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Amour et perfection : la saison rêvée des Reds

Les Reds d'UNB, champions 2024 de la Coupe Universitaire. Les Reds d'UNB, champions 2024 de la Coupe Universitaire. - PC
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MONTRÉAL – Quand son coéquipier Tanner Somers lui a évoqué cette possibilité au printemps 2023, Samuel Richard s'est d'abord montré sceptique.

Les Reds de l'Université du Nouveau-Brunswick venaient de remporter la Coupe Universitaire de hockey masculin, d'accord. Et avec 20 joueurs de l'édition championne de retour la saison suivante, les chances de défendre le titre en 2024 étaient pour ainsi dire excellentes. Mais de là à connaître une saison parfaite? 

Minute Tanner...

« Je vais le croire quand je vais le voir », s'était alors dit le gardien québécois, doutant du talent de visionnaire de son confrère masqué.

Or, les Reds n'ont pas subi la moindre défaite cette saison. Après avoir conclu le calendrier régulier avec une fiche de 30-0-0, Richard et ses coéquipiers ont remporté leurs cinq matchs de séries éliminatoires, avant de blanchir chacun de leurs trois adversaires à la Coupe Universitaire, dont les Patriotes de l'UQTR en finale (4-0) dimanche après-midi à Toronto.

Ils sont ainsi devenus la première équipe depuis les Marlins de McMaster en 1962 (12-0-0) à être couronnée championne universitaire canadienne sans encaisser le moindre revers en cours de route.

À ces succès s'ajoutent cinq victoires dans le cadre de matchs hors-concours, si bien qu'au total, ce sont 47 matchs de suite que les Reds ont gagnés si l'on remonte à l'an dernier.

« C'est la meilleure équipe pour laquelle j'ai joué et c'est probablement la meilleure équipe U Sports qui n'a jamais existé », estime Richard, qui a été d'office devant le filet des Reds tout au long de la Coupe Universitaire, repoussant chacun des 57 lancers dirigés vers lui. 

« [Mes coéquipiers] ont bloqué des lancers quand il le fallait. Je n'ai jamais joué devant une équipe aussi bonne et soudée. C'était juste exceptionnel », a répété Richard mercredi, en entrevue au RDS.ca.

« Toute l'année, les joueurs prenaient beaucoup de fierté à bien jouer défensivement avant d'aller à l'attaque et compter des buts. On a juste joué de la bonne façon, avec de bonnes habitudes, et on était préparé pour ça depuis le jour 1. »

Samuel Richard, rejoint par ses coéquipiers après la conquête de la Coupe Universitaire 2024.

« J-G-S »

Dès l'arrivée de ses joueurs sur le campus de Fredericton l'automne dernier, l'entraîneur-chef Gardiner MacDougall a insisté sur une chose. Pour espérer défendre leur trône et offrir un cinquième titre en sept ans à l'université, il n'y avait qu'une façon d'y parvenir.

Avec beaucoup d'amour. 

« À notre premier meeting de l'année, la première fois qu'on s'est tous retrouvés ensemble, le premier mot qu'il a sorti de sa présentation Powerpoint, c'était "Love" », révèle l'ancien portier des Huskies de Rouyn-Noranda dans la LHJMQ.

« Ça voulait dire d'aimer la game qu'on joue, d'aimer ce que t'apportes à l'équipe, d'aimer tes coéquipiers. On a vraiment mis l'emphase là-dessus toute l'année et ça a vraiment paru. Je n'ai jamais été dans une équipe aussi serrée et proche. »

À mesure que les victoires se sont mises à s'enchaîner, et que les mots « saison » et « parfaite » ont fait leur incursion dans le champ lexical associé à l'équipe, les joueurs de Reds sont de plus demeurés concentrés sur le but ultime. Passé maître dans l'art de motiver ses troupes, MacDougall s'en est assuré quotidiennement en leur inculquant notamment son amour des acronymes.

« Gardiner en utilise beaucoup, confirme Richard. On en a eu plusieurs, mais J-G-S c'était l'un des gros depuis le début de l'année. »

J-G-S pour Just Getting Started.

« Ça veut dire : "on n'a rien fait encore", traduit le hockeyeur de 23 ans originaire de Sainte-Catherine. Avant le début des séries et du Championnat national, oui on avait gagné nos 35 dernières games, mais l'important c'était ce qui s'en venait dans les prochaines minutes. Le passé ne vaut rien si on ne gagne pas ce match-là. »

Cette mentalité, les Reds n'y ont pas dérogé jusqu'à la toute dernière seconde, s'y consacrant plus que jamais durant les cinq jours qu'a duré la Coupe Universitaire.

« Ce tournoi dure une semaine, c'est un sprint et après ça c'est fini. Tu te concentres à 100 % sur ce que t'as à faire pendant cinq jours. J'ai vérifié après [notre conquête] et ma moyenne de temps passé par jour sur mon écran de cellulaire pendant ces cinq journées c'était moins d'une heure. Le monde à l'extérieur de l'équipe, de l'aréna et de l'hôtel, on allait les voir le dimanche soir et on allait avoir du fun, mais avant on avait un boulot à faire. »

Samuel Richard

Affronter la NCAA?

Après avoir fêté comme il se doit à Toronto ce 10e titre de l'histoire des Reds, Richard est rentré à Fredericton aux petites heures du matin mardi, se plongeant à nouveau dans ses livres alors qu'approche la période d'examens de sa deuxième année d'études universitaires.

À moins qu'on lui offre une opportunité chez les professionnels difficile à décliner, il sera de retour la saison prochaine entre les poteaux du filet des Reds pour compléter son baccalauréat en administration des affaires.

Quelques vétérans de l'équipe quitteront peut-être pour les pros, alors que certains ont possiblement joué leur dernier match de hockey compétitif, mais pour l'instant cette équipe de rêve est toujours bien vivante, prête à relever un ultime défi s'il se présente.

Mardi, l'animateur de la populaire baladodiffusion Spittin' Chiclets, Paul Bissonnette, disait souhaiter que les Reds affrontent les futurs champions de la NCAA, avançant même qu'ils pourraient les battre. Une proposition que le capitaine des Reds Jason Willms se dit prêt à accepter sur le champ. 

« Envoyez-nous la date et l'endroit. Aucun d'entre nous ne quittera pour les pros tant qu'on n'aura pas réglé ça. Vos champions contre nous », a écrit Willms sur Twitter.

« Tous les gars seraient partants », confirme Richard, « juste pour offrir de la visibilité au U Sports. On ne reçoit pas assez de crédit pour le calibre dans lequel on joue »

« C'est sûr que c'est un peu farfelu, relativise-t-il toutefois. [...] Mais si on se préparait pour jouer contre l'une des meilleures équipes de la NCAA, je pense que ce serait assez serré comme match. Je ne pense pas qu'on gagnerait par 5, et je ne pense pas qu'une équipe NCAA gagnerait par 5 contre nous. »