MONTRÉAL – Les deux derniers repêchages de la Ligue nationale, Xavier Simoneau les avait passés au même endroit et dans le même état d’esprit : devant son téléviseur et déçu.

Pour ce qui allait sans doute être sa dernière année d’admissibilité, le jeune homme de Saint-André-Avellin en Outaouais avait décidé de changé d’approche. Son samedi après-midi, il allait le passer sur un terrain de balle pour voir au bon déroulement d’un tournoi qu’il avait lui-même organisé, entouré d’amis et de membres de sa famille.

« Dans ma tête, je me disais : "Peut-être qu’en septième ronde, je vais sortir", alors l’idée était de finir mon match et ensuite de sauter sur mon cellulaire pour écouter ça », expliquait Simoneau, qui a finalement dû se faire remplacer avant la fin de sa journée sur les sentiers. Dans un scénario qui lui a vite fait oublier ses vieilles déceptions, on lui a appris que le Canadien en avait fait son choix de sixième ronde, le 191e du repêchage.

Le CH n'a pas eu peur de piger dans la LHJMQ

« Je suis encore sur le choc honnêtement, a-t-il laissé tomber après le récit de sa journée. Je vous parle, on dirait que je suis un enfant. Je suis tellement ému, je suis tellement content. Je suis sans mot, pour vrai. »

Simoneau a dévoilé qu’il avait rencontré les dirigeants du Canadien jeudi et qu’il avait eu « une bonne discussion avec eux ». On lui avait dit que son nom se retrouvait sur la liste compilée par l’équipe de recruteurs. Mais à 20 ans, l’ancien capitaine des Voltigeurs de Drummondville préférait ne pas se bercer d’illusions.

« Je croyais en mes chances, mais je ne me faisais aucune attente, nuance-t-il. Ça faisait une couple d’années que je ne me faisais pas réclamer et je savais qu’à mon âge, c’est souvent des invitations, des signatures. Mais on dirait que je ne me suis tellement pas fait d’idée que c’est là que ça arrive... »

Le directeur général adjoint et grand manitou du recrutement amateur du Canadien, Trevor Timmins, a décrit l’attaquant de 5 pieds 7 pouces et 174 livres comme un coup de cœur qu’il avait à l’œil depuis longtemps, mais dont le contexte n’était pas favorable à la sélection avant cette année.

« Son ratio gabarit/vitesse n’était pas où on voulait le voir dans le passé, mais il s’est amélioré », a d’abord noté Timmins pour préciser sa pensée.

« C’est sûr que tu ne peux jamais être trop rapide. Je suis un gars qui est quand même rapide, mais je veux quand même améliorer ça parce que pour atteindre la Ligue nationale, faut que tu sois rapide. Et je sais que je suis capable de changer quelques facettes de mon patin pour y parvenir », avance l’auteur de 37 points en 27 matchs la saison dernière.

Timmins a ajouté que le succès de l’expérience tentée avec Rafaël Harvey-Pinard il y a deux ans avait incité le Canadien à relancer les dés. Comme Simoneau, Harvey-Pinard a été repêché à 20 ans. Après avoir complété son stage junior, il a signé un contrat d’un an avec le Rocket de Laval dans la Ligue américaine. Il a ensuite signé son contrat d’entrée dans la LNH avant la fin de sa saison recrue chez les professionnels.

« Je ne suis pas le genre de personne qui se dit : "un tel s’est fait repêcher, donc j’ai des chances..." Mais c’est sûr que c’est le fun de voir un gars comme Rafaël Harvey-Pinard se faire repêcher à son âge. Ça me dit : ‘Ok, c’est pas fini’, au contraire. »

Timmins a aussi mentionné que le Canadien s’est laissé attendrir par les succès de plus en plus fréquents de joueurs aux gabarits plus modestes à travers la LNH.

« On voit de plus en plus de gars qui ne sont pas repêchés faire leur propre chemin. Alors je me dis que si ces gars-là sont capables de le faire, je sais que j’en suis capable aussi. J’ai tellement vécu d’embûches dans ma vie et je suis capable d’en prendre encore. Je sais que le chemin peut être long, mais je sais que je suis capable d’y arriver. »

Dans l’immédiat, la suite du parcours est floue pour Simoneau. Celui qui a été échangé aux Islanders de Charlottetown en juin dernier pourrait aller terminer son stage junior sur l’île-du-Prince-Édouard. Il pourrait aussi signer un premier contrat professionnel et entrer en compétition pour un poste avec le Rocket de Laval dans la Ligue américaine ou avec les Lions de Trois-Rivières dans la ECHL.

Au moment de rencontrer les médias, celui que Timmins a comparé à « un mélange de volonté, de ténacité et d’intelligence » était trop émotif pour évaluer rationnellement ses options, mais encore assez lucide pour éviter de crier victoire.

« Je me préparais en conséquence [d’être invité à] un camp dans la LNH. Je ne savais pas où, mais j’ai un gros été d’entraînement présentement. Je vais être fin prêt pour arriver au camp du junior majeur, mais aussi celui du Canadien de Montréal. Et je m’en vais là avec une idée en tête : moi c’est un contrat que je veux décrocher. » 

« Oui je me suis fait repêcher, mais la job n’est pas terminée, réalise-t-il. Je sais ce que je veux accomplir dans la vie et je sais que je suis capable de le faire. C’est une très belle journée, mais je n’ai pas atteint mon rêve encore. »

Xavier Simoneau en sons et images