Le quart-arrière Nathan Brisebois a été recruté par une école du Tennessee
MONTRÉAL – Jeudi soir dernier, au Tennessee, dans la petite municipalité de Bell Buckle, à 18 heures de route du Québec, le quart-arrière québécois Nathan Brisebois a mené l'équipe de sa nouvelle école à un triomphe de 37-7.
Au-delà de ses statistiques impressionnantes (quatre passes de touché et plus de 100 verges par la course), cette belle et atypique histoire aurait été impossible il y a quelques années. Mais le portrait et la réputation du football québécois ont changé.
Très jeune, Brisebois a été attiré par la voie des institutions américaines.
« Avec mon père, on a toujours regardé des vidéos de la NCAA et de la NFL. Ça m'impressionne de voir les gros stades remplis et les joueurs. J'ai tout de suite eu un coup de cœur pour ce sport », a expliqué Brisebois, plus tôt cet été.
Le quart gaucher de six pieds un pouce et 195 livres a donc pris les grands moyens pour vivre cette expérience à son tour. Son entourage a contacté une multitude d'écoles américaines pour tâter le terrain et les démarches ont été fructueuses. Brisebois et Jaycob Sauvageau, son ami et coéquipier au Séminaire Saint-Joseph, ont choisi de poursuivre leur parcours à l'école préparatoire The Webb School, au sud de Nashville.
« Dès que j'ai eu ma première entrevue avec eux, ç'a tout de suite cliqué. C'est venu créer un petit coup de cœur tout de suite et, quand je suis allé les visiter, ils m'ont accueilli comme un roi », a raconté Brisebois qui est originaire de Bécancour.
Les partisans à The Webb SchoolPar contre, ce que Brisebois n'aurait jamais pu deviner est la réaction des étudiants de l'école pour son premier match. Ils sont arrivés au terrain en affichant son numéro 5 afin de leur démontrer leur support.
Le contexte était d'autant plus intéressant pour Brisebois car le poste de quart numéro un lui était destiné. Même s'il n'a pas participé à son recrutement, le nouvel entraîneur de l'équipe, Evan Gay, est emballé par son arrivée.
« La première chose que j'ai faite, je suis allé sur Hudl pour voir certains de ses matchs en sol canadien dans le but de l'évaluer », a admis Gay qui découvre, de jour en jour, l'étendue de son talent.
« Il se débrouille très bien et ses coéquipiers sont heureux de le côtoyer. C'est un bon jeune homme avec un beau potentiel », a ajouté le spécialiste des quarts.
Grâce à sa mobilité et le fait qu'il soit gaucher, Brisebois détient deux atouts dans son arsenal. De manière réaliste, il ne se joint toutefois pas à une école disposant d'une grande réputation si bien qu'il reste du chemin à parcourir pour séduire les clubs universitaires.
« Je crois qu'il pourrait être le meilleur quart-arrière que je vais avoir dirigé quand il va graduer. Et l'un de mes anciens quarts a obtenu une bourse complète de TCU (Texas Christian University, un programme de première division du Big 12 dans la NCAA). Je crois qu'il pourrait le surpasser », a prédit Gay.
Brisebois a donc atterri dans un milieu favorable à son émergence. Par contre, à 17 ans, même un aussi beau rêve peut devenir difficile à gérer au quotidien.
« C'est sûr que je me sens un peu plus stressé, mais avec beaucoup d'excitation en même temps parce que c'est comme un rêve que j'attends depuis un petit bout et pour lequel j'ai travaillé fort. Il faut prendre l'avion, ça se passe dans une nouvelle langue, c'est une nouvelle vie », a reconnu l'athlète qui pourra compter sur l'appui de ses proches dont son père, Martin, un ancien joueur de football et participant à des compétitions d'hommes forts.
Nul doute, cette vie dans le pays où le football est roi s'accompagne d'une certaine rigidité, d'un niveau plus élevé d'attentes. Le style des entraîneurs devient parfois militaire.
« Le nouvel entraîneur est justement un ancien militaire, a répondu Brisebois en sachant que ce ne sera pas toujours une partie de plaisir. Bref, je crois que ce sera assez strict, mais j'aime ça ainsi. Avec mon ancienne équipe, c'était très intense aussi, je suis habitué. »
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« D'après moi, les premières semaines seront un peu difficiles. Ce sera de briser un peu le cycle et après, ça se passera bien. Je vais avoir tant de choses à faire, autant les études que les pratiques, donc ce sera difficile de penser à ma famille. À certains moments, je vais m'ennuyer, mais je pense que ça va bien aller », a-t-il jugé.
Dans cette école qui mise sur environ 25 % d'étudiants internationaux, Brisebois croit que ses coéquipiers vont lui faire une grande place même s'il arrive du Québec. Si jamais certains joueurs hésitaient à se ranger derrière lui, ils seront encouragés par sa première partie qui confirme ses habiletés pour connaître du succès au Tennessee.
Au niveau plus technique, Brisebois sait déjà qu'un grand accent sera destiné à améliorer son jeu de pieds et sa technique quand il décoche des passes en se déplaçant de la pochette protectrice. Le travail ne semble pas l'effrayer pour poursuivre son ascension.
« C'est sûr que jouer professionnel, ce serait mon premier objectif, mais j'y vais une étape à la fois. C'est quand même assez difficile de percer dans ce milieu, il y a tellement de bons joueurs. Ça reste que mon but ultime est d'aller dans la NFL », a mentionné Brisebois, qui a notamment suivi le cheminement de Jonathan Sénécal et du receveur Xavier Gaillardetz.
Peu importe où Brisebois aboutira, son parcours démontre surtout l'ampleur des possibilités à la portée des athlètes québécois. Rêver grand, ça ne fait de mal à personne et ça peut mener loin.
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