Ezechiel Tieide prend le football et son rôle de « grand frère » à coeur
MONTRÉAL – En 2022, lors d'une visite marquante à l'école Dalbé-Viau, l'entraîneur Dominique Ménard nous racontait la fois qu'Ezechiel Tieide ne pouvait pas quitter sa maison, un jour de match, car il devait garder ses petits frères et sa petite sœur. Le directeur d'école s'était finalement occupé des enfants pour qu'il puisse jouer sa partie.
On se retrouve en mars 2024, pour la semaine du Combine de la LCF à Winnipeg et Tieide se classe parmi les bons espoirs québécois en vue du repêchage du 30 avril.
Lorsque les équipes voudront apprendre à le connaître, ce rôle de grand frère – presque de père parfois – qu'il a toujours pris à cœur, lui sera bénéfique.
« Dès un jeune âge, ma mère a inculqué l'importance de la famille. Je demandais toujours à ma mère d'avoir des petits frères et c'est finalement arrivé alors je ressentais une obligation de leur montrer comment faire. En même temps, ça m'a procuré de la discipline et un sens des responsabilités car il y a toujours quelqu'un qui me regarde. Je ne peux pas faire n'importe quoi », a raconté l'athlète de six pieds deux pouces et 207 livres.
« C'est devenu aussi vrai au football. J'étais quart-arrière et tu ne peux pas faire n'importe quoi, les yeux sont toujours rivés sur toi. Bref, ma famille et le football, ça s'est bien marié ensemble comme une union parfaite », a comparé celui qui évolue désormais comme receveur.
Sans que ce soit gage de réussite au niveau professionnel, les équipes vont découvrir sa maturité en entrevue.
« Le football, ça te procure de la maturité. On ne se rappelle pas du jeu précédent, tu dois te prouver chaque fois. C'est la même chose avec mes petits frères et ma petite sœur. Je veux que, chaque jour, ils aient la meilleure journée possible. S'ils ont besoin de quelque chose, je vais faire de mon mieux pour leur offrir », a-t-il confié au RDS.ca.
Avec la fierté d'un grand frère, Tieide est ravi que leur potentiel soit illimité.
« Mon frère de 16 ans est receveur, il vient de finir sa dernière année à Dalbé-Viau. Comme moi, il a fait la transition du soccer au football. C'est un athlète de haut niveau, j'ai hâte de voir où il se rendra. Le but serait de jouer, un jour, avec lui. J'ai juste hâte qu'il vienne me rejoindre », a souhaité celui qui s'implique déjà comme entraîneur auprès de plus jeunes.
En attendant ce moment, c'est à son tour de ne pas rater sa chance.
« Ma mère est vraiment fière. On travaille depuis la fin du primaire pour cet objectif et on est rendus à la porte. Elle m'a dit ‘Ne va pas cogner à la porte, fracasse la porte! », a-t-il noté alors que les tests démarrent jeudi.
Pardonnez notre utilisation du mot chance. Ce n'est pas le plus approprié considérant les efforts déployés par Tieide. Il remercie les entraîneurs qui lui ont permis de participer à des camps en sol américain durant son école secondaire. Ainsi, il a pu accepter une offre d'un prep school (St. Paul's School) le menant ensuite à Boston College et à l'Université Toledo.
Il demande « es-tu prêt » avant d'entamer le récit de ses nombreux changements de position aux États-Unis.
En arrivant à un camp de Boston College en tant que quart-arrière, il a rapidement déduit qu'il n'obtiendrait pas l'audition désirée et il a accepté de se faire valoir ailleurs sur le terrain.
« J'ai été demi de coin durant la première année. Ensuite, ils m'ont fait prendre du poids et je suis allé secondeur où j'ai découvert le côté physique. Avant, c'était tranquille, je n'avais pas à craquer ma tête sur un joueur de ligne offensive. Ça m'a donné du caractère. Le personnel d'entraîneurs a changé et je ne me voyais pas jouer professionnel comme secondeur donc je suis retourné quart-arrière, mais le nouvel entraîneur est arrivé avec ses joueurs et j'ai choisi de jouer receveur », a raconté l'homme de 24 ans.
Une fois qu'il a obtenu son diplôme en gestion des affaires, ce qui était son premier objectif, Tieide a cru bon se joindre à l'Université Toledo pour jouer davantage. Une fois de plus, il a dû se contenter d'un rôle limité.
« Après ça, c'était ma dernière année avant le repêchage. Je ne pouvais pas arriver comme ça. Je voulais montrer que je ne suis pas pourri au football. Je suis donc venu à Concordia avec l'entraîneur Brad Collinson qui m'avait déjà dirigé (avec Équipe Québec en 2015) », a poursuivi celui qui a mené son équipe avec 28 passes captées en 8 matchs pour 471 verges et 6 touchés.
S'il est heureux de son choix de revenir au Québec, Tieide aboutit au repêchage avec peu d'expérience comme receveur.
Quand on discute avec des recruteurs, ils confirment son manque de polissage au niveau technique, mais ils soulignent son côté « extrêmement athlétique ». Tieide s'avère donc un beau projet pour l'équipe de la LCF qui misera sur lui. Une sélection vers le milieu du repêchage semble logique.
Inévitablement, il aura du rattrapage à effectuer à son premier camp d'entraînement dans la LCF, mais sa motivation voyage de Winnipeg à Montréal via l'écran.
« Quand c'est le temps d'accomplir un jeu, j'y parviens. Même si c'est un bloc contre un adversaire ayant 100 livres de plus que moi. Je suis athlétique, j'écoute bien et je suis un bon coéquipier. Ma passion pour le football est contagieuse, je veux aider les autres à mieux faire », a-t-il répondu.
À moyen terme, le receveur ne voit qu'un plan de carrière.
« Que je vais dominer! Ça va prendre un peu de temps pour m'adapter, mais je ne crois pas qu'un autre joueur voudra plus réussir que moi », a conclu celui qui sera énergisé par le but de montrer à ses frères et sa sœur qu'on peut atteindre nos rêves.