Avant de faire le courageux saut au nord de la frontière pour diriger les Alouettes de Montréal, le dernier boulot de Marc Trestman dans la NFL a été d’œuvrer en tant que consultant pour l’entraîneur Sean Payton des Saints de La Nouvelle-Orléans.

Cette semaine, les deux amis n’échangeront pas de conseils alors qu’ils se retrouveront l’un contre l’autre puisque Trestman accueillera Payton, et ses Saints (4-0), sur le terrain de ses Bears (3-1), au Soldier Field.

Le RDS.ca sera à Chicago dès jeudi pour vous faire vivre ce duel de l’intérieur avec plusieurs entrevues et le match sera présenté à RDS2.

Grâce à un brillant parcours avec les Alouettes, les Bears n’ont pas hésité à embaucher cet érudit du football âgé de 57 ans. Payton, qui est très heureux de revoir cette vieille connaissance dans la famille de la NFL, félicite les Bears pour leur audace.

« Ce n’est pas le chemin habituel, mais je ne sais pas s’il en existe un conventionnel en fait. Il y a des parcours plus fréquents qui séduisent plusieurs propriétaires, mais je dois donner le crédit aux Bears pour avoir passé par-dessus ce qui est plutôt la norme afin de trouver le candidat qui leur convenait le plus », a jugé Payton dans le cadre d’une entrevue exclusive au RDS.ca.

« Dans notre domaine, ce n’est pas la conférence de presse de ta nomination qui importe, mais plutôt le travail que tu accomplis deux ou trois saisons après celle-ci et qui satisfait ton patron », a-t-il ajouté pour mettre en lumière le fait que les Bears n’ont pas cédé à la tentation d’engager un entraîneur de renom seulement pour l’impact de l’annonce.

La relation entre les deux gourous offensifs a débuté en 1997 alors que Payton a fait ses débuts dans la NFL comme entraîneur des quarts avec les Eagles de Philadelphie. Le gagnant du Super Bowl de la saison 2009 n’a donc pas tardé à le contacter quand il a été choisi pour succéder à Lovie Smith.

« Je lui ai bien sûr parlé peu de temps après son embauche. On a même échangé quelques notes en discutant au téléphone, nous sommes de bons amis dans cette profession. Il m’a accordé beaucoup de support au fil des ans et le sentiment est réciproque », a confié Payton avec reconnaissance.

« Je suis content de voir qu’il ait obtenu sa chance et que ça fonctionne aussi bien dès le départ. »

C’est durant la saison 2007 que les deux comparses ont travaillé étroitement pour maximiser le potentiel de l’offensive menée par l’illustre quart Drew Brees. Les résultats ont été probants alors que les Saints ont cumulé le cinquième plus haut total de points dans l’Association Nationale.

« Je me souviens qu’il était très excité à l’idée de s’impliquer comme consultant avec nous. Il a regardé beaucoup de vidéos, il était à nos entraînements et il nous a donné beaucoup d’informations très précieuses grâce à sa riche expérience avec d’excellents athlètes et entraîneurs. C’était un plus pour notre organisation parce que nous avions une autre paire de yeux pour analyser notre attaque. Ensuite, il a eu sa chance d’aller diriger au Canada et il a écrit la suite de son histoire », s’est rappelé Payton à propos de Trestman qui est un auteur dans ses temps libres.

Plus audacieux que l’on pense

À travers ses cinq saisons à la barre des Alouettes et ses deux conquêtes de la Coupe Grey, Trestman est apparu sous un jour assez prudent dans son style offensif. Même s’il est un apôtre du jeu aérien, il osait rarement des décisions très risquées.

Cette approche peut sembler diverger de celle de Payton qui est reconnu pour son agressivité aux commandes de son attaque dévastatrice. Cependant, l’entraîneur des Saints considère que Trestman est plus audacieux qu’on peut l’imaginer.

Marc Trestman« Je crois que cette perception est plutôt liée à sa personnalité qu’à son approche sur le terrain. En fait, il est vraiment prêt à prendre des risques en tant qu’entraîneur quand il choisit les jeux », a rétorqué Payton au sujet de Trestman qui a notamment dirigé Steve Young et Rich Gannon.

« Sans le connaître, on pourrait penser qu’il est plus prudent en raison de ce qu’il dégage. Ceci dit, c’est évident qu’il étudie en détails les aspects d’une décision ou d’une confrontation et il finira par dire que ses décisions ne sont pas si risquées, mais plutôt calculées », a précisé le sympathique entraîneur.

Payton, qui dirige les Saints depuis 2006, utilise d’ailleurs le début de saison des Bears pour illustrer son point de vue.

« Il est très intelligent par rapport à l’attaque aérienne, mais aussi pour son instinct du football, et on a déjà pu voir que les Bears ont été passablement agressifs dans certaines situations. »

Puisqu’il connaît si bien Trestman, l’énergique meneur d’hommes est bien placé pour tenter d’expliquer la longue attente qui s’est avérée nécessaire pour hériter d’un poste d’entraîneur-chef dans la NFL. Certaines informations ont laissé croire que l’attitude de Trestman n’était pas à la hauteur avant son parcours en sol canadien.

« Je n’ai jamais entendu ces commentaires et ça me surprendrait que ce soit le cas. J’ai plus l’impression que certains entraîneurs obtiennent leur chance très rapidement alors que d’autres doivent attendre pour une combinaison de facteurs », a-t-il exprimé.

« Ce circuit a vu plusieurs entraîneurs exceller même s’ils étaient jeunes ou vieux et ils ont aussi été nombreux à éprouver des ennuis peu importe leur bagage d’expérience. »

Même si le football se joue dans différents pays, ce milieu demeure un petit monde dans lequel beaucoup d’acteurs se connaissent. Il n’est donc pas si rare d’affronter un grand ami, mais un élément demeure toujours spécial.

« Je pense que Marc dirait la même chose, mais ce sera seulement spécial si on obtient la victoire! », a lancé Payton avec le sourire dans la voix.

« Pour l’instant, on se prépare pour le match et on pourra reparler de ce souvenir avec beaucoup de plaisir dans quelques années », a-t-il conclu.