Beaucoup trop de cadeaux
MONTRÉAL - Martin St-Louis a généreusement défendu ses joueurs après la défaite de 5-3 encaissée, jeudi, en Caroline. L'entraîneur-chef a même insisté pour dire qu'ils avaient disputé un bon match.
Vraiment?
St-Louis a tout de même convenu que ses joueurs avaient les patins dans la tourtière en première période. Ça sautait tellement aux yeux qu'il était difficile, voire impossible, de prétendre le contraire.
Mais le plaidoyer à l'endroit de ses joueurs était un brin généreux. Même deux!
Pourquoi? Parce que sur les quatre premiers buts marqués par les « Canes », ses joueurs ont été plus généreux encore. Ils auraient même mérité des mentions d'aide tant ils ont facilité la tâche de leurs adversaires avec des couvertures défensives au mieux désolantes, au pire inexistantes. Des couvertures défensives bâclées qui ont permis aux Hurricanes de marquer dès les premiers instants du match et de la période médiane.
Pis encore, rarement cette année a-t-on vu les joueurs du Tricolore être autant déclassés dans les batailles à un contre un le long des bandes, dans les batailles pour les rondelles libres, dans les batailles... tout court.
Pas question de leur enlever le mérite d'avoir comblé un recul de 0-2 dans un troisième match de suite. D'avoir créé l'égalité une deuxième fois (3-3) dès la 25e seconde de la troisième période.
Mais l'égalité de 2-2 après les 20 premières minutes de jeu et celle de 3-3 après que Josh Anderson, en échappée, eut marqué son cinquième but à ses cinq derniers matchs – son sixième de la saison – étaient très inégales tant les Canes contrôlaient la rencontre.
Les 75 tirs décochés par les joueurs de Rod Brind'Amour, 25 de plus que ceux de Martin St-Louis, reflètent davantage l'allure de la rencontre que le score final et le fait que les « Canes » ont eu besoin d'un but dans un filet désert pour sceller l'issue du match.
J'ajouterais que le Canadien doit au « courage » de Martin St-Louis qui a contesté – avec raison – ce qui s'apprêtait à être le troisième but du premier tiers accordé par son équipe, le fait que le Tricolore est resté dans le coup... ou a donné l'impression de l'être.
Sans cette contestation réussie, les « Canes » auraient annulé l'effet positif du but que Mitchell Stephens venait de marquer en prenant les devants 3-1. Au lieu de profiter d'une avance de deux buts, les « Canes » ont finalement retraité au vestiaire sur une égalité de 2-2 après que Michael Matheson eut marqué avec quatre secondes à faire au premier vingt.
Toute une différence.
Caufield et Slafkovsky sur le banc d'école
Les erreurs défensives multipliées sur les trois premiers buts étaient si flagrantes qu'elles devraient être non seulement en vedette dans la salle de visionnement, mais servir de base de référence sur ce qu'il ne faut absolument pas faire en zone défensive si on veut éviter d'offrir des buts à l'ennemi.
Sur le premier but du match, Cole Caufield se laisse hypnotiser par la rondelle comme Ulysse par le chant des sirènes. Malheureusement pour Caufield, il n'était pas attaché au mât de son bateau comme l'avait exigé Ulysse afin d'éviter de sauter par-dessus bord. Résultat : le petit Cole se sort du jeu complètement. Il tourne le dos au danger et laisse Brent Burns libre comme l'air lui permettant de prendre d'assaut le territoire et d'orchestrer un but rapide et facile.
Parlant de tourner le dos, il faudra rappeler à Juraj Slafkovsky que se laisser glisser en repli défensif tout en regardant son gardien au lieu d'identifier les dangers potentiels autour de lui est une très mauvaise idée.
Bon! Le jeune « Slaf » jouait du bon hockey avant la pause de Noël. Il donnait même l'impression d'avoir non seulement compris, mais appliquait aussi les règles de base du jeu. Un petit rappel à l'ordre serait de mise...
Dans le cas de Caufield, c'est plus inquiétant. Car le petit marqueur qui ne marque pas souvent depuis le début de la saison est très souvent – trop en fait – pris sur les talons en zone défensive. Ou pris au dépourvu après des prises de décisions déficientes.
