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« C'est-tu vraiment en train d'arriver? » - Julien Tessier

Julien Tessier Julien Tessier - Simon Lahaye/SAPS
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Mise à jour

MONTRÉAL – À 4-0, Julien Tessier a commencé à perdre espoir.

« C'est-tu vraiment en train d'arriver? », a-t-il craint en observant Charles-Antoine Paiement célébrer le quatrième but des Stingers de Concordia qu'il venait de marquer en début de deuxième période.

Le règne des Patriotes de l'UQTR dans l'Ontario University Athletics (OUA) semblait soudainement tirer à sa fin, et la route vers un autre Championnat canadien s'annonçait quant à elle bien plus cahoteuse.

« On voyait le moment nous glisser entre les mains », reconnaissait Tessier, mardi, deux jours après la conclusion de la finale de la division Est de l'OUA disputée au meilleur de trois matchs.

Dominés 18-4 au chapitre des lancers au filet après une période dans l'ultime rencontre, les Pats avaient tout sauf l'air de champions canadiens en titre.

« On n'a pas vraiment joué, on les laissait attaquer, on les laissait patiner », analyse Tessier, un attaquant de 24 ans.

« C'est la meilleure performance de j'ai vue d'un adversaire à Trois-Rivières dans mes neuf années de coaching ici, louange pour sa part l'entraîneur-chef Marc-Étienne Hubert. Ils ont joué une période vraiment parfaite. Ils nous ont pilés sur le corps, ils nous ont dominés d'un bout à l'autre. Il faut donner le crédit à l'adversaire aussi. »

Ça ne prenait toutefois qu'un but, celui de Louis-Filip Côté inscrit à mi-chemin dans la rencontre, pour renverser la tendance et mettre de la vie dans les estrades populeuses, mais inanimées du vétuste Colisée Jean-Guy-Talbot.

« La réaction de la foule, ç'a vraiment été l'élément déclencheur qui nous a donné l'étincelle dont on avait besoin », pense Hubert.

« La foule a levé et a commencé à être bruyante comme je ne l'ai jamais vue au Colisée, poursuit Tessier, un vétéran de trois saisons sur le point de graduer. Ça nous a donné le p'tit espoir qu'il nous fallait. Ensuite, ç'a déboulé assez vite. »

Moins de deux minutes plus tard, Tessier faisait lui-même 4-2, incitant encore plus les 1507 fidèles de l'équipe réunis dans l'aréna à se faire entendre et à y croire. Tout était maintenant permis.

« Après avoir fait 4-2, c'était clair dans notre tête que c'était notre match et qu'on était capables de compléter la remontée, affirme le meilleur pointeur de l'OUA en séries avec 2 buts et 7 passes. Faire 4-1, ça nous a redonné espoir. Ramener ça à 4-2, ça nous a juste confirmé qu'on allait réussir. »

Zachary Lavigne, avant la fin du deuxième tiers, et Simon Lafrance, sur le jeu de puissance en milieu de troisième période, ont ensuite achevé la remontée, provoquant la tenue d'une prolongation. Dès la septième minute de jeu de celle-ci, le défenseur Jordan Lepage a semé la joie dans la bâtisse en s'aventurant dans l'enclave pour enfoncer un retour de lancer derrière le gardien des Stingers Jonathan Lemieux.

« Je ne pense pas qu'il y a grand-monde qui l'avait vu venir ce retour. C'est une game qui va rester spéciale à vie pour tous les joueurs », estime Tessier.

« C'est un sentiment partagé. La première période a tellement été pénible qu'elle est difficile à oublier malgré la remontée », décantait quant à lui Hubert moins de 48 heures après l'improbable triomphe des siens.

« On a eu une bonne discussion avec l'équipe après le match. Je peux te dire une affaire, on était tous terre à terre. Il n'y avait pas de champagne et il n'y avait pas de grandes célébrations, je te l'annonce. [...] Les gars ne sont pas fous, ils ont assez d'expérience pour savoir qu'ils ont été humiliés en première période. »

Hubert espère donc que ses joueurs ont eu leur leçon. D'autant plus que ce passage à vide n'est pas le seul que les Patriotes ont connu dans cette série qu'ils ont amorcée avec un revers de 5-1 mercredi dernier, avant de se relever deux jours plus tard avec un gain de 5-3.

« Dans les deux derniers matchs de la saison qu'on a joués contre [Concordia], on a gagné 4-0 et 6-2. Le coach peut dire bien des affaires, mais les gars, inconsciemment, ils se disent : "on va s'en sortir, on les a battus 4-0 et 6-2". Ils l'ont vécu dans le match no 1. Ils ont rebondi solide dans le match no 2 et là ils ont peut-être pris certaines choses à la légère dans le match no 3. Heureusement, à mi-chemin dans le match, on a pesé sur l'accélérateur. Sauf qu'une game de hockey c'est 60 minutes. »

Et de la marge de manoeuvre, il n'y en a plus ou presque.

Les Patriotes de l'UQTR célébrant leur victoire en finale de la division Est de l'OUA.

Windsor, terre hostile

Jeudi matin, les Patriotes monteront à bord d'un autobus pour un trajet d'une douzaine d'heures les menant jusqu'à l'Université de Windsor en Ontario afin d'y affronter les Lancers dans le cadre de la Coupe Queen's, le championnat de l'OUA.

Ce match ultime étant toujours disputé dans la province voisine, les Patriotes ne pourront donc profiter de l'avantage de la patinoire que leur aurait normalement conféré leur statut de champions du calendrier régulier.

« Chaque fois qu'on arrive à la Coupe Queen's comme équipe représentante du Québec, on sait très bien que c'est un environnement hostile qui nous attend », anticipe Hubert.

Windsor l'est tout particulièrement cette année. En 14 rencontres de saison régulière jouées dans leur amphithéâtre, les Lancers n'ont encaissé qu'un revers en temps réglementaire et une défaite en prolongation, avant de remporter leurs deux matchs éliminatoires à domicile.

Au classement général, les Patriotes ont devancé les Lancers de quatre points avec une récolte de 43, et ce même s'ils ont joué un match de moins. Les équipes de la division Est n'affrontant pas celles de l'Ouest durant le calendrier régulier, il s'agira d'un premier affrontement entre les deux clubs.

« Ça va être une belle expérience, mais on le sait qu'on aura un adversaire coriace devant nous qui va jouer un match très solide à domicile », signale Hubert.

Peu importe le dénouement de ce face-à-face, les Patriotes et les Lancers sont assurés d'une participation au Championnat canadien, qui se déroulera du 16 au 19 mars à Charlottetown sur l'Île-du-Prince-Édouard. Les Stingers pourraient quant à eux les accompagner en cas de victoire dans le match de la troisième place de l'OUA, qui les opposera aux Thunderwolves de l'Université Lakehead samedi soir à Thunder Bay.

« On a déjà notre place, mais on en a parlé tous les gars ensemble, on veut arriver avec la même mentalité que l'année passée, note Tessier. On ne veut pas arriver au Championnat canadien comme une équipe de deuxième place. On veut gagner. La Coupe Queen's c'est un do or die pour nous. On l'approche comme s'il n'y avait pas de lendemain. C'est rare dans la vie que tu as l'occasion de gagner des coupes. Chaque occasion qu'on a de gagner de quoi ensemble, ça crée des souvenirs pour la vie. »