L'univers du golf chamboulé en 2022
MONTRÉAL – Le monde du golf était riche en histoires en 2022. L'ascension vers les plus hauts sommets de Scottie Scheffler a ébloui l'univers du golf, Rory McIlroy a connu une saison du tonnerre – histoire de battre quelques records – et Tiger Woods était enfin de retour pour participer à quelques tournois majeurs.
Il y a toutefois un enjeu qui a porté ombrage aux exploits sportifs : la naissance du circuit LIV. Le nouveau concurrent du circuit de la PGA a effectué son coup de départ en grand et la lutte qui s'en est suivie a certainement terni l'image du sport, mais a surtout réduit la popularité de la foule de belles histoires que 2022 avait à nous offrir. Le RDS.ca vous propose un retour sur les événements les plus marquants des 12 derniers mois.
La fin du monopole de la PGA
Déjà à la fin de la dernière année, il semblait se tramer quelque chose dans les coulisses du monde du golf. Le mot circulait à l'idée qu'une toute nouvelle ligue de golf puisse faire son apparition plus tôt que tard, si bien que la PGA a assuré ses arrières avec une entente avec le circuit Européen. À la tête de cette nouvelle ligue : le requin par excellence du golf, Greg Norman.
L'arrivée de ce nouveau circuit, qui devait changer l'univers du golf, s'est toutefois faite sous le thème de la controverse. Remontons d'abord au mois de mars. Plein de confiance et d'ambition, Norman confirme la création d'un riche circuit, qui se fera connaître sous le nom de LIV Golf Invitational. Les réactions sont toutefois vives : le nouveau concurrent de la PGA est financé par le Fonds d'investissement public d'Arabie Saoudite, un pays cherchant visiblement à blanchir son image en raison de ses multiples frasques au sujet des droits de la personne.
Non seulement la provenance de son financement était-elle pointée du doigt, mais on accusait également LIV Golf de détruire l'essence du golf en instaurant un format qui contrevenait aux tournois traditionnels. Le format qu'offrait LIV Golf a fait peur aux puristes du sport avec des tournois de 54 trous, sans coupure et avec un départ en simultané pour les quelques 48 golfeurs.
Au mois de mai, le commissaire de la PGA Jay Monahan a mis son pied au sol et a clairement fait savoir qu'il allait mettre des bâtons dans les roues de LIV Golf. Les golfeurs qui allaient participer aux évènements organisés par la nouvelle ligue dissidente allaient faire face à des mesures disciplinaires, notamment des suspensions. Mais certains des grands noms du circuit de la PGA n'étaient pas effrayés pas les changements hors-normes et par les menaces de la PGA. Devant des sommes astronomiques pour s'engager avec LIV Golf, des vedettes comme Dustin Johnson, Phil Mickelson, Bryson DeChambeau et Brooks Koepka ont tourné le dos à la PGA en acceptant des chèques qui se sont élevés jusqu'à 200 M$.
Bien loin d'être terminée, cette saga opposant la PGA et LIV Golf s'est rendue jusqu'en justice, où les deux camps se sont lancé la balle à plusieurs reprises. Le circuit de la PGA a d'abord fait l'objet d'une poursuite antitrust, concernant sa décision de ne pas accorder d'exemption à ses membres et de les suspendre. Pas moins de 11 golfeurs, qui ont ensuite été rejoints par le circuit lui-même, ont reproché au circuit de la PGA de ne pas avoir respecté la loi américaine sur la concurrence.
Puis cet automne, le circuit de la PGA a répliqué d'abord avec une contre-poursuite à l'égard de LIV, clamant que le nouveau circuit avait interféré avec les contrats de certains membres de la PGA. S'en est ensuite suivie une poursuite contre le Fonds d'investissement public de l'Arabie saoudite en novembre dernier. La seule certitude pour l'instant, c'est que la guerre entre la PGA et LIV Golf est encore loin d'être terminée.
Mais avant de passer à un sujet différent, admettons tout de même que l'arrivée de la ligue dissidente dans le décor du golf aura apporté son lot de positif. Il serait bien malhonnête d'affirmer l'inverse. La concurrence a forcé le circuit de la PGA à se réinventer et à assurer de meilleures conditions pour les joueurs et pour les partisans. En plus d'augmenter l'assurance financière de ses membres, la PGA est parvenue à s'entendre avec ses meilleurs joueurs pour offrir des tournois qu'on pourra qualifier de premiums, qui vont certainement offrir une compétition des plus relevées. Même si l'arrivée de LIV Golf semble avoir dilué le talent – pour l'instant –, force est d'admettre que la fin du monopole de la PGA aura fourni certains changements qui auraient dû être faits il y a un moment déjà.
