Matthew Bergeron a été très bien accueilli chez les Falcons
MONTRÉAL - Quand sa très prometteuse saison recrue s'est terminée, Matthew Bergeron s'est empressé de revenir au Québec car il ne voulait pas manquer des matchs de basketball de sa sœur.
Parce que, partout où il passe, Bergeron aime l'esprit de famille et se sentir à la maison. Nul doute, ce colosse n'est pas seulement gentil et généreux de son temps quand une quinzaine d'autobus de partisans se déplacent le voir jouer dans la région de New York. Il fallait le voir distribuer les poignées de mains – les siennes sont énormes comme des pattes d'ours – avec grand plaisir lors de son passage à RDS cette semaine.
Bergeron était heureux de venir parler de sa nouvelle famille, les Falcons, et sa nouvelle maison, la ville d'Atlanta. Le Québécois a été accueilli à bras ouverts par cette organisation qui recherchait plus de stabilité sur la ligne offensive.
Il a comblé ce souhait avec brio, disputant tous les jeux offensifs de la saison, sauf un!
« L'histoire est drôle : quelqu'un m'a pilé sur le pied et j'ai perdu mon soulier, j'ai dû courir vers les lignes de côté pour le remettre », a rigolé Bergeron qui n'a pas tardé à devenir un pilier de cette unité.
C'est encore plus remarquable quand on se rappelle que les Falcons lui ont témoigné une immense confiance en le déplaçant de sa position naturelle de bloqueur à gauche à celle de garde à gauche dès sa saison recrue.
« Du premier match comparativement au dernier, je suis un joueur complètement différent. À chaque match, je me suis amélioré », s'est réjoui le 38e choix du repêchage 2023 qui adore surmonter des défis.
Sa plus grande fierté réside d'ailleurs dans le fait d'avoir conservé son poste de partant du début à la fin de la saison.
« Parfois, pour les recrues, c'est comme un manège, avec des hauts et des bas, mais d'avoir démontré une amélioration constante, c'est la chose dont je suis le plus fier. C'est sûr que je suis un compétiteur et ça m'arrive de me dire ‘Oh, j'aimerais reprendre ce jeu'. Mais quand je regarde ce que j'ai accompli, je trouve ça quand même impressionnant », a confié Bergeron sans un soupçon d'arrogance.
Il se permet de le dire puisqu'il reconnaît qu'une saison recrue dans la NFL impose beaucoup de stress et d'anxiété « même si l'année a passé en un clin d'œil ».
Bergeron n'a pas été parfait et même les grands noms de sa profession commettent des erreurs. Selon les statistiques de PFF, il a alloué six sacs et son rendement global le classe parmi les meilleurs gardes recrues.
« Oui, ça pique au cœur, quand tu alloues un sac, mais il faut que tu oublies! Si tu laisses un jeu affecter la suite, les gars sont juste trop bons dans la NFL, ils vont entrer dans ta tête », a admis celui qui fêtera son 24e anniversaire le 26 février.
Bergeron tient à remercier Chris Lindstrom et Jake Matthews, deux vétérans qui ont été d'une précieuse aide. Présentement, il profite de véritables vacances à la maison familiale de Victoriaville – où il ne manque jamais de fromage en grains Victoria – mais il est convaincu de pouvoir peaufiner certains détails de son arsenal en 2024.
Un certain Bill Belichick
S'il y a bien un milieu où aucune garantie n'existe, c'est dans la NFL. Bergeron le savait et il l'a constaté quand l'entraîneur Arthur Smith a été congédié. Ainsi, le numéro 65 devra convaincre un nouveau patron en 2024.
« Coach Smith a vraiment cru en moi, j'étais un peu attristé de le voir partir. Mais je vois quand même du positif dans le sens que les joueurs de ligne offensive sont déjà établis chez les Falcons donc je vais avoir les mêmes partenaires », a cerné Bergeron.
Les Falcons ont déjà procédé à une panoplie d'entrevues pour le poste d'entraîneur-chef dont avec Jim Harbaugh, mais les rumeurs évoquent sans cesse le nom de Bill Belichick.
« Ma mère me tient au courant de ce qui se passe via les réseaux sociaux. C'est l'un des meilleurs entraîneurs de tous les temps. Comme joueur, tu ne voudrais pas passer à côté de la chance d'apprendre ses connaissances », a commenté Bergeron qui essaie de s'éloigner des réseaux sociaux, surtout après une défaite.
La déception de rater les éliminatoires
Avec une fiche de 1-4 dans le dernier droit de la saison, les Falcons ont échappé le titre de division et surtout la présence en éliminatoires.
« C'était vraiment difficile d'accepter ça. On a perdu des matchs qu'on devait gagner comme celui face aux Panthers, c'était un revers crève-cœur. Mais on va se retrousser les manches avec un nouvel entraîneur et on va voir ce qui va se passer », a émis Bergeron qui a senti le stress monter en décembre.
Bergeron essaie donc de regarder les éliminatoires avec « un œil de partisan » même s'il ne peut guère s'empêcher d'épier des joueurs de ligne offensive comme Trent Williams (49ers) et Trey Smith (Chiefs).
Il a eu le cœur brisé pour son ami des Bills, Kingsley Jonathan, et il se promettait même d'aller au Super Bowl si la troupe de Josh Allen avait pu stopper la malédiction de Buffalo. Bergeron se range donc vers un autre ami, et ancien camarade à Syracuse Ifeatu Melifonwu, des Lions de Detroit, alors qu'il lui prédit un match de championnat contre les Ravens.
Une vague d'amour qui épate ses coéquipiers
De l'appui, Bergeron en a senti énormément cette saison. Le match du 3 décembre, au domicile des Jets, restera très spécial à ses yeux alors qu'une imposante délégation québécoise s'était déplacée.
« Ça vient me toucher très fort au cœur! Mes partenaires de ligne me disent que c'est incroyable. Je suis vraiment choyé, peu d'athlètes aux États-Unis ont le même support que moi. Ce sont ces choses qui font une différence pour moi », a rappelé Bergeron qui était ému d'entendre les « Matthew! Matthew! » en sortant du vestiaire.
L'ancien des Filons du Cégep de Thetford et des Vicas de Victoriaville n'oubliera pas non plus le duel contre son compatriote Benjamin St-Juste, le 15 octobre, des Commanders de Washington.
« En plus, Ben a réussi l'interception pour confirmer la victoire de son équipe, j'étais content pour lui. Je pense que ça donne une inspiration pour les jeunes du Québec de voir que c'est possible d'atteindre la NFL », a-t-il soutenu.
Au fil des ans, Bergeron verra plus souvent des partisans porter des maillots avec le numéro 65 et pas uniquement des Québécois. Il continuera de s'assurer de leur envoyer la main pour les saluer et il se sentira encore plus à l'aise dans la famille de la NFL.
En attendant, il s'accordera un répit en allant assister au match du Canadien face aux Islanders, jeudi soir, alors que Patrick Roy reviendra, lui aussi, à la maison.