Maintenant que l’écran de fumée érigé par les excuses, les doléances et les promesses de changements lancées en cascade lundi par Geoff Molson et Marc Bergevin s’est un peu dissipé, la question principale demeure : que fera le Canadien pour éviter d’offrir à ses partisans une saison aussi catastrophique l’an prochain que celle qui vient de prendre fin?

 

On n’a pas eu de réponse lundi.

 

Elle ne viendra pas aujourd’hui non plus.

 

Les meilleurs moments du bilan des dirigeants

De fait, je conviens qu’il faudra du temps avant d’obtenir des indications plus précises quant aux moyens que Marc Bergevin prendra pour passer des belles paroles aux actes.

 

Mais au-delà l’écran de fumée, il faudra agir. Car ce ne sont pas les belles paroles de lundi qui sauveront le job de Bergevin; qui relanceront la concession de Geoff Molson. Ce sont les actions concrètes.

 

Plaider coupable comme messieurs Molson et Bergevin l’ont fait lundi c’était facile. Très facile même. Considérant que le Canadien a perdu 40 fois en temps réglementaire, qu’il s’est contenté de 11 victoires à l’étranger, qu’il a marqué moins de buts que l’an dernier alors qu’autour de la LNH la fluctuation était à la hausse et qu’il, comme l’a convenu Marc Bergevin, n’a jamais été dans la course aux séries, ces grands plaidoyers allaient de soi.

 

Comme il allait de soi que Geoff Molson assure que les prix des billets, de la bouffe, de la bière et des « cossins » vendus aux quatre coins du Centre Bell resteront les mêmes. C’est déjà tellement cher qu’il aurait été indécent, voire suicidaire, d’annoncer une hausse des prix. Mais attention! Il faudra voir si les grands génies de la finance du Canadien ne trouveront pas le moyen de venir piger dans vos poches de droite ce qu’ils laisseront dans vos poches de gauche.

 

Mais si, comme le directeur général et son propriétaire l’ont indiqué trop souvent lundi, le plan secret du Canadien repose essentiellement sur une embauche miracle sur le marché des joueurs autonomes – vous pouvez lire ici le nom de John Tavares – du retour en grande forme de Carey Price, du retour en santé de Shea Weber et d’un influx de caractère pour changer l’attitude de perdant qui a miné le vestiaire toute la saison, les partisans ont raison de déjà s’inquiéter et même d’anticiper le pire.

 

John Tavares à Montréal? Oui c’est possible. Comme il est possible de jouer au golf à Montréal le 1er avril sur du gazon aussi vert que celui du parcours Augusta National où Patrick Reed a gagné le Tournoi des maîtres en fin de semaine dernière.

 

De possible, le scénario Tavares glisse donc rapidement et plus réalistement au rang de peu probable. Même avec Price et Weber en grande forme et en santé.

 

Pourquoi? Parce que contrairement à ce que Geoff Molson a prétendu lundi, Montréal n’est plus la Mecque du hockey. Le Centre Bell n’est plus le « plus meilleur » amphithéâtre de la planète hockey. Le Canadien qui se drape dans ses 24 bannières de la coupe Stanley n’est plus la grande organisation que toutes les autres équipes veulent copier, la grande organisation au sein de laquelle tous les joueurs de la LNH rêvent de jouer. Qu’ils soient du Québec, du Canada ou d’ailleurs.

 

Le Canadien est maintenant une organisation parmi tant d’autres. Une organisation avec un passé lointain brillant il est vrai, mais un passé récent beaucoup plus terne – est-il besoin de rappeler la dernière conquête date de 1993 et qu’il ne s’est jamais rendu en grande finale au cours des 25 dernières années – un présent plus que décevant et un avenir inquiétant. Une organisation dont les espoirs de succès reposent toujours en trop grande partie sur les performances d’un seul joueur : son gardien Carey Price.

 

Et vous pensez que Tavares préférera le Canadien aux autres organisations qui ont de beaucoup meilleure mine et qui ont mieux à offrir sur le plan des performances? Du milieu et du climat de travail? Du milieu de vie et climat proprement dit?

 

Comme je l’écrivais plus haut : c’est possible, mais peu probable.

 

L’attitude a le dos large

 

Price meilleur? Ça devrait arriver. Je l’espère pour Marc Bergevin s’il veut sauver son job et pour Geoff Molson s’il veut obtenir un retour satisfaisant sur l’investissement qu’il a fait en accordant à son gardien vedette le contrat de huit ans à 10,5 millions $ par saison qui entrera en vigueur l’automne prochain.

 

Weber en santé? Ça devrait arriver ça aussi. Et il le faudra. Car la fenêtre de trois ou quatre saisons au cours desquelles on pouvait miser sur le fait que Weber soit meilleur – ou au moins aussi bon – avec le Canadien que P.K. Subban qu’il est venu remplacer commencera à se refermer l’an prochain, l’année suivante et les autres qui suivront.

