À ce stade-ci d’un calendrier de 82 parties, la fatigue mentale accumulée est un facteur revêtant une grande importance dans le résultat des matchs.

Loin de moi l'idée jeter le blâme uniquement sur cet aspect, mais je peux comprendre que celle-ci ait frappé quelques joueurs du Canadien durant la séquence parsemée de hauts et de bas qu’il connaît.

Cette fatigue peut se traduire par une motivation moins grande pour certains d’un soir à l’autre, mais l’excuse ne tiendra pas la route encore bien longtemps, car les joueurs de 29 autres formations de la LNH sont confrontés aux mêmes réalités. Et ce sera encore plus vrai lorsque les hommes de Michel Therrien seront revenus du congé de cinq jours qui les attend après les rencontres du week-end face contre les Blues de St. Louis et les Bruins de Boston. À ce moment, la course vers les éliminatoires sera bien enclenchée, et en théorie, la motivation devrait être à son paroxysme.

Pour Marc Bergevin, chaque match lui donne des parcelles d’informations nouvelles pour effectuer l’évaluation de son personnel, mais je ne crois pas qu’une performance ou l’autre – la défaite gênante de 4-0 au Colorado par exemple – changera du tout au tout son analyse à l’approche de la date limite des échanges.

L’une des qualités d’un bon directeur général et d’un bon entraîneur-chef, à mon avis, est celle de pouvoir conserver la tête froide en évaluant son effectif, dans les moments de réjouissance comme dans les moments plus ardus. Il ne faut ni s’emballer ni céder aveuglément à la panique car la situation peut rapidement faire un virage de 180 degrés.

Je ne crois pas que le Canadien a été mauvais dans tous les matchs qu’il a perdus récemment. La prestation offerte à domicile contre les meneurs au classement général, les Capitals de Washington, samedi dernier en est un bon exemple.

Le plan a déjà été élaboré avec son entourage et je ne serais pas surpris qu’il effectue des mouvements de personnel pour donner un coup de pouce à son club à l’approche du hockey printanier. Il a été très discret ces derniers temps et j’ai l’impression que quelque chose se trame dans les coulisses.

La récente séquence a d’ailleurs persuadé plusieurs d’entre nous de la nécessité de bouger. Je ne m’étais pas laissé emporter par le début de saison fulgurant de l’équipe. On était plusieurs à croire qu’un besoin continuait de se faire sentir pour un joueur d’avant digne du top-6.

La progression d’Alex Galchenyuk, même si elle est intéressante et qu’il est un atout essentiel aux succès du CH, n’est peut-être pas suffisante pour permettre aux Montréalais de prétendre à une présence en finale de la coupe Stanley. Il y a un manque de « punch » évident et c’est un besoin pressant. Ceci dit, combien de centres de premier trio sont disponibles sur le marché? En ce sens, difficile d’exiger un échange d’impact.

En défense, je croyais le Tricolore en bonne posture, mais il a démontré une certaine fragilité depuis le retour des Fêtes. Un arrière de plus pour le top-4, capable de disputer une vingtaine de minutes par rencontre, ne serait pas de trop.

Le grand égalisateur cependant demeure le rendement de Carey Price. Si le joueur étoile de l’équipe reprend du poil de la bête – et je suis de ceux qui persistent à croire qu’il recommencera à jouer à son plein potentiel – il arrivera à camoufler tellement de faiblesses que soudainement, tous les espoirs seront à nouveau permis, nonobstant des mouvements effectués avant le 1er mars.

Existe-t-il une inquiétude à son endroit? Difficile de le nier. Mais il est tellement talentueux qu’à un certain moment, le naturel reviendra au galop. À mon sens, ce qui l’embête est plus mental que lié à un écœurement  quelconque. Le grand leader qu’il constitue dans ce vestiaire est sûrement plus pressé que n’importe qui de retourner à son niveau des dernières saisons.

C’est bien beau de dire que la pause lui sera bénéfique, mais je pense plutôt que ça lui prendra des départs pour reprendre son élan et sa confiance. Ce n’est pas en le ménageant qu’on le ramènera sur le droit chemin. Et la présence dans son coin de Stéphane Waite pour aider à remédier à ce qui l’ennuie me rassure encore plus sur les chances de voir le grand no 31 retrouver son éclat habituel dans le dernier segment du calendrier.

* propos recueillis par Maxime Desroches