix automatique du personnel d’entraîneurs en cas de nécessité. Après le match contre Ottawa, Higgins avait mentionné qu’il était « le prochain sur la liste » lorsqu’on lui avait demandé s’il était prêt à entrevoir l’avenir avec le jeune quart canadien. Mais quelques jours de congé plus tard, l’entraîneur avait changé sa version.

« On avait dit à Bridge et Cato qu’ils alterneraient probablement de semaine en semaine puisque aucun des deux ne se démarquait dans le rôle de numéro 3, a expliqué Higgins. Dans le fond, on ne voyait pas de raison de s’en faire avec cette position puisque le joueur qui l’occupe ne joue habituellement pas. Bridge a été l’élu pour le premier match puisqu’il avait été le premier à joindre l’équipe. On ne se doutait évidemment pas qu’il serait appelé à jouer pendant une demie complète. »

Lancé dans la mêlée par mesure d’urgence jeudi dernier, Bridge avait complété cinq passes en dix tentatives pour des gains de 62 verges. Il avait aussi été victime d’une interception.

« J’ai bien fait par moments et j’ai aussi fait des erreurs. C’est bien évident qu’il y a place à amélioration, a critiqué Bridge après avoir visionné son baptême du football professionnel. Il n’y a pas de doute que je bénéficierai de mon utilisation accrue cette semaine à l’entraînement. »

« J’ai vu beaucoup de gars être lancés dans un match sans avoir pratiqué la semaine précédente et jouer comme de la merde, relate Nik Lewis sans censure. Mais ce que j’ai vu de Brandon est très positif. Il s’est amené dans la mêlée et nous a donnés une chance de gagner. C’est tout ce qu’on pouvait lui demander. »

Higgins s’est lui aussi dit impressionné par ce que son jeune élève a pu accomplir sans préparation, mais par prudence, il prévoit n’utiliser que partiellement son livre de jeux pour éviter que la confusion ne s’installe. « Nous avons un ensemble de jeux adaptés à leurs forces et c’est ce que nous privilégieront. »  

Bridge et Cato ont l’avantage d’être bien entourés. Inséparables à l’entraînement, on pouvait les apercevoir en train d’absorber les fréquents conseils de Lewis ou Fred Stamps, des vétérans qui ont capté plus de 1300 passes dans la Ligue canadienne.

 « Ces gars-là trimballaient leur équipement à la petite école quand j’ai fait mon entrée dans cette ligue, a poursuivi l’ancien des Stampeders. L’expérience des gars comme moi, Fred et S.J. peut certainement aider à faciliter leur transition. Si je peux faire ma part, que ce soit en regardant des vidéos ou en corrigeant quelque chose sur le terrain, je vais le faire. Il ne s’agit pas de leur dire quoi faire et où lancer le ballon, mais simplement de les aider à mieux lire le jeu et à comprendre les concepts qu’ils doivent assimiler. »

« Ils nous répètent de faire confiance à notre première impression, atteste Bridge. C’est quand on se met à hésiter qu’on commence à faire des erreurs et c’est particulièrement vrai contre Calgary, qui possède une défensive redoutable. »

« Nos jeunes quarts ne sont pas conscients du danger, a répété Higgins. Ça peut être une bonne chose comme ça peut être néfaste contre une défensive aussi opportuniste que celle des Stampeders. »

La déveine de LeFevour

LeFevour avait la mine basse lundi. Le bras gauche en écharpe, celui que les Alouettes avaient embauché comme joueur autonome en février a confirmé qu’il s’était disloqué et fracturé l’épaule sur son deuxième jeu dans son nouvel uniforme et que la période de convalescence de quatre à six mois à laquelle il fait face signifie que sa saison est probablement terminée.

« Tout ça est très frustrant, a soupiré l’ancien des Tiger-Cats de Hamilton, qui avait dû subir une importante opération à un genou en septembre dernier. La route pour recouvrer la santé a été très longue et j’étais très heureux de pouvoir finalement retourner sur le terrain. C’est un autre moment difficile à traverser. »

LeFevour est l’un des quatre quarts de la Ligue canadienne qui sont tombés au combat dès la première semaine du calendrier 2015. Son coéquipier Crompton a eu plus de chance que lui et devrait revenir au jeu dans un avenir pas trop lointain. En Saskatchewan, le vétéran Darian Durant s’est déchiré le tendon d’Achille du pied gauche – sa saison est terminée – tandis qu’à Edmonton, Mike Reilly a terminé son premier match sur des béquilles.

LeFevour rit jaune devant cette série de malchances coordonnées, qu’il impute toutefois plus à la malchance qu’à une négligence à propos de la sécurité des quarts.

« Ce n’est pas comme si nos adversaires venaient juste de commencer à jouer avec un équipement. C’est simplement la nature de la bête, parfois. On se retrouve en mauvaise position, on se blesse. Pour une raison que je ne peux expliquer, c’est arrivé plus souvent à des quarts-arrières récemment. »

Andrew Manley, qui avait été retranché après avoir pris part à une partie du camp d’entraînement, a été rapatrié et s’est entraîné avec l’équipe d’entraînement des Alouettes. « Il est le seul autre quart-arrière en santé qui connaisse notre attaque », a justifié Higgins.