Après des matchs un peu décevants la semaine dernière, ce fut tout le contraire cette semaine.

Les matchs ont été controversés, oui, mais oh combien excitants. Les deux se sont rendus en prolongation et on a été gâtés. Ils ont été à la hauteur de nos attentes.

Voici donc cinq observations au terme des finales d'association de dimanche, à deux semaines de la grande finale du Super Bowl qui opposera les Rams de Los Angeles aux Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Patriots-Chiefs
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1. Tom Brady est le meilleur de tous les temps

Je n’ai pas le choix, il faut l’admettre. J’avoue que j’espérais que les Chiefs de Kansas City gagnent, je leur avais prédit la victoire, mais encore une fois les Patriots de la Nouvelle-Angleterre m’ont fait mentir comme ils ont fait mentir plusieurs personnes. Note à moi-même : ne plus jamais miser contre les Patriots au mois de janvier.

ContentId(3.1305654):Patriots 37 - Chiefs 31 (Prolongation)
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Le quart-arrière Tom Brady a évidemment bien commencé la rencontre. On le sait, surtout sur la route, c’est important d’avoir un bon départ et c’est exactement ce qu’ils ont fait, un peu comme ils l’ont fait contre les Chargers. C’était même encore mieux. Sur la première possession de ballon qu’ils ont eue, la toute première du match, ils ont pris 8 minutes 05, 15 jeux et 7 premiers jeux pour franchir 80 verges et marquer un touché. Ce fut leur seule séquence du premier quart, mais elle a été très productive. C’est quand même impressionnant de voir Brady aller dans un début de match comme celui-là, il a calmé la foule du Arrowhead Stadium et il a gardé Patrick Mahomes sur le banc. Je suis convaincu que c’est cette séquence-là qui a fait en sorte que l’attaque des Chiefs a connu un début de match difficile. Ceci étant dit, le match a suivi son cours puis on est arrivé en prolongation, et c’est là qu’on a vu tout le brio de Brady encore une fois.

Il a eu le ballon pour commencer et il a été méthodique comme on le connaît avec un mélange de courses et de passes. Sur trois situations de troisième essai et 10, quelles cibles a-t-il choisi? Ses cibles préférées : Julian Edelman et Rob Gronkowski. Dans le cas de « Gronk », on pensait que c’était fini pour lui mais il a connu un gros match hier, probablement son meilleur de la saison. Quant à Edelman, c’est son receveur de prédilection dans les situations de troisième essai.

Ce qu’il faut apprécier de Brady, ce n’est pas juste le fait qu’il est capable de compléter ses passes, c’est sa manière de se déplacer dans sa pochette, comment il réussit à placer le ballon. Sur plusieurs passes hier, on s’est dit : « Comment il a fait ça! » Il réussit à placer le ballon de façon à ce que seul son receveur puisse le capter. Alors que son receveur est en pleine course, à pleine vitesse, il met ça exactement au bon endroit. C’est vraiment spectaculaire.

Il n’y a plus grand-chose à dire sur Tom Brady à part qu’il est légendaire et qu’il est le meilleur de tous les temps. L’ensemble des amateurs de football vont seulement l’apprécier à sa juste valeur une fois que ce sera terminé pour lui dans cette dynastie des Patriots.

2. Avec Patrick Mahomes, la relève est en santé

On ne peut tout de même pas passer sous silence la performance de Patrick Mahomes.

Le rendez-vous des Pats, la déception des Chiefs

Ç’a été un mauvais début de match pour les Chiefs. Sur les trois premières possessions, on a vu trois bottés de dégagement. Ils ont même été blanchis en première demie, ce qui est absolument incroyable considérant que ç’a été la meilleure attaque de la ligue en saison régulière.

