MONTRÉAL – Le garde Laurent Duvernay-Tardif avait été décrit comme un projet par ses patrons des Chiefs de Kansas City lorsque l’équipe l’a sélectionné en sixième ronde du repêchage de 2014.

Près de trois ans plus tard, le Québécois a maintenant un rôle clé sur la ligne à l’attaque des champions de la division Ouest de l’Association américaine. L’organisation qui l’a développé a même montré à quel point elle tenait à lui lorsqu’elle lui a offert un contrat de cinq ans d’une valeur de 41,25 millions $US.

Avec ce contrat, seulement trois gardes de la NFL touchent plus d’argent que Duvernay-Tardif en ce moment.

« Les Chiefs ont vu qu’il a le potentiel pour être au Pro Bowl année après année, a indiqué l’agent de LDT, Sasha Ghavami. Cette année, à part peut-être un match, les gens peuvent dire qu’il était de calibre pour participer au Pro Bowl. Il est maintenant sur la mappe. »

« Je suis arrivé [dans la NFL] avec un niveau de football qui était loin de celui de mes coéquipiers. J’ai eu une année pour apprendre. En 2016, on peut dire que mes 6 derniers matchs, je les ai joués à un très haut niveau de football. Je pense que c’est ce qui m’a valu ce contrat », expliquait le joueur de ligne offensive qui était parmi les meilleurs gardes de la NFL dans le dernier tiers de la saison selon le site spécialisé Pro Football Focus.

Avec cette entente, Duvernay-Tardif a réalisé que les Chiefs le voient dans l’élite du circuit Goodell à sa position.

« Il y a quelqu’un qui m’a dit récemment "Laurent tu es maintenant dans la même ligue que Sidney Crosby". Ça te frappe. Je ne dis pas que je suis dans la même ligue que lui, mais c’est vrai que tu atteins un niveau où peu de gens sont allés », a-t-il exposé lors d’une rencontre avec la presse tenue mardi à la boulangerie qui appartient à ses parents.

Il demeure toutefois conscient qu’il doit encore polir son jeu et qu’il n’a pas fini son apprentissage à la position de garde. Il faut rappeler que Duvernay-Tardif était majoritairement bloqueur au niveau universitaire et qu’il a commencé son parcours au football comme joueur de ligne défensive.

Bref, aux yeux de ses entraîneurs et des siens, le projet n’est pas encore rendu à terme.

« Je pense qu’au lieu d’aller sur un nuage et me couvrir de lauriers, j’aime mieux me dire qu’il y a beaucoup de travail à faire. On m’a donné une chance incroyable avec ma courbe d’ascension au cours des dernières années et je dois simplement m’assurer que ça ne plafonne pas », a mentionné celui qui a 30 matchs d’expérience en trois saisons dans la NFL.

« Le message, c’est que c’est loin d’être fini. Ça ne fait que commencer. Il y a beaucoup de football à jouer. C’est quelque chose que je dois me rappeler constamment. Le but à long terme est de m’établir comme un joueur dominant du circuit.

« Des fois, on entend que des gars qui signent de gros contrats ramollissent un peu dans leur jeu par la suite. Pour l’instant, pour moi, c’est tout le contraire. Je veux laisser ma marque et montrer à tout le monde que je mérite ce contrat », a-t-il enchaîné.

Plus que deux ans aux études en médecine

Duvernay-Tardif a dû prendre une petite pause de ses études en médecine pour faire le voyage à Kansas City en compagnie de son agent et sa copine pour aller signer son contrat.

Encore mardi, il était difficile pour lui d’avoir la tête à la médecine après avoir vécu des émotions aussi fortes avec sa nouvelle entente. Mais il a déjà repris sa routine normale où il passe la majorité de son temps à l’hôpital.

« Je vais définitivement continuer le but que je m’étais fixé quand j’ai été repêché dans la NFL qui était de fouler le terrain en étant médecin. Le but pour ça c’est 2018. Ça va me motiver à retourner à l’école demain matin [mercredi] et à recommencer l’apprentissage qui est aussi extrêmement passionnant », avait-il affirmé mardi, lui qui tente de se garder à jour même pendant la saison de football en lisant des ouvrages sur des sujets de ce domaine.

Le beau rêve de Laurent Duvernay-Tardif

La transition de ce côté n’a pas été de tout repos pour lui cette année étant donné que les Chiefs sont allés un peu plus loin en éliminatoires.

« Tu passes d’un moment où tous les réflecteurs sont sur toi sur un terrain de foot avec 80 000 partisans à l’hôpital où tu recommences au bas de l’échelle et que le patient est le centre d’attention. D’un autre côté, c’est ce qui fait que je suis groundé. C’est une belle leçon d’humilité de retourner au bas de l’échelle et d’avoir tout à apprendre », a convenu celui qui est toujours demeuré humble depuis le début de son aventure dans la NFL.

Le mot se passe maintenant quand il est en stage dans un centre hospitalier. Il est plus connu et aussi facilement reconnaissable à six pieds cinq pouces. Par contre, Duvernay-Tardif ne veut pas de traitement de faveur.

« J’essaie d’être le plus incognito possible pour être traité de la même manière que les autres. Je veux la même évaluation critique de mes patrons et de mes collègues », a souligné le futur docteur de l’Université McGill.

En plus des études, Duvernay-Tardif participe à plusieurs projets pendant son entre-saison de la NFL. Il organise d’ailleurs une conférence à Montréal qui se nomme « Le football sous tous ses angles ». L’évènement se tiendra le 13 avril et la liste des invités comprend Matthieu Proulx, Sasha Ghavami, Danny Maciocia, Jean-Christophe Beaulieu, Jean-Marc Edmé et lui-même.