Mario Cecchini : Un mois plus tard, on cherche les explications
MONTRÉAL – Ça fera bientôt un mois que les propriétaires des Alouettes de Montréal ont rompu les liens avec le président Mario Cecchini, mais on ignore encore ce qui s'est passé. Est-ce qu'il y a eu des moments houleux avec Gary Stern ou un bras de fer?
« Il y a eu des moments, commence Cecchini avant de redémarrer sa réponse. En fait, c'est plus comme un alignement de priorités, une question de patience et d'impatience. »
« Je pense que tout le monde voulait la bonne affaire, mais ça arrive de ne pas voir les choses de la même façon », a ajouté Cecchini en entrevue au RDS.ca.
Ce n'est même pas nécessaire d'avoir un compte Twitter pour savoir que Stern – qui détient 25 % des Alouettes – a souvent exprimé ses états d'âme sur cette plateforme. Mais là où Stern a préféré se garder une petite gêne, c'est pour expliquer les motifs de cette décision d'envergure.
« On était supposés avoir des rencontres, mais elles étaient repoussées chaque fois et tu finis par comprendre », a raconté Cecchini.
Le 19 décembre, Cecchini a fini par recevoir un appel de l'un des deux avocats représentant la succession de Sid Spiegel (la succession détient 75% de l'équipe) l'informant de son sort.
« J'ai de la misère à l'expliquer. […] C'est dur à dire parce que je n'ai jamais eu de conversation finale, je suis un peu dans l'inconnu de ce côté », a-t-il confié.
« J'étais prêt à poursuivre. Pour moi, c'est important de le mentionner parce que Gary a raconté en entrevue que mon départ était mutuel. Je ne veux pas partir de guerre ou rien, mais ce n'était pas mutuel », a ajouté le gestionnaire.
Cecchini comprend que ça fait partie du monde des affaires, mais il ne voulait pas quitter alors que « tout le monde de l'organisation avait travaillé si fort à travers les défis qui se présentaient ».
À titre de contexte, on se rappelle que la saison 2020 de la Ligue canadienne de football a été annulée alors que Cecchini et le directeur général Danny Maciocia venaient tout juste d'arriver en poste. Le calendrier 2021 a été réduit et disputé avec des conditions particulières.
En 2022, les Alouettes ont affiché une progression du côté des billets de saison, des billets individuels et pour les loges. On déduit toutefois que Stern n'était pas satisfait de ce rendement.
Le fait que le match éliminatoire, de la demi-finale de l'Est, n'ait pas été disputé devant des gradins remplis, n'a certainement pas aidé.
« Peut-être que c'est ça. Gary n'arrêtait pas de tweeter qu'il voulait voir 22 000 personnes à nos matchs. Oui, t'as le droit de dire qu'il y a un plan de cinq ans, mais que tu veux qu'il soit complété en un an. Dans ce temps-là, ça change les règles du jeu au milieu du match et t'aurais aimé le savoir au début », a commenté Cecchini.
« De dire qu'on en veut plus, je suis le premier à dire que ce n'est pas assez, mais c'est arrivé dans un contexte. On n'a rien connu de normal autrement dit », a-t-il précisé.
Rassuré par l'ouverture pour des investisseurs québécois
Comme si le dossier des Alouettes n'était pas assez complexe, Stern a ensuite reconnu que les propriétaires étaient intéressés à vendre des parts à des partenaires québécois.
Sans se cacher, Cecchini admet qu'il se réjouirait de ce changement. Cette possibilité l'a également mené à réfléchir à cette piste d'explication.
« Je me suis dit que s'ils sont sérieux pour vendre la majorité de l'équipe à des intérêts locaux, ce que je salue, peut-être qu'ils ne veulent pas imposer un président avec un nouveau contrat », a songé Cecchini.
Par contre, le commissaire Randy Ambrosie a indiqué que les Alouettes annonceraient prochainement l'identité de leur nouveau président.
Cecchini retient malgré tout le côté positif de cet intérêt.
« Pour moi, c'est rassurant et j'espère que des gens vont se manifester car je pense que les Alouettes, c'est bien reparti. La machine s'en allait vers le haut. »
D'ailleurs, Cecchini ne veut pas que la décision à son égard soit interprétée comme un échec des employés du club.
« Avec près de 40 ans de carrière, tu es capable de dire si ça s'est bien passé. On est loin d'avoir été parfait, mais c'était presque impossible de l'être. On a bien travaillé et l'équipe a livré la marchandise du mieux qu'on a pu avec beaucoup de dévouement », a-t-il noté.
Évidemment, Cecchini est déçu de perdre sa grande complicité avec Maciocia et le lien qu'il a voulu resserrer avec les partisans et les commanditaires.
À ce propos, Cecchini était omniprésent aux pratiques, aux matchs et aux événements communautaires. Peut-être que les propriétaires auraient voulu qu'il passe plus de temps à bâtir des liens avec des partenaires financiers.
« Ça peut sonner cliché, mais quand t'as la chance de voir les yeux des enfants qui s'illuminent devant un joueur, c'est extraordinaire », a mentionné Cecchini.
De ses bureaux à Toronto, Stern pourrait ne pas avoir perçu le tout de la même manière.
Les prochains mois devraient, les partisans l'espèrent, nous en apprendre plus sur l'avenir de l'organisation. Ce sera intéressant de voir si les démarches pour trouver des partenaires québécois vont aboutir. Derrière des portes closes, est-ce que Stern et la succession de Spiegel refuseraient de vendre 100 % des parts à des investisseurs québécois ? Voilà une autre réponse impossible à obtenir pour le moment.
En terminant, Cecchini a participé au processus d'embauche du nouvel entraîneur et il ne s'est pas opposé au choix de Jason Maas même si lui et Maciocia ont souvent prôné l'importance de miser sur le talent local.
« Oui, on est à l'aise avec la décision. La réflexion ressemble aux joueurs et bon, Jason s'est de toute évidence distingué de façon assez importante à travers les entrevues pour être celui qui a été retenu », a conclu Cecchini.