MONTRÉAL – Maïko Zepeda avait un grand sourire accroché à son visage vers 15 h 15, mercredi. Le polyvalent joueur défensif des Carabins de l’Université de Montréal venait d’apprendre qu’il était invité au camp national de la Ligue canadienne de football.

Mais pas question de laisser de côté son coéquipier et grand ami, Nicholas Narbonne Bourque, qui n’avait pas réussi à obtenir son billet pour Toronto.

« On finit l’entrevue à deux », a ordonné Zepeda en agrippant son complice de toujours par les épaules.

Maïko ZepedaLes deux hommes se sont connus à la Polyvalente Deux-Montagnes où ils ont défendu les couleurs des Centurions. Lorsqu’ils ont terminé leur dernière saison juvénile à l'automne 2008, ils étaient loin de se douter qu’ils seraient des espoirs de la LCF en 2016.

« Il y a eu des hauts et des bas. Des fois, c’était bouetteux, des fois il y avait des roches dans le chemin. Mais à la fin de la journée, l’important c’est de se rendre du point A au point B. Narbonne et moi, aujourd’hui (mercredi), on a fait de grands pas vers la réalisation de nos rêves », a affirmé Zepeda avant de demander à son coéquipier chez les Bleus de le rejoindre pour terminer ensemble l’entrevue avec le RDS.ca.

« Il y a un sentiment de réussite, a indiqué Narbonne Bourque. C’est quelque chose que nous avons toujours eu en tête. On n’a pas tracé un trajet, mais on a fixé des points où il fallait qu’on aille. Le trajet nous a menés jusqu’ici et peu importe comment on y a été, on s’est rendu. »

Les deux vainqueurs de la coupe Vanier en 2014 ont aussi partagé une autre belle expérience ensemble en participant au combine régional de la NFL, à Baltimore, le 27 février dernier. Ils avaient également pris part au Défi Est-Ouest en mai dernier qui regroupe les meilleurs espoirs professionnels du circuit universitaire canadien.

Nicholas Narbonne BourqueZepeda, généralement un demi-défensif, et Narbonne Bourque, un centre-arrière, admettent qu’ils n’auraient jamais pensé cela possible au début de leur carrière de joueur de football.

« Si à la Polyvalente, il y a 8 ans, on s’était dit qu’en 2016, nous participerions à un camp de la LCF et même de la NFL, on aurait bien ri », a convenu Zepeda avant de recevoir un regard d’approbation de son ami.

« Dans notre équipe secondaire, il y avait des joueurs qui étaient beaucoup plus talentueux et vraiment plus athlétiques que nous. Mais on est des personnes qui ont persévéré et qui n’ont jamais arrêté », a raconté le coloré joueur défensif des Bleus.

« Il y a plein de gars qui étaient super bons et qui ont arrêté, mais nous on n’a jamais fait ça. On s’est rendu dans les Carabins ensemble et on est les deux seuls gars qui sont encore debout de notre groupe (au secondaire) », a ajouté celui qui a réussi le meilleur sprint de 40 verges (4,57) parmi les 45 participants au camp de Montréal.

Après leur séjour à la polyvalente, ceux dont les chemins au football allaient se recroiser à l’Université de Montréal se sont séparés pour leurs études au cégep. Zepeda a pris la direction du Cégep Vanier pour jouer avec les Cheetahs alors que le costaud Narbonne Bourque a livré d’épiques duels à son ami puisqu’il portait l’uniforme des Spartiates du Cégep du Vieux Montréal.

Mais après trois années au niveau collégial, il était temps pour les deux joueurs de redevenir coéquipiers avec les Bleus.

« Nick et moi, c’est plus que de l’amitié. On a un lien qui nous garde ensemble », a souligné Zepeda.

« On a toujours eu quelque chose que d’autres n’ont pas. On a la peau épaisse et une bonne tête sur les épaules. Quand c’est le temps d’attacher son casque, "coco cogne cogne" », a lancé Zepeda alors que les deux hommes s’échangeaient un regard qui démontrait une complicité par rapport à cette expression qui ne semble pas dater d'hier.

Les deux joueurs de l’UdeM ont vécu les dernières semaines ensemble. Zepeda sera cependant le seul à représenter les Carabins cette fin de semaine dans la Ville Reine. Il est toutefois très fier de ce que son ami a accompli même si les dépisteurs n’ont pas cru bon de l’inviter au camp national.

« J’aimerais ça qu’il vienne avec moi. À la fin de la journée, ce sont les équipes qui décident. Nous étions 45 aujourd’hui (mercredi) et c’est 4 sur 45 qui sont invités. [...] Je trouve que Narbonne a fait de bonnes choses. Je l’ai regardé jouer et il a dominé », a évalué objectivement celui qui a été sur la première équipe d’étoiles universitaires au pays l’an dernier.

Pour Narbonne Bourque, le rêve de jouer dans la LCF est loin de s’arrêter avec cette petite embûche. La position de centre-arrière étant maintenant souvent occupée par un joueur canadien, ses chances de percer dans la LCF sont encore bien présentes. Plusieurs dépisteurs épiaient chacun de ses moindres faits et gestes mercredi et ses résultats aux différents tests physiques étaient très convenables.

« Honnêtement, je me sens bien. Je pense que j’ai bien fait, même peut-être mieux que ce que j’avais à faire. Le choix, ce n’est pas moi qui l’ai fait et en bout de la ligne... j’ai des devoirs à faire! », a hurlé Narbonne Bourque comme s’il venait de s’en souvenir.

Avec sa mère qui subit présentement des traitements pour un cancer de la gorge et son entraînement physique pour les camps d’évaluation, on ne peut pas en vouloir à Narbonne Bourque d'avoir mis ses études un peu de côté pour s’occuper de sa mère et de sa préparation.

Nicholas Narbonne Bourque et Gabriel CousineauL’étudiant-athlète réussit à trouver du positif dans son exclusion du camp national puisqu’il pourra rattraper le temps perdu dans ses cinq cours de son programme de communication politique.

« Je vais aller faire mes devoirs parce que ça brasse mon affaire avec cinq cours. Ç’a bien été mes performances ici (Montréal) et à Baltimore. Pour moi, la décision finale (de ne pas être invité à Toronto) m’importe peu dans tout ça », a commenté celui qui est un exemple de dévouement et de sérénité.

Pendant que Narbonne Bourque aura le nez dans ses livres, Zepeda continuera de tenter de confondre les sceptiques à Toronto durant la fin de semaine.

Le 10 mai prochain, les deux amis de longue date regarderont le repêchage de la LCF ensemble avec le vœu que des équipes jettent leur dévolu sur eux. Il s’agirait d’un signe de plus qu’ils sont encore les deux derniers à se tenir debout dans leur groupe de la Polyvalente Deux-Montagnes.