On se demandait si ça allait commencer à glisser, parce que c’est un jeune quart, mais au contraire. À sa première séquence en deuxième demie, on a parcouru 74 verges en quatre jeux pour le touché et la machine s’est mise en marche. Quand on avait besoin de belles séquences, il a été capable d’en produire. L’équipe a inscrit 31 points en deuxième demie et c’est grâce à Mahomes. Il a une fois de plus semblé inébranlable. Il n’avait pas l’air choqué ou distrait par la première demie qu’il venait de vivre et par le fait que c’est la finale d’association, contre Tom Brady. Il n’a pas du tout été intimidé par le moment présent et il a sorti une deuxième demie du tonnerre. Malgré le fait qu’il n’avait presque rien accompli en première, il a fini le match avec près de 300 verges (295 pour être exact) et trois touchés.

Cette attaque des Chiefs nous a encore une fois impressionnés avec Damien Williams et le jeu au sol, mais malheureusement pour eux, les Patriots avaient un plan pour freiner Tyreek Hill, qui a réalisé seulement une réception dans le match pour 42 verges. Pour moi, ce qui a fait la différence au niveau de l’attaque des Chiefs, ç’a été le temps qu’on a pris pour s’ajuster au fait que Hill ne pouvait faire partie de l’équation pour connaître du succès.

Je veux quand même lever mon chapeau à Patrick Mahomes avec la saison qu’il a connue. L’avenir est assez reluisant du côté des Chiefs de Kansas City.

Rams-Saints
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3. La ligne défensive des Rams, la clé de la victoire

Pour moi, la clé de ce match, c’est quand la ligne défensive des Rams a pris le contrôle du match. En début de rencontre, les Saints faisaient ce qu’ils voulaient. À leurs trois premières séquences du premier quart, ils se sont rendus dans la zone payante, mais ont été limités à deux placements et un touché. Quand on connaît l’issue de la rencontre, on peut s’imaginer que ç’a joué quand même un rôle important. On a tenu le fort, on a plié très tôt dans le match, mais on n’a pas cassé. On a pu limiter les dégâts et ne pas laisser les Saints se sauver avec la victoire, on a gardé ça serré.

C’est plus tard dans la partie que les Rams ont commencé à prendre contrôle de la rencontre, à déranger Drew Brees en faisant en sorte qu’il se sente moins à l’aise dans sa pochette. C’est ça la clé, que ce soit contre Brees, Brady ou tout autre bon quart-arrière, il faut les déranger parce que s’ils ont du temps pour voir ce qui se passe devant eux sans être gênés, ils vont te tailler en pièces. C’est ce qu’il fallait faire contre Brees, qui a connu une saison exceptionnelle, et c’est exactement ce qu’on a fait. Ndamukong Suh et Aaron Donald ont tour à tour réalisé de gros jeux, et à la fin du match, en prolongation, c’est Dante Fowler, qu’on a acquis pendant la saison, qui est venu appliquer de la pression sur Brees. On l’a forcé à faire une passe imprécise et on a provoqué une interception qui a mené au placement victorieux.

4. Des botteurs exceptionnels sous pression

ContentId(3.1305607):Rams 26 - Saints 23 (Prolongation)
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Les botteurs ont été malmenés cette année dans la NFL, mais en fin de semaine, ils ont été parfaits sur les placements dans les deux matchs. C’est quand même le fun de voir ça après avoir vu Cody Parkey frapper le poteau pour éliminer son équipe, les Bears de Chicago.

Après une saison désastreuse pour la majorité des botteurs de la NFL, on a vu des performances extraordinaires hier. Non seulement il n’y a eu aucun placement raté, mais dans le match des Rams, Greg Zuerlein a réussi un placement de 48 verges en fin de match pour égaler le pointage puis un de 57 verges en prolongation pour donner la victoire aux siens. Ce dernier a été tellement parfait qu’il aurait pu le faire sur 70 verges. C’était incroyable ce qu’il a fait, en pleine confiance, avec beaucoup d’aplomb. Ç’a été une performance exceptionnelle de Zuerlein en fin de rencontre avec toute la pression et le stress que cela comporte dans une situation où chaque chose, chaque geste est amplifié.

