Passer au contenu principal

RÉSULTATS

Brodique est trop doué pour enseigner tout de suite

Michael Brodrique - James Hajjar
Publié
Mise à jour

MONTRÉAL – Un peu gêné, Michael Brodrique s'est excusé quand le bruit de la cloche a retenti pendant la visioconférence à laquelle il participait avec les médias. En réalité, ce décor, avec les affiches colorées au mur, était plutôt parfait pour celui qu'on décrit comme un « grand étudiant » du football.

Brodrique n'avait pas à s'excuser puisque l'horaire des athlètes universitaires qui s'apprêtent à être repêchés, le 2 mai, ne pourrait guère être plus chargé. À travers les études, l'entraînement et la préparation mentale, ce n'était pas évident de coincer une période d'entrevue.

« C'est drôle parce que je suis dans ma classe de stage, mes élèves sont en édu », a révélé le secondeur de 24 ans qui poursuit un diplôme en éducation préscolaire et enseignement primaire.

Avec son impressionnant physique de six pieds trois pouces et 230 livres, Brodrique ne passera pas inaperçu quand il sera enseignant dans une école primaire.

« Avec les Carabins, j'ai commencé à travailler dans un camp de jour et j'ai aimé le lien avec les jeunes. J'ai pu avoir un impact auprès d'eux et ça m'a enrichi comme personne. Ça m'a donné l'envie de continuer dans ce chemin », a-t-il expliqué.

Mais ce plan professionnel devra attendre puisque Brodique détient un bulletin sportif qui lui promet une belle carrière dans la Ligue canadienne de football. D'ailleurs, il a été répertorié au 15e rang du classement hivernal du bureau de recrutement de la LCF.

« Ce que j'aime beaucoup de Michael, c'est qu'il possède assurément le physique de l'emploi. Il super athlétique pour sa grandeur et la position (secondeur intérieur) où il joue. Il est aussi un leader, un capitaine d'équipe, un rassembleur qui veut toujours aider tout le monde en défense et regrouper les joueurs. C'est un gars qui coche beaucoup de cases », a exposé Marco Iadeluca, son entraîneur avec les Carabins de l'Université de Montréal.

« C'est un bel athlète et j'ai hâte de voir ce que ça donnera au prochain niveau, mais je suis convaincu qu'il aura une belle carrière », a-t-il ajouté.

Au retour de la saison 2020 annulée en raison de la pandémie, Brodrique a véritablement connu son essor. Il a brillé en 2021 et 2022 et ce n'est pas par hasard, comme le soulignait, Iadeluca car il investit beaucoup de temps dans sa préparation pour apprendre à connaître ses adversaires.

Dans ce qui constitue une cuvée moins raffinée pour les équipes du RSÉQ (Réseau du sport étudiant du Québec), Brodrique apparaît cependant comme une valeur de qualité qui attire les recruteurs. 

D'un autre côté, le footballeur de Sainte-Marthe-sur-le-Lac devra prouver que l'équipe qui le repêchera peut miser sur lui au lieu d'un athlète américain. Le rendement exposé, la saison dernière, par Brian Harelimana, son ancien coéquipier, aide sa cause. Harelimana a été à la hauteur du défi quand les Alouettes l'ont employé comme secondeur.

« C'est sûr que Brian est une inspiration. Il a su montrer des habiletés pour prouver qu'on est en mesure de jouer au prochain niveau, que les athlètes du Québec sont bien préparés pour y parvenir. Que ce soit Brian, Redha (Kramdi), Pier-Oliver Lestage, David Ménard. On a plein d'exemples », a noté Brodrique qui devra d'abord s'imposer sur les unités spéciales pour convaincre ses nouveaux patrons.

En entrevue avec les dirigeants des équipes de la LCF, le Québécois évoquera son arsenal complet comme secondeur. Lors de la saison 2021, celui qui a admiré Patrick Willis en grandissant avait terminé au deuxième rang canadien avec six sacs.

À titre d'entraîneur, Iadeluca reçoit plusieurs appels des recruteurs à son sujet. Il entend tous les classiques à savoir s'il est un bon individu, s'il aime beaucoup le football, s'il est un meneur.

« En toute honnêteté, dans son cas, personne ne m'a posé des questions cherchant à savoir quelque chose de particulier. Parce que Michael, c'est un super bon étudiant, il finit son baccalauréat en enseignement donc c'est un pédagogue. Il apprend bien et il est bilingue, c'est un jeune complet », a mentionné l'entraîneur.

Brodrique peut également s'appuyer sur l'expérience de son frère aîné, Samuel, qui a connu une belle carrière universitaire et qui « l'aide dans plusieurs facettes » de sa vie. Autour de lui, gravite aussi une équipe pour le mener à des performances optimales au Combine, du 22 au 26 mars, à Edmonton. On retrouve Marc-Étienne Villeneuve pour le volet physique, Sarah Brisson-Legault comme préparatrice mentale et Pierre-Mary Toussaint pour la course.

Les moyens ne sont pas les mêmes que pour des athlètes comme Matthew Bergeron et Sidy Sow qui seront repêchés dans la NFL, mais ça démontre le sérieux de la chose.

Ça prouve également que Brodrique ne sera pas enseignant à temps plein de sitôt. Dans un contexte de pénurie d'enseignants, c'est la seule mauvaise nouvelle dans sa belle histoire.