Ce n’est qu’après la séance de repêchage en juin, et peut-être même seulement après le 1er juillet, que j’évaluerai le travail qu’aura accompli Marc Bergevin cette année. Pas avant.

Les gens tireront toutes sortes de conclusions après ce passage passablement tranquille pour l’état-major du Canadien, mais je ne pense pas que le but était de transformer l’équipe en une journée. Il s’agissait plutôt de mettre ses pions en place pour entreprendre un virage jeunesse.

J’aime les joueurs de rôle que Bergevin est allé chercher avec les acquisitions, au cours des derniers jours, de Phillip Danault et Stefan Matteau. À long terme, je crois que le club en sort gagnant puisque ce sont des joueurs qui viendront éventuellement remplacer les Brian Flynn et Torrey Mitchell. Si on inclut là-dedans le récent rappel de Michael McCarron, je trouve que c’est un beau projet.

Je vois Danault comme une version améliorée de Michaël Bournival. C’est un gars d’énergie, un rapide patineur qui a beaucoup de caractère. N’oubliez pas qu’il a été capitaine de son équipe junior à 17 ans et qu’il a fait partie d’Équipe Canada. Pour moi, il n’y a pas de doute que Montréal a mis la main sur tout un compétiteur. Je crois que c’est un gars que les partisans vont grandement apprécier.  

S’il réussit à atteindre son plein potentiel, Matteau pourrait représenter cette organisation pour de nombreuses années. L’important, c’est qu’il ait réalisé les bonnes choses au cours des dernières années. C’est un jeune homme qui a vécu des épreuves, qui a eu beaucoup d’occasions d’apprendre de circonstances difficiles. S’il est assez mature pour avoir appris ses leçons, on pourrait avoir un beau joueur de hockey entre les mains. Il ne sera jamais un gars de premier trio, mais il peut assurément amener une dimension intéressante. Matteau est un gros attaquant qui est capable de compléter des bons joueurs de hockey. Et c’est un gars de caractère, ça on le sait! Il doit simplement être capable de gérer ses émotions et de les canaliser dans la bonne direction.

Ces premières décisions de Bergevin pourraient, potentiellement, en préparer d’autres. Si McCarron démontre, dans son essai d’une vingtaine de matchs, qu’il est prêt, et si Charles Hudon vient le rejoindre et prouve qu’il peut prendre une place, c’est parfait! Peut-être que ça permettra alors au Canadien de se départir d’un Eller, d’un Desharnais ou d’un Plekanec dans la saison morte. Il faut voir ce que ces gars-là on dans le ventre et aujourd’hui, Bergevin a peut-être pris un peu d’avance sur le plan initial.

Les partisans auraient peut-être aimé assister à quelques transactions majeures – et je ne peux pas les blâmer! – mais on ne peut pas changer une organisation de fond en comble pendant une période de quelques heures sous pression.

Le Canadien est présentement 13e dans l’Est. Il n’y a pas une tonne de gars qui intéressent les autres équipes, à part ceux qui font partie du noyau. Si tu veux prendre le temps de faire une bonne transaction, c’est souvent à tête reposée, pendant l’été, que ça se passe. À la date limite, tout le monde est près du plafond salarial et personne ne veut se commettre à long terme. On veut de l’aide immédiatement pour les séries. Je crois donc que c’est dans quelques mois qu’on pourra faire une transaction hockey et changer le visage de cette équipe.

On s’est rendu compte de beaucoup de choses cette année avec la perte de Carey Price. On s’est aperçu qu’on n’était peut-être pas aussi bon qu’on le pensait. On ajuste maintenant le tir. Il y a un plan qui est mis en marche, c’est certain.

« J'aurais aimé rester »

Les larmes de Smith-Pelly

Devante Smith-Pelly a mal encaissé l’échange qui l’a envoyé au New Jersey. Devant les caméras de télévision, il n’a pu retenir ses pleurs. Selon moi, ce n’était pas des larmes de crocodiles.

Je comprends ceux qui diront qu’il aurait pu en faire plus et que c’était à lui de démontrer, avec son jeu sur la patinoire, qu’il voulait rester. En même temps, je ne peux m’empêcher de voir le côté humain de la situation.

J’ai été dans les mêmes souliers et je comprends très bien comment il se sent. Quitter une organisation dans laquelle tu t’entends bien avec tout le monde, un environnement dans lequel tu te sens bien, ce n’est pas facile. Ça va bien plus loin que de changer de vestiaire. C’est toute ta vie qui est chambardée, qui change de bout en bout. Nouvelle ville, nouveaux coéquipiers, nouveaux défis. Je comprends sa réaction. De plus, c’est toujours difficile de partir en milieu de saison. Ce genre de pilule est beaucoup plus facile à avaler dans la saison morte.

Du positif pour Mike Brown

Mike Brown : rien de négatif

Pour avoir joué contre lui, je connais un peu Mike Brown, que le Canadien a réclamé au ballottage en début de journée.

C’est un dur-à-cuire qui ne fera pas mal à l’équipe. Il obtiendra un minimum de temps de jeu et sa présence va permettre aux jeunes de se sentir en sécurité sur la patinoire. En plus, dans une équipe qui en arrache parfois côté leadership et caractère, sa présence ne pourra qu’aider.

Bref, c’est un gars qui n’aidera pas offensivement, mais au moins il ne nuira pas.