Les meilleurs ont été les meilleurs, les Internationaux ont surpris
COLLABORATION SPÉCIALE
La 14e édition de la Coupe des Présidents, disputée à Charlotte, en Caroline du Nord, a pris fin dimanche dans une atmosphère de fête alors que l'équipe américaine a une fois de plus vaincu l'équipe internationale par une marge de cinq points au classement final. Il s'agit d'un 12e gain en 14 tentatives pour les États-Unis.
On se doit tout de même de féliciter l'équipe internationale, menée par le Sud-Africain Trevor Immelman. Ses joueurs ont démontré beaucoup de cran et se sont battus jusqu'à la toute fin malgré un avantage marqué du côté américain, concernant le classement mondial de chaque participant. Sur papier, l'équipe américaine semblait beaucoup trop forte; pas moins de dix joueurs américains étaient mieux classés mondialement que le meilleur représentant international, Hideki Matsuyama, qui occupe le 17e échelon. Compte tenu de ces faits, la compétition a été beaucoup plus serrée que prévu.
Mauvais départ pour les Internationaux
Les deux premières sessions ont été fatales pour l'équipe internationale qui comptait pas moins de huit recrues dans ses rangs. Les joueurs ont mis trop de temps avant de s'acclimater au difficile parcours de Quail Hollow et semblaient intimidés par leurs adversaires, qui en ont profité pour gagner huit des 10 premiers matchs. Dès lors, on sentait que la compétition était inégale et l'on ne donnait pas cher aux chances des Internationaux de revenir de l'arrière. C'était mal les connaitre, car ils ont remporté plus de points que les Américains lors des trois dernières sessions... mais le mal était déjà fait!
Tom Kim sonne la charge
Les deux sessions disputées samedi ont finalement permis aux Internationaux de revenir dans la lutte. Âgé de seulement 20 ans, le Sud-Coréen Tom Kim est devenu la bougie d'allumage de son équipe par son jeu exceptionnel ainsi que par sa fougue et son enthousiasme contagieux. Le jeune homme en a mis plein la vue aux 40 000 spectateurs en réussissant des coups d'éclat qui ont semblé redonner une dose d'énergie à ses coéquipiers, qui ont ensuite paru plus à l'aise sur le parcours. Kim possède un élan à faire rêver et a le sens du spectacle. Tout a été fait avec respect et sobriété, si bien que même les spectateurs américains l'ont adopté.
Du côté américain, on se souviendra longtemps de la performance exceptionnelle de Jordan Spieth qui a remporté les cinq matchs auxquels il a participé. On a revu le Jordan Spieth spectaculaire d'il y a quelques années, celui qui a gagné pas moins de 11 tournois avant même de fêter ses 25 ans. J'estime qu'il va connaitre une excellente saison en 2023. Justin Thomas a aussi été à la hauteur même s'il a dû s'avouer vaincu au dernier trou lors de son match en simple face à Si Woo Kim. Fidèle à lui-même, Patrick Cantlay a joué du golf inspiré et a largement contribué aux succès de son équipe. Calme et sûr de lui, il a dominé le vétéran Adam Scott lors de son match en simple. Les recrues Sam Burns et Max Homa ont aussi impressionné par la qualité de leur jeu et ont prouvé qu'ils ont leur place sur cette équipe. Côté déception, le no 1 mondial Scottie Scheffler a dû se contenter d'un maigre demi-point en quatre sorties. Erratique et méconnaissable, Scheffler ne ressemblait en rien au joueur dominant qu'il a été lors de la dernière saison. Billy Horschel et Kevin Kisner ont aussi déçu et n'ont pas vraiment leurs places sur cette équipe. Ils étaient dès le départ les maillons faibles et n'ont rien généré de positif.
Du côté international, mis à part Tom Kim, Si Woo Kim et Hideki Matsuyama ont joué à la hauteur de leur talent et ont prouvé qu'ils peuvent gagner, peu importe l'adversaire. Ils ont du cran et la qualité de leurs élans leur permet d'exécuter les coups importants sous pression. J'ai aussi bien aimé le calibre de jeu offert par K.H.Lee, un jeune Sud-Coréen bourré de talent. Son calme et son contrôle d'émotions impressionnent. On pourrait en dire autant de Sebastian Munoz qui a aussi tiré son épingle du jeu. De nature un peu plus effacée, il a été l'un des rares joueurs de son équipe à connaitre du succès sur les verts ondulés de Quail Hollow. Il s'est même permis de vaincre Scottie Scheffler 2&1 lors de son match en simple.
Les deux représentants canadiens, Corey Conners et Taylor Pendrith, ont été incapables de gagner un seul point lors du tournoi. Conners a particulièrement déçu sur les verts, incapables de caler quoi que ce soit. À titre d'exemple, il a eu recours à 38 coups roulés lors de son match en simple face à Xander Schauffele, match qu'il a finalement perdu par un seul trou. Conners n'était pas l'ombre de lui-même, si bien que même son jeu de fer l'a laissé tomber. Pendrith a quand même mieux joué, mais n'a pas été en mesure de maintenir un bon rythme dans aucune de ses sorties.
Somme toute, ce fut un spectacle divertissant et une compétition saine et chaudement disputée malgré l'avantage sur papier de l'équipe américaine. Il faut se rappeler que l'équipe internationale était amputée de plusieurs joueurs de qualité avec les départs pour l'autre ligue des Cameron Smith, Joaquin Neimann, Abraham Ancer, Marc Leishman et Carlos Ortiz pour n'en nommer que quelques-uns. Ayant moins de profondeur que l'équipe américaine, les Internationaux ont été davantage affectés par l'absence de ces joueurs. Il faudra s'y faire et tout simplement développer de nouveaux talents afin d'être fin prêts pour la 15e édition qui aura lieu à Montréal en 2024.