Danny Maciocia, partir pour mieux revenir
Coupe Vanier mercredi, 26 nov. 2014. 01:05 mercredi, 11 déc. 2024. 17:21MONTRÉAL – « Je me pose toujours la question : si j’avais gagné deux bagues de la Coupe Grey avec les Alouettes de Montréal, comment me sentirais-je? »
Danny Maciocia a quitté les Alouettes et sa ville natale en décembre 2001 lors de l’arrivée au pouvoir de Don Matthews. Le nouvel entraîneur-chef allait probablement nommer de nouveaux adjoints et Maciocia préférait partir plutôt que de patienter pour voir si Matthews allait lui faire une offre. Après avoir brièvement accepté le rôle de coordonnateur offensif des Carabins qui allaient renaître, Maciocia se joint aux Eskimos d’Edmonton pour occuper le même poste.
En 2002, les Alouettes remportent leur première coupe Grey depuis le retour de l’équipe en défaisant... les Eskimos et leur nouveau coordonnateur offensif à Edmonton en plus.
Néanmoins, Maciocia n’a pas eu à attendre son tour très longtemps puisqu’il a acquis la première de deux bagues de la Coupe Grey l’année suivante.
« Je n’ai pas de regret concernant ma décision de quitter pour aller dans l’ouest du pays pendant huit ans. J’ai vécu des expériences et gagné une satisfaction incroyable. À ce point de ma carrière, c’était la chose à faire pour vivre des choses un peu différentes et pour m’établir comme entraîneur », constate le Montréalais qui est très attaché à ses racines.
Il y a quatre ans, le couperet tombe. Le président de la formation albertaine le congédie de son poste de directeur général des Eskimos.
« Quand tu es à ce niveau-là, tu penses que tu peux faire carrière pendant 20 à 25 ans. [...] C’est toujours difficile quand tu te fais congédier, affirme Maciocia qui a récemment parlé à Mike Benevides qui a perdu son emploi avec les Lions de la Colombie-Britannique la semaine dernière.
« Le lendemain, tu te lèves et tu n’as rien. Tu commences à te poser des questions. Un moment donné, tu as besoin d’un autre défi dans ta vie. Le moment que tu réalises l’endroit et avec qui tu veux travailler, tu vas vivre une autre expérience. »
Alors de retour à Montréal en 2010, le seul entraîneur-chef québécois de l’histoire de la LCF est sans emploi. Mais il y avait de bons côtés. Marié et père de trois filles, il est plus présent que jamais à la maison alors que son poste de DG prenait beaucoup de son temps à longueur d’année.
Mais son retour dans le monde du football ne savait attendre. Il allait passer par une implication bénévole. Il s’est joint au personnel d’entraîneurs du Phénix du Collège André-Grasset à l’automne 2010 en tant que coordonnateur offensif.
« J’ai fait du bénévolat qui a été très important pour moi... et pour ma famille. Il commençait à trouver le temps long de m’avoir à la maison », lance-t-il avec le sourire.
« Ça m’a aidé énormément. Ç’a ramené tous ses sentiments associés au football et la motivation de bien faire et de faire une différence. Travailler avec des étudiants-athlètes, c’était l’idéal. Ç’a bien été la première année avec la conquête du Bol d’Or. J’ai commencé à me dire que c’était peut-être quelque chose qui pourrait m’intéresser de travailler avec les jeunes », raconte-t-il.
C’est à ce moment que l’opportunité de devenir l’entraîneur-chef des Carabins est apparue. En novembre 2010, Danny Maciocia est devenu le troisième pilote de l’institution depuis sa renaissance en 2002.
Celui qui a connu du succès partout où il est passé voulait faire cheminer les joueurs autant sur les plans personnel, académique et sportif. Quatre ans après son entrée en poste, les succès des Bleus sont un bel indicatif du grand changement qui s’est orchestré au sein du programme de football de l'UdeM.
« Je suis une personne de défi. J’adore quand quelqu’un me dit que ce n’est pas faisable. C’est le genre de situation que je cherchais à ce moment de ma vie et je l’ai trouvé ici. À ce jour, avec le support qu’on a, on réalise que si on travaille ensemble et qu’on pousse dans la même direction, tout est faisable », mentionne celui qui a vu sa passion pour le football naître à l’école secondaire Laurier Macdonald.
Après plus de 20 ans de carrière, l’entraîneur-chef de métier aura la chance de remporter une première finale canadienne en portant les couleurs d’une équipe montréalaise. Plus encore, il aura la chance de disputer ce match à Montréal.
« Aujourd’hui, je suis de retour dans ma ville natale. Chez nous, devant mes amis, mes parents, ma famille, j’ai une chance samedi d’embarquer sur le terrain avec ces gens et de vivre quelque chose que je voulais vivre depuis le début de ma carrière. Ça va être spécial », avise-t-il.