La domination du début de saison
Bien malin est celui qui aurait pu prédire une domination aussi marquée de la part de l'Américain Scottie Scheffler en début de saison. Son talent était indéniable, mais la recrue de l'année en 2020 était toujours incapable de percer. C'est finalement après 70 tournois que Scheffler est parvenu à retirer le petit singe sur son épaule avec son premier triomphe sur le circuit en février, à l'Omnium de Phoenix.
Les mois qui ont suivi lui ont permis de prouver que son nom devait être considéré parmi l'élite de son sport. Il a enchaîné avec trois autres victoires en l'espace de quatre tournois et il s'est même imposé au Tournoi des Maîtres, l'évènement le plus prestigieux dans l'univers du golf. Les succès de Scheffler l'ont même propulsé au premier rang mondial pour la première fois de sa carrière. Il a peut-être glissé au second échelon depuis, mais ne soyons pas surpris s'il réalise une percée dans les prochains mois et qu'il reprend les rênes du golf mondial à nouveau.
Il a prouvé, contrairement à ce qui lui était reproché depuis le début de sa carrière, qu'il pouvait gérer la pression et qu'il pouvait compléter le travail avec brio lorsque venait la ronde finale, peu importe le contexte. En 2022, il a gagné en prolongation, il a gagné avec un seul coup d'avance et il a gagné avec une avance confortable. Maintenant, il n'a qu'à mettre son expérience à profit pour assurer la longévité de sa carrière.
McIlroy, comme le bon vin!
Parlant de longévité, comment ignorer l'exceptionnelle saison qu'a connue Rory McIlroy? Le Nord-Irlandais âgé de 33 ans évolue maintenant chez les professionnels depuis plus de 15 ans, mais il démontre année après année qu'il a encore du bon golf en réserve. On pourrait discuter longtemps du statut de McIlroy dans l'histoire, lui qui devient lentement mais sûrement le meilleur golfeur de sa génération. Le plus surprenant, c'est que McIlroy n'a jamais montré autant de vitesse dans son élan qu'en 2022, ce qui lui permet de rivaliser avec la nouvelle génération de jeunes cogneurs qui prennent d'assaut le monde du golf.
La saison 2021-2022 a été mémorable pour Rors. McIlroy a signé trois victoires au cours d'une saison pour la première fois depuis 2018-2019, il a dominé le circuit de la PGA à environ tous les niveaux au chapitre des statistiques et il a remporté à la fois la Coupe FedEx et le titre du circuit DP. En septembre, McIlroy a orchestré une remontée miraculeuse lors du Championnat du circuit pour triompher sous le regard de Scheffler, mais il a surtout repris la possession du premier rang du classement officiel mondial cet automne, une position qu'il n'avait pas occupée depuis juillet 2020.
L'héritage que laisse McIlroy dans le monde du golf est toutefois bien plus puissant que ce que laissent entendre ses performances sur le terrain. Aux côtés de Tiger Woods, McIlroy a défendu avec passion et vigueur les intérêts de la PGA et les traditions du golf tout au long de l'année pour contrer du mieux qu'il le pouvait l'émergence du circuit LIV. McIlroy est entré dans un combat de tous les instants contre Greg Norman et il a rendu cette confrontation un peu plus intéressante à l'Omnium canadien, lorsqu'il l'a devancé dans l'histoire de la PGA avec la 21e victoire de sa carrière.
Pour 2023, il n'y a qu'une chose qu'on peut souhaiter à McIlroy : une victoire à Augusta, au Tournoi des Maîtres. Après toutes ces années – et sa deuxième position crève-cœur cette année –, McIlroy a bien mérité le fameux titre qu'il lui manque pour compléter son grand chelem. Ce sera peut-être un cadeau qu'il s'offrira en avril 2023, qui sait?