5. L’arbitrage douteux

C’est tellement dommage parce qu’on a eu deux matchs exceptionnels, mais l’arbitrage a énormément fait jaser et je ne peux pas passer à côté des décisions qui ont été douteuses tout au long de la journée avec des reprises vidéo sans arrêt. Ç’a ajouté au drame, et ç’a peut-être été bon pour le spectacle, mais tu ne veux pas que ça prenne le contrôle du match et c’est ce qui s’est notamment passé dans le match des Patriots avec une pénalité fantôme de rudesse sur le quart alors que Chris Jones ne touche même pas la tête de Brady. Ça donne quand même un premier jeu immense dans la rencontre.  

Mais la pénalité qui retient le plus l’attention, c’est celle qui n’a pas été décernée à Nickell Robey-Coleman des Rams face à Tommylee Lewis des Saints. Tout le monde a vu cette séquence, ça a fait le tour de la planète. C’est de l’incompétence humaine. Une erreur d’un officiel, dans un moment trop gros. Alors que des Mahomes et des Zuerlain ont montré du sang-froid, lui a été dépassé par les évènements. Il a tellement eu peur de lancer son mouchoir qu’il l’a gardé dans ses poches, ce qui a complètement changé l’issue de la rencontre.

Comme on le sait, dans la NFL, on ne peut pas demander de révision pour une obstruction de passe. Dans la Ligue canadienne de football, ç’a changé il y a quelques années quand justement en éliminatoires, dans un match entre les Alouettes de Montréal et les Tiger-Cats de Hamilton, il y a eu une obstruction de passe évidente sur Duron Carter. On n’avait pas pu aller à la reprise vidéo, ce qui avait changé l’issue de la rencontre. C’est à la suite de cela qu’on a changé le règlement et j’imagine que c’est ce qui va se produire dans la NFL.

Avec l’ampleur de ce qui s’est produit hier et ce que ç’a donné comme résultat, soit l’élimination des Saints et la participation des Rams au Super Bowl, à cause d’une décision, la NFL devra réagir durant la saison-morte. Je suis convaincu qu’on va se pencher sur ce qui s’est fait dans la LCF parce qu’on a beaucoup de partenariat dans l’arbitrage entre les deux ligues. Il y a des discussions chaque année, des officiels qui vont faire un tour l’autre ligue et des échanges d’informations. Je suis convaincu qu’on va beaucoup étudier ce qui s’est fait au Canada pour instaurer un système de reprise vidéo sur l’obstruction de passe et ne plus revivre ce genre de situation à l’avenir.

La fameuse prolongation

ContentId(3.1305599):Pas de pénalité? Ben voyons donc!
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Un petit mot sur la procédure en prolongation.

Quand on se retrouve en prolongation, les chances de succès sont environ 50-50 si tu commences en attaque. Ce qui est plate, c’est des situations comme celle de dimanche où l’autre équipe n’a jamais la chance de toucher au ballon. Le règlement est fait de cette façon, et ce n’est pas un règlement que j’aime.

J’aime beaucoup la formule qu’on voit dans la Ligue canadienne et au niveau universitaire où on prend le ballon à la ligne de 35 et on s’échange les possessions. Tout le monde a sa chance. Tu veux voir celui qui a le potentiel d’être nommé joueur par excellence de la ligue, un des joueurs les plus influents, avoir la chance de toucher au ballon.

C’est arrivé au cours des dernières années que l’attaque adverse ne puisse répliquer. C’est arrivé au détriment des Falcons d’Atlanta en 2017 quand les Pats ont gagné le Super Bowl.

C’est vrai que ça semble injuste. Pour le spectacle et l’appréciation des partisans, ce serait juste logique de donner la chance aux deux quarts-arrières de toucher au ballon au moins une fois chacun.

* Propos recueillis par le RDS.ca