Entouré de sa famille
Pour conduire les Carabins à leur première participation à la Coupe Vanier, Danny Maciocia s’est entouré d’un groupe d’entraîneurs expérimentés.
Ce dernier est allé chercher des hommes de confiance pour bâtir cette équipe qu’il considère maintenant comme sa famille.
Son premier ajout a été un ami : Marco Iadeluca comme coordonnateur offensif. Les deux hommes se connaissent depuis longtemps. Maciocia a dirigé ce dernier à St-Léonard. Il l’a ensuite invité aux camps des équipes professionnelles où il a travaillé.
Le groupe d’entraîneurs a continué de prendre forme au courant du mandat de Maciocia. L’homme de 47 ans compte maintenant des hommes d’expérience comme Tony Addona, Paul-Eddy Saint-Vilien et Danny Desriveaux parmi ses adjoints.
« Je pense que j’ai probablement le meilleur groupe d’entraîneurs au Canada. J’ai un peu de tout. J’ai d'anciens joueurs qui ont connu du succès. J’ai un coordonnateur à l’attaque qui a gagné une Coupe Vanier et que je connais depuis 25 ans. J’ai un entraîneur de la ligne offensive qui a gagné huit Bols d’Or », louange Maciocia en parlant des membres de son personnel.
L’esprit de famille est bien présent chez les joueurs, comme le note le receveur Mikhaïl Davidson. Ce dernier donne le mérite à son entraîneur-chef et à ses capacités de rassembleur.
Mais la chimie s’est aussi transportée du côté des entraîneurs des Bleus cette année.
« On est assez proche tous les entraîneurs. On aime s’amuser tout en travaillant. Quand tu fais des journées de 12 heures à un rythme de 6 ou 7 jours par semaine, tu as intérêt à avoir du plaisir parce que sinon le temps devient long », admet Iadeluca qui est le parrain de la plus jeune fille de Maciocia.
« Il y a une bonne complicité ici. Quand Danny parle de famille, ce n’est pas seulement des paroles ou pour faire beau dans les médias, assure Saint-Vilien, l’entraîneur des secondeurs. Il essaie de créer un environnement familial avec les entraîneurs. On travaille ensemble. Les joueurs croient en ce qu’on fait. »
Danny Maciocia est sans contredit l’un des meilleurs entraîneurs au Canada. Un autre qui peut se vanter de cela au Québec se retrouve à l’autre bout de l’autoroute 40 et c’est Glen Constantin.
Paul-Eddy Saint-Vilien a eu la chance de travailler avec les deux hommes, ayant été dans le personnel du Rouge et Or en 2003 et 2004. Il ne voit pas beaucoup de différences entre les entraîneurs des deux équipes les mieux classées au pays.
« Ce sont deux bonnes têtes de football, probablement les meilleurs au Québec. C’est l'une des raisons pourquoi le RSEQ est l’une des meilleures associations au Canada. C’est ici qu’on a les meilleurs entraîneurs. Danny et Glen sont deux entraîneurs exigeants qui demandent le maximum de leurs joueurs et de leurs adjoints. L’approche est différente, mais à la fin de la journée, ils veulent gagner. Ils prennent tous les moyens pour y arriver et veulent que tout le monde travaille », indique-t-il.
Comme Maciocia, Saint-Vilien aura la chance de remporter un championnat national dans sa ville natale. Lorsqu’il était joueur au tournant des années 2000, il a poursuivi sa carrière à l’Université Laval, alors la seule institution francophone avec un programme de football.
Après avoir remporté deux Coupes Vanier avec les Lavallois, il a enfin la chance de mettre la main sur un titre à Montréal alors qu’il en est à un deuxième séjour avec les Carabins.
« Je suis un Montréalais. J’ai joué mon football ici. Après le cégep, Glen m’a recruté et je suis allé avec le Rouge et Or. Pour moi, c’était logique de continuer mon cheminement en français. C’est le fun pour les Montréalais de pouvoir atteindre l’excellence chez eux pour continuer à jouer au football. D’être un entraîneur de Montréal, qui gagne à l’Université de Montréal, je ne peux pas demander mieux présentement », exprime l’ancien entraîneur-chef des Nomades du Cégep Montmorency.
Ayant déjà remporté les grands honneurs, Saint-Vilien est bien conscient de tout le travail qu’il reste à faire et sa concentration est toute dirigée vers les Marauders de McMaster et la 50e Coupe Vanier.
« Il nous en reste une autre à aller chercher, dit-il en se tournant vers les Coupes Dunsmore et Uteck situées à sa droite. Ces deux-là sont bien belles, mais il manque le gros trophée. Après celui-là, on va probablement réaliser toute l’ampleur de ce qu’on a fait, du travail et du temps qu’on y consacre pour y arriver. »