Le grand retour de Tiger Woods
Que serait une revue annuelle de golf sans quelques mots sur Tiger Woods? À pareille date l'année dernière, on venait d'assister aux premiers élans du Tigre depuis son accident qui lui a presque coûté la vie, alors qu'il avait disputé le Championnat PNC en compagnie de son fils Charlie. Douze mois plus tard, Woods a foulé les verts lors du Tournoi des Maîtres, du Championnat de la PGA et de l'Omnium britannique. Si les résultats n'ont pas été au rendez-vous pour des raisons évidentes, sa présence aura tout de même permis d'assister à des images rassurantes et réconfortantes.
D'abord, on a eu le bonheur de voir Woods enfiler son traditionnel chandail rouge à Augusta, alors qu'il s'est qualifié pour les rondes de la fin de semaine. Puis durant l'été, Tiger a renoué avec le terrain de St. Andrews, avec lequel il entretient une relation d'amour bien connue de la foule. Plusieurs acteurs du monde du golf ont évoqué qu'il s'agissait peut-être de son dernier tour de piste, mais Woods semble avoir d'autres plans.
Woods nous a habitués à des retours inespérés et le légendaire athlète compte bien ajouter un nouveau chapitre à son héritage. À croire les dires de Woods, il pourra compétitionner avec les meilleurs joueurs du circuit lorsque sa jambe lui permettra de marcher sans douleur pendant les tournois. Il est probablement trop audacieux de penser à une historique 83e victoire pour Woods, mais s'il y a un athlète à ne jamais prendre pour battu, c'est bien lui. On ne reverra plus Woods disputer une saison complète, mais on le reverra certainement disputer les tournois majeurs.
Et puis, entre quelques rondes de golf, Woods continuera certainement de défendre le circuit de la PGA contre LIV Golf. Les quelques « 700 à 800 M$ » qu'il aurait refusés pour se joindre à la ligue dissidente, selon Greg Norman, n'ont fait que prouver que Woods tient à son héritage et qu'aucun chèque ne pouvait lui faire tourner le dos à la PGA.
Une bonne année pour Henderson et le Canada
Avec tout ça, le golf canadien n'a pas à rougir non plus. La Canadienne Brooke Henderson a pris d'assaut le circuit de la LPGA une fois de plus cette saison avec dix résultats dans le top-10 et deux victoires. Elle s'est d'ailleurs imposée au Championnat Evian pour mériter le deuxième titre majeur de sa carrière.
Déjà la joueuse canadienne la plus décorée, que ce soit dans le golf féminin ou masculin, Henderson a donc continué d'engraisser ce record qu'elle détient maintenant avec 12 victoires. Installée à l'intérieur du top-10 mondial depuis maintenant 28 semaines de suite, Henderson est parvenue à grimper au 5e rang mondial au début du mois d'août. Rien n'est trop beau pour la talentueuse Canadienne.
Puis chez les hommes, le Canada a bien été représenté avec Corey Conners et Taylor Pendrith dans l'équipe internationale de la Coupe des Présidents. D'ailleurs, la compétition s'arrêtera à Montréal en 2024, une belle occasion de faire rayonner le golf canadien une fois de plus à l'échelle internationale.
La LPGA appartient à Lydia Ko!
Finalement, personne n'a dominé autant la LPGA dans les 12 derniers mois que la Néo-zélandaise d'origine sud-coréenne Lydia Ko. En 22 tournois en 2022, elle s'est hissée dans le top-10 à 14 occasions en plus de remporter trois tournois, ce qui lui a permis de décrocher la première position mondiale.
À seulement 25 ans, l'avenir s'annonce certainement très prometteur pour celle qui a raflé le trophée de Joueuse de l'année pour la deuxième fois de sa carrière. Ko a maintenu un pointage moyen de 68,99 cette saison, bon pour le premier rang du circuit, et les chiffres montrent qu'elle affiche un rythme dominant dans plusieurs aspects, mais surtout sur les verts. Aux côtés des jeunes Nelly Korda, Minjee Lee, Atthaya Thitikul, Henderson et compagnie, Ko parviendra certainement à faire briller l'avenir du golf féminin pendant longtemps!
Évidemment, bien d'autres histoires auraient mérité un peu d'attention. Cameron Smith a connu une spectaculaire saison avant de quitter vers LIV Golf, Jordan Spieth semble de retour au sommet de son art et nous assistons à l'ascension du jeune phénomène Tom Kim. Voyons voir ce que 2023 a en banque.