Price, c'est lui le problème d'attitude?

 

Mais est-ce que ces deux joueurs changeront du tout au tout l’attitude de perdants, ou de « looser » puisque c’est ce dont il est vraiment question ici, qui a fait si mal au Canadien aux dires de Marc Bergevin?

 

Ils y arriveront peut-être un peu. Mais complètement? C’est difficile à croire.

 

Être bon, hargneux, confiant quand tout va bien c’est facile. Comme il est facile – ou plus facile si vous voulez – de marquer des buts et de récolter des points en avantage numérique ou lorsque les matchs ne veulent plus rien dire et que l’opposition se contente de faire acte de présence.

 

Demeurer bon, hargneux, confiant quand c’est difficile, quand ça va mal, quand ça doit faire mal pour obtenir des résultats, c’est une tout autre histoire.

 

C’est ce visage que le Canadien a affiché tout au long de la saison. C’est pour ça qu’il est exclu des séries, qu’il a égalé son record de médiocrité avec ses 40 revers en temps réglementaire et qu’il est difficile de croire la haute direction du Canadien quand elle assure qu’un simple changement d’attitude sortira le Canadien du merdier dans lequel il a patiné toute l’année et le guidera vers la terre promise.

 

Le talent mousse l’attitude

 

Au-delà l’attitude, il faut des joueurs capables de se démarquer à l’attaque, de s’imposer en défense, de rivaliser avec l’adversaire pour mousser une attitude gagnante. À ce niveau, le Canadien n’est pas assez fort. Geoff Molson, Marc Bergevin et Claude Julien pourront insister tant qu’ils voudront sur l’attitude à changer, ils n’arriveront jamais à faire du cristal avec de la cruche.

 

Voilà pourquoi Marc Bergevin doit corriger les erreurs qu’il a commises avec la complicité des hommes de hockey qui l’entourent. Il se doit de défaire de la cruche trop présente dans son vestiaire pour au moins offrir l’an prochain du verre de meilleure qualité.

ContentId(3.1270377):Canadiens : François Gagnon s’attarde aux changements possibles à l’extérieur de la glace
bellmedia_rds.AxisVideo

 

Il faudra sans doute patienter pour le cristal, mais il est hors de question de patienter davantage dans la quête d’un centre capable de diriger un vrai premier trio et d’un vrai défenseur capable d’évoluer à la gauche de Shea Weber.

 

La relance du Canadien passe par des embauches de joueurs solides qui prendront la place des trop nombreux qui ont été appelés à remplir, la saison dernière, des rôles qu’ils ne pouvaient remplir.

 

L’attitude c’est bien. Ça peut même faire des miracles comme on l’a vu avec les « rejets » qui ont mené les Golden Knights de Las Vegas à leur saison de rêve.

 

Mais quand on compare le Canadien et les Golden Knights la réalité est bien simple : les rejets de Las Vegas ont malgré tout plus, ou au moins autant, de talent que les « vedettes » que le Canadien a acquis et chèrement payées au cours de la dernière année.

 

Et si Marc Bergevin arrive à renflouer son équipe en fait de talent, l’attitude changera et les victoires suivront. Peut-être pas en assez grand nombre pour se rendre aux grands honneurs, mais assez pour raviver de l’optimisme au sein d’une armée de partisans qui a rendu les armes depuis longtemps.

ContentId(3.1270341):Canadiens : Pacioretty veut revenir, mais avec le C!
bellmedia_rds.AxisVideo

 

Et vous savez quoi, M. Molson?

 

Lorsque l’équipe recommencera à avoir de l’allure, vous n’aurez pas à revoir vos plans de communications, à vous assurer que les hot-dogs sont bons et chauds, que la bière est froide et à imputer à la construction et aux bouchons de circulation le fait que le Centre Bell se remplit à la fin de la première période et qu’il se vide dès le milieu de la troisième et même avant lorsque le club perd par plus d’un but.

 

Car l’expérience client du partisan du Canadien de Montréal passe d’abord et avant tout par la victoire. Et c’est très bien ainsi.

 

Bon! Il serait quand même bon pour l’image de votre équipe de revoir la présentation d’avant-match, une présentation qui, cette année, n’était qu’une diarrhée de formes géométriques de différentes couleurs diffusées sur la patinoire comme si les concepteurs avaient voulu donner un aperçu de tout ce que leurs machines pouvaient produire sans égard avec le hockey et de sauver l’âme et l’intelligence de vos partisans de la Tam-Tam Cam, de la recherche du « Sasquash » dans les gradins et de tous les concours qui cachent malhabilement de la publicité et des promotions.

 

Des fois, du haut de la galerie de presse, je crois apercevoir les yeux de tous les grands de votre organisation qui font du coude à coude sur l’anneau d’honneur qui ceinturent le balcon du Centre Bell se fermer tant ils sont découragés. Et pas seulement en raison de la piètre qualité du hockey qui défile sous leurs yeux.