Quelque 500 anciens joueurs de football professionnel ont déposé une poursuite contre la NFL mardi dernier. Ils accusent la ligue d'encourager une culture dans laquelle les médecins d'équipes leur fournissent régulièrement des médicaments pour aider à accélérer leur retour au jeu suivant une blessure. La poursuite allègue également que des produits analgésiques ont été administrés aux joueurs sans ordonnance et sans les avertir des nombreux effets secondaires potentiels. Par conséquent, ces anciens joueurs ont subi des dommages qu’ils qualifient d’inutiles au cours de leur carrière professionnelle et souffrent maintenant d'un large éventail de problèmes de santé.

Tant l'équipe que l'athlète ont le désir de performer. Cela dit, les médecins et les entraîneursd'équipes jouent un rôle important dans la concrétisation de ce désir en souscrivant à la philosophie de gagner et d'honorer le choix des athlètes qui souhaitent retourner au jeu aussitôt que possible. Le plus grand défi demeure toutefois de concilier ce désir à la responsabilité de la ligue de promouvoir la santé chez ses joueurs tout en prévenant les blessures et les rechutes.

La question fondamentaleest de savoir si les joueurs de la NFL ont été raisonnablement informés sur les médicaments qui leur ont été administrés. Au surplus, il importe de savoir s'ils se sont sentis forcés de consentir à des traitements en raison de la nature du jeu et de la culture qui l'entoure. Essentiellement, ce qui est reproché à la NFL est qu’elle aurait fourni aux joueurs des médicaments analgésiques pour assurer leur performance et ce faisant, la ligue aurait accordé plus d’importance à ses profits qu’à leur santé.  Le principal argument des joueurs est que la ligue a le devoir de les informer sur les risques associés à la prise de médicaments remis sans ordonnance et ainsi de les protéger contre les dangers qui s’y rattachent. Cette poursuite soulève notamment que la NFL a été manifestement indifférente face à la santé de ses joueurs. Fondamentalement, les joueurs prétendent que la NFL connaissait ou plutôt qu’elle aurait dû connaître les conséquences néfastes reliées à la prise de produits analgésiques aussi puissants.Il importe de comprendre que cette poursuite-ci est ultimement fondée sur l’omission délibérée de la NFL d’avertir ses joueurs sur la teneur de leurs blessures, mais aussi sur les effets nuisibles reliés la prise de produits analgésiques. En effet, certaines de ces blessures nécessitaient des chirurgies opératoires ou un suivi médical plus rigoureux. Or, selon cette requête, certains joueurs n’ont jamais été informés d’avoir subi des fractures. Plutôt, la ligue les contraignait à consommer des médicaments pour les soulager, et ce, en restant silencieuse sur l’état de leurs blessures. En fait, ce que les demandeurs allèguent est que leurs dommages auraient pu être évités si la NFL leur avait fourni des renseignements avérés et aurait pris les mesures préventives appropriées.

Bien que les dommages subis par les joueurs soient bien tangibles, il n’en demeure pas moins que pour établir la responsabilité de la NFL, il faudra démontrer une faute de sa part. Toutefois, relier le dommage subi au comportement reproché n'est pas en soi suffisant, car il doit exister une causalité entre la faute et le dommage.  La NFL pourrait invoquer que les dommages subis par les joueurs peuvent être associés à des blessures antérieures à leur entrée dans la NFL ou à la prise d'autres médicaments à l'extérieur de leurs fonctions de travail. La ligue pourrait également miser sur le fait qu’il n’y a aucune certitude scientifique quant à l’existence d’un lien entre la prise de produits analgésiques et leurs problèmes de santé actuels. Certes, établir une faute de la part de la NFL peut être difficile à démontrer. Bien entendu, la NFL est tenue à une obligation de surveillance en ce qu'elle doit s'assurer qu’un suivi médical adéquat soit effectué lorsqu’une blessure survient chez l’un de ses joueurs. De plus, la NFL a une obligation de sécurité envers ses joueurs qui est intimement liée à son obligation de les instruire sur les dangers inhérents associés aux soins prodigués.  Dans la mesure où elle démontre qu’elle a honoré ses obligations et qu’elle n’a jamais caché ces informations, la NFL pourra dégager sa responsabilité.

Curieusement, cette poursuite survient quelques mois suivant l’entente conclue entre la NFL et plus de 4500 anciens joueurs quant au dossier sur les commotions cérébrales, laquelle entente a été rejetée par la juge Brody en janvier dernier.Bien entendu, une telle situation soulève un important débat sur la responsabilité d'une organisation sportive quant aux problèmes de santé de ses joueurs et laisse place à de potentielles poursuites contre elle.  Quoi qu’il en soit, le problème est que trop souvent ces athlètes retournent au jeu prématurément ou sans avoir obtenu une récupération adéquate.  Le retour au jeu d’un athlète suivant une blessure implique généralement plusieurs parties tel que l'entraîneur, l’équipe, l’organisation, le personnel médical et ce faisant, elles peuvent toutes engager leur responsabilité.