MONTRÉAL – Une autre journée dans l’uniforme des Alouettes, une autre journée d’apprentissage pour Kevin Glenn.

Deux jours après avoir effectué son premier départ avec l’équipe, le vétéran quart-arrière était de retour au boulot avec ses nouveaux coéquipiers, mardi. Plutôt que de rester à l’intérieur pour se mettre le nez dans les livres tel que le prévoyait l’horaire initial, Jim Popp et son personnel d’entraîneurs ont décidé de changer le plan à la dernière minute et d’envoyer leurs hommes se délier les muscles sur le terrain d’entraînement.

Une bonne idée, selon toute vraisemblance, parce qu’il était plutôt clair qu’un élève en particulier avait encore du travail à faire pour se mettre au diapason avec le reste de l’unité offensive.

Avant chaque jeu répété par l’attaque au cours d’une légère séance sans contact qui aura duré un peu plus d’une heure, Glenn dépliait un document chiffonné pour y lire ses instructions et les transmettre au reste du groupe. Il remettait ensuite soigneusement son aide-mémoire dans une poche de son pantalon et prenait sa place dans la formation, qui se déployait tel qu’il l’avait ordonné avant de revenir se replier dans le caucus.

Vendredi, cette théorie sera mise en pratique contre les Argonauts de Toronto dans un contexte qui laisse très peu de place à l’erreur. Avec une fiche de 5-10 et trois matchs à disputer au calendrier régulier, les Alouettes ne peuvent viser autre chose qu’une fin de parcours parfaite, mais doivent aussi espérer un faux pas de leurs rivaux dans ce désagréable dernier droit.

Dans ces circonstances, chaque petit pas vers l’avant est digne de mention. Glenn, en tout cas, se réjouissait d’avoir eu l’occasion de prendre un peu d’air avec ses nouveaux frères d’armes.

« C’est une chose de faire des rencontres pour discuter de tous ces trucs, mais quand on met les pieds sur le terrain, qu’on place les gars à leur position et qu’on leur demande de courir leurs tracés, on peut mieux visualiser ce qui nous est demandé. Alors c’est toujours bénéfique pour moi, surtout dans la situation dans laquelle je me trouve », a comparé Glenn à la fin de sa journée de travail.

« Et pas seulement pour moi, mais aussi pour le reste des gars, a-t-il ajouté. Ils peuvent entendre ma voix, écouter la cadence de mes directives. Je m’habitue à eux et ils s’habituent à moi. »

Popp sait très bien que son équipe pourrait bénéficier de quelques entraînements supplémentaires avant  d’aller affronter les détenteurs du deuxième rang au classement de l’Association Est. Mais il tente aussi de naviguer du mieux qu’il le peut dans les eaux agitées d’un exigeant calendrier.

« Je crois qu’il s’agira de notre troisième match en 13 jours. On pourrait avoir perdu trois joueurs lors de notre dernière partie. Alors d’un côté, on tente d’enseigner les rudiments de notre attaque et d’un autre, on veut s’assurer d’être en santé et de pouvoir sauter sur le terrain dans la meilleure forme possible. On essaie donc de marier les deux objectifs d’ici vendredi », a établi l’entraîneur-chef et directeur général.

Glenn, qui en est à sa sixième équipe dans la Ligue canadienne, profite donc de chaque moment qui lui est accordé pour trouver ses repères dans son nouvel environnement. À son premier match dans l’uniforme montréalais, le général de 36 ans a été victime de trois interceptions. Il ne cache pas qu’une chimie est à bâtir avec des cibles qu’il avait jusque-là l’habitude de voir dans le clan adverse.

« Un quart-arrière doit savoir lire le langage corporel de ses receveurs, explique-t-il. Se familiariser avec la façon dont ils suivent leurs tracés et apprendre à déchiffrer le moment où ils vont bifurquer pour tenter de se démarquer de façon à pouvoir anticiper où ils seront avant l’adversaire. Tout ça, ça vient avec le temps. Présentement, on n’en a pas autant qu’on le souhaiterait, mais c’est un défi qu’on est prêt à relever. »

« Tout le monde sur le terrain doit apprendre une position. Lui, il doit apprendre toutes les positions, a voulu mettre en perspective le receveur Nik Lewis, qui a capté les passes de Glenn pendant deux saisons à l’époque où il évoluait pour les Stampeders de Calgary. Je crois qu’il a fait un travail formidable jusqu’à maintenant pour gober en deux jours ce que le reste des gars ont assimilé pendant le camp d’entraînement et tout le début de la saison. »

« On s’est bien tiré d’affaire contre Hamilton, a poursuivi Lewis, insistant sur les vertus de la patience. Sans mettre autant de points qu’on l’aurait voulu au tableau, on a produit quelques bonnes séries offensives. Tout n’était pas négatif. Maintenant il nous faut nous inspirer de cette performance. On a un peu plus de temps devant nous. Kevin pourra apprendre à connaître Fred, S.J., Sam et tous les autres gars avec qui il n’a jamais joué et je crois que tout ira bien. »

Glenn a affronté les Argonauts une fois cette saison alors qu’il évoluait pour les Roughriders de la Saskatchewan. Dans une défaite de 42-40, il avait complété 82,5 % de ses passes pour des gains de 477 verges.

Les Alouettes prendraient volontiers un copier-coller de cette performance vendredi. Pour y arriver, Glenn devra toutefois compter sur un meilleur rendement collectif de leur groupe de receveurs de passes. Après la défaite contre les Tiger-Cats, Samuel Giguère n’avait pas hésité à dire que ses confrères et lui avaient gaspillé trop d’occasions d’aider leur nouveau distributeur.

Lewis, qui a été la cible de prédilection de Glenn avec huit attrapés contre Hamilton, corrobore les dires du Québécois.

« C’est vrai, on a échappé quelques ballons la semaine dernière. Quand vous avez un nouveau quart-arrière qui vous donne la chance de faire un jeu, vous devez faire le jeu. C’est notre responsabilité et il faut l’assumer. Maintenant, il est temps de passer à l’action. »