Cameron Smith veut le garder, son trophée
HOYLAKE, Royaume-Uni - Cameron Smith, un Australien qui est reconnu pour son style décontracté, s'est révélé plus touché qu'il ne l'anticipait en début de semaine alors qu'il prenait part à l'une des nombreuses cérémonies du Royal and Ancient (R&A) à l'aube de l'Omnium britannique.
En tant que champion en titre, il a dû retourner le prestigieux trophée au comité organisateur.
« J'ai dû retenir quelques larmes. Ça m'a ému, en quelque sorte, a évoqué Smith. Ça n'a pas été difficile de le rendre. Ça n'a pas été un moment du genre: "Lâche-le, tu dois le rendre". C'est le genre de moment auquel tu ne réfléchis pas, jusqu'à ce que tu le vives en temps réel. Et tu veux le ravoir (le trophée). »
Ravoir le trophée pourrait cependant être une tâche aussi ardue que celle de retrouver son espace de stationnement au TPC Sawgrass.
Smith a perdu ce privilège, qui est accordé au champion du Championnat des joueurs, lorsqu'il a décidé de quitter le circuit de la PGA pour se joindre au circuit LIV. Il n'est peut-être pas le joueur le plus prestigieux à avoir fait ce choix, mais à l'époque il était le seul à être un champion en titre d'un tournoi majeur.
Tout ça s'inscrit dans une longue année tumultueuse pour Smith, qui estime néanmoins qu'elle s'est déroulée beaucoup trop rapidement.
Il entendait encore le présentateur l'appeler le « champion golfeur de l'année » au micro lorsqu'on lui a demandé s'il réfléchissait à se joindre au circuit LIV. Un moment assez malaisant.
Puis, les poursuites ont été déposées. Smith s'est joint au circuit LIV. Il a perdu son espace de stationnement et ses autres privilèges au quartier général de la PGA. Il a gagné le deuxième tournoi auquel il a participé. Il est rentré chez lui en Australie pendant la saison morte. Il a disputé trois tournois majeurs.
Et il est maintenant au Royal Liverpool, alors que l'univers du golf est dans un état encore plus chaotique qu'il y a un an, on ignore toujours les détails de l'entente de principe conclue entre la PGA et LIV, mais une audience devant le Sénat américain a révélé l'existence de nombreux documents intéressants, sans toutefois aborder l'épineuse question de la coexistence des deux circuits professionnels.
« Le golf est dans un bon état, a dit Smith. Il reste encore beaucoup de détails à régler, et personne ne sait trop comment ça va se conclure. J'ai l'impression que les personnes qui doivent ficeler l'entente n'ont aucune idée elles-mêmes de la manière dont tout ça se réglera. Ouais, il y a de l'incertitude, mais je suis certain que le circuit LIV demeurera dans le paysage pour de nombreuses années encore. »
Pour l'instant, ce qui importe le plus est de remporter le plus vieux trophée du golf, personne n'a défendu son titre avec succès à l'Omnium britannique depuis Padraig Harrington à Carnoustie en 2007 et au Royal Birkdale en 2008.
Pendant qu'on s'arrachait Rory McIlroy après son étincelante victoire acquise dimanche dernier à l'Omnium d'Écosse, Smith, lui, s'occupait de ses oignons. Il avait été absolument brillant l'an dernier lorsqu'il avait remis une carte de 64 en ronde finale à St. Andrews pour ravir le prestigieux trophée à McIlroy et Cameron Young.
« On dirait que ça fait longtemps, l'an dernier, a dit Smith. Tout ça s'est déroulé si rapidement, entre ma décision de quitter, celle de rentrer en Australie et entamer une nouvelle saison cette année. Je n'ai pas participé à toute cette histoire de poursuite. J'essaie de rester à l'écart le plus possible.
« Comme je l'ai déjà dit, le circuit de la PGA est un endroit formidable pour jouer au golf, et ça le sera encore pendant très longtemps. Je dois néanmoins admettre que je n'ai jamais songé une seconde avoir commis une erreur (en me joignant au circuit LIV) il y a huit ou neuf mois. »
Il y a rejoint les joueurs étoiles Dustin Johnson et Brooks Koepka. Ce qui signifie également que Smith ne côtoie McIlroy, Scottie Scheffler et Jon Rahm que quatre fois par saison, aux tournois majeurs.
Le classement mondial est également difficile à suivre puisque les membres du circuit LIV ne reçoivent aucun point de classement depuis l'an dernier. Seuls trois golfeurs du controversé circuit, Smith (no 7), Koepka (no 12) et Joaquin Niemann (no 43), font partie du top-50 mondial.
Outre le classement, le golf n'a jamais été aussi compétitif. En conséquence, Smith aura beaucoup de difficulté à rééditer son exploit de l'an dernier, et il en est bien conscient, surtout après avoir participé à la cérémonie de remise du trophée.
« Ç'a toujours l'air irréel, même un an plus tard, a-t-il évoqué. J'espère que je pourrai le ravoir. Je veux tellement le ravoir. »