On l'a d'ailleurs remarqué dès le deuxième but du match. Cette fois, Caufield, Slafkovsky et Nick Suzuki se sont agglutinés près de leur filet laissant la moitié de la zone défensive sans surveillance.
Avec les résultats qu'on connaît!
Sur le troisième but, les petits vieux Joel Armia, Christian Dvorak et Brendan Gallagher sont loin d'avoir donné le bon exemple aux petits jeunes.
Que non!
Au lieu de mettre leur expérience au service de leur équipe, au lieu de venir appuyer les défenseurs Kaiden Guhle et Justin Barron qui en avaient plein les patins derrière le but de Cayden Primeau, ils se sont contentés de tricher en demeurant trop haut dans leur territoire des fois qu'ils recevraient une passe susceptible de les propulser en échappée.
Cette passe n'est jamais venue.
En fait oui, elle est venue. Mais elle est venue de la lame du bâton de Stefan Noesen qui a volé la rondelle à Kaiden Guhle avant de la refiler à Jesper Fast. Fast n'a pas même eu à se presser pour décocher un tir parfait. La rondelle avait déjà déjoué Primeau et était ressortie du but lorsqu'Armia, Dvorak et Gallagher sont apparus dans le décor... à titre de figurant.
Primeau dans tout ça?
À son deuxième départ consécutif, on ne peut pas reprocher grand-chose à Cayden Primeau.
Victime des mauvaises couvertures défensives de ses coéquipiers, il serait aussi exagéré qu'injuste de lui imputer le blâme sur les trois premiers buts.
Il aurait pu en voler un des trois? Peut-être. Mais à un moment donné, on ne peut pas demander aux gardiens de voler l'adversaire pour sauver les fesses de ses coéquipiers.
Cela dit, sur le quatrième but, marqué au terme d'un très beau jeu des « Canes » sur une permutation des joueurs aussitôt après une mise en jeu gagnée en zone du Canadien, Primeau a été traversé par la rondelle.
Le tir d'Andreï Schvenikov était bon. Peut-être même très bon. Mais sur ce jeu, le Canadien et son jeune gardien avaient besoin d'un arrêt. D'un arrêt qui n'aurait pas été placé dans la colonne des vols, mais simplement dans celle des arrêts solides et nécessaires pour faire la différence dans un match.
Et cet arrêt n'est pas venu.
Si l'état-major du Canadien espérait une solide performance de Primeau pour mousser l'intérêt des « Canes » à son endroit, ça devra attendre.
Mais sans être spectaculaire, Primeau a insufflé plus de confiance à son équipe dans la défaite qu'Antti Raanta en a insufflé aux « Canes » dans la victoire.
Véritable girouette devant son filet, le gardien finlandais boudé au ballottage avant Noël et fraîchement rappelé du club-école a autant contribué à garder le Canadien dans le match jeudi que Martin St-Louis l'a fait avec sa contestation gagnée en fin de première période.
Les Hurricanes demeurent une très bonne équipe. Mais pour reprendre leur place tout en haut du classement de la section métropolitaine ou de l'Association Est, ils auront grandement besoin de renfort devant le filet.
Entre les lignes
- Jesperi Kotkaniemi n'a rien fait, jeudi, pour relancer les doléances associées à sa perte par le Canadien en 2021. En 13 présences totalisant 9 min 41 s de temps d'utilisation – seul joueur des Canes sous la barre des 10 minutes – Kotkaniemi s'est contenté de décocher un tir bloqué en défensive et de gagner une des quatre mises en jeu qu'il a disputées. Je suis toujours incapable de concevoir comment Rod Brind'Amour peut composer avec un joueur qui se contente d'aussi peu en matière d'implication sur la patinoire...
- Vous avez trouvé que le match de jeudi, en Caroline, manquait de rythme? Qu'il s'est éternisé? Vous avez un brin ou deux raisons. Les officiels ont déposé 69 mises en jeu. Le plus haut total jusqu'ici cette saison...
- Soixante-neuf mises en jeu, c'est 14 de plus que la moyenne après 34 rencontres. À l'autre bout du spectre, le 29 novembre, à Columbus, le CH et les Jackets ont disputé 37 mises en jeu seulement...