Le Canadien a gaspillé une avance après 40 minutes pour une rare fois cette saison. Une très rare en fait comme le confirme son dossier de 22-2-1 lorsqu’il mène après deux périodes.

Le Tricolore s’est contenté de deux buts pour un quatrième match de suite, ce qui est trop peu, on en conviendra tous, pour s’offrir des chances réelles de victoire soir après soir.

Eh oui, la troupe de Michel Therrien a une fois encore perdu contre un club exclu des séries... du moins pour l’instant. Car avec leur victoire d’hier, les Panthers peuvent encore rejoindre et même dépasser les Bruins au huitième rang dans l’Est. Surtout que les deux clubs ont encore trois duels à se livrer d’ici à la fin du calendrier régulier.

Mais bien honnêtement, la défaite de 3-2 encaissée en tirs de barrage aux mains, jambières et mitaine de Roberto Luongo qui n’a été rien de moins qu’excellent jeudi soir au Centre Bell ne devrait pas plonger le Canadien et ses fans dans un profond désarroi.

C’est du moins ma prétention.

Avec Sergei Gonchar et Alexei Emelin blessés, avec Alex Galchenyuk confiné à la maison en raison d’une vilaine grippe, le duel face aux Panthers servait bien plus à mes yeux de baromètre pour évaluer Jarred Tinordi, fraîchement rappelé de Hamilton, Greg Pateryn et les autres jeunes joueurs de soutien qui tente d’améliorer leur sort avec le grand club qu’à consolider la place du Tricolore tout en haut du classement de la division atlantique et de l’Association Est.

Et sur ce point, les jeunes sortent de ce revers avec de bonnes notes à leur dossier.

Sekac très actif

Depuis le temps que je souhaite voir Jiri Sekac obtenir du temps d’utilisation de qualité, j’étais bien content de le voir profiter de l’absence de Galchenyuk pour se retrouver avec Tomas Plekanec et Lars Eller. Sekac a disputé un de ses bons matchs depuis le début de l’année. Il a patiné, il a été impliqué, il a généré de l’attaque et s’est aussi imposé avec plusieurs bons replis en défensive. Son différentiel de moins-2 porte ombrage à la qualité de son match. Car oui Sekac a bien joué. Du moins à mes yeux.

Bon! Il faudrait que Sekac aide sa cause en marquant de temps en temps. En récoltant un point ici et là.

Malgré ses trois tirs stoppés par Roberto Luongo, Sekac a prolongé à 20 sa séquence de matchs consécutifs sans but. C’est long. Et comme il n’a récolté que deux mentions d’aide au cours de cette période, on ne peut pas dire qu’il force la main à son entraîneur-chef de lui donner des minutes de qualité.

C’est d’ailleurs en raison de cette disette que Michel Therrien a justifié sa décision de favoriser P.K. Subban et Andrei Markov à Sekac et Lars Eller lorsque la séance de tirs de barrage s’est prolongée jeudi soir au Centre Bell.

« Ça fait deux mois qu’ils (Sekac et Eller) n’ont pas marqué. J’ai décidé d’y aller avec des gars qui ont plus d’habiletés », a répondu Michel Therrien lorsque je lui ai demandé d’expliquer pourquoi il avait gardé Sekac au banc.

La réponse du coach est tout à fait logique. Jiri Sekac a marqué son dernier but le 29 décembre. Dans le cas d’Eller, il a marqué le 7 février dernier dans le festival offensif de 6-2 aux dépens des Devils du New Jersey. Il s’agit toutefois de son seul but à ses 22 derniers matchs. Mettez-en que c’est long.

Mais comme on a vu David Desharnais profiter d’un but en tirs de barrage – dans une victoire contre les Blue Jackets à Columbus – pour sortir de sa torpeur offensive l’an dernier, il me semble que les efforts remarqués déployés par Sekac face aux Panthers auraient pu lui valoir une chance de se faire valoir en tirs de barrage.

Dans le cas de Lars Eller, je suis loin d’être convaincu qu’il méritait ce genre de récompense. Eller a dirigé sept tirs (trois cadrés) en direction de la cage défendue par Roberto Luongo, mais il me semble que je l’ai davantage remarqué en raison des revirements dont il s’est rendu coupable et des attaques qu’il n’a pas su compléter qu’en raison de ses bons coups réalisés.

Combien de temps Sekac passera-t-il avec Plekanec?

L’état de santé d’Alex Galchenyuk dictera la réponse à cette question. Mais à la lumière du match qu’il a disputé jeudi, il me semble que Sekac pourrait très bien évoluer à la droite de Plekanec et de Galchenyuk une fois remis de sa grippe. Il me semble que ça donnerait de la vitesse et du punch à ce deuxième trio.

Chose certaine, il me semble que cette expérience mériterait d’être tentée… plus qu’une période ou deux.

On verra!

Tinordi solide

Si Jiri Sekac m’a agréablement surpris, Jarred Tinordi l’a fait tout autant. Peut-être même plus. L’arrière rappelé de Hamilton mercredi soir a disputé une solide première période. On l’a vu bloquer un tir sur une rare poussée offensive des Panthers au premier tiers. On l’a vu asséner deux bonnes mises en échec. On l’a aussi vu jeter les gants devant le défenseur Alex Petrovic qui est venu défendre son coéquipier Tomas Fleischmann que Tinordi venait d’épingler dans la bande.

Oui, c’était le premier combat de Tinordi depuis la raclée encaissée le 9 janvier dernier alors qu’Andrey Pedan lui avait passé le K.-O. avec un coup de poing avant que Tinordi ne s’assomme une deuxième fois en tombant face première sur la glace.

« Tout s’est bien passé », a simplement commenté Tinordi entouré de journalistes dans le vestiaire.

Une fois les collègues partis dans un autre coin du vestiaire, je suis resté avec Tinordi. Je lui ai demandé quelle attitude il adoptait à l’aube d’un autre rappel du grand club.

Car s’il a réalisé quelques bons jeux en première période, s’il s’est imposé physiquement en jetant les gants en troisième, il a aussi commis quelques bévues en période médiane. Deux fois plutôt qu’une, en zone défensive en plus, Tinordi a perdu la rondelle alors qu’il tentait d’effectuer des passes.

Le genre de jeu qui pourrait miner ses chances de prolonger son séjour à Montréal.

« C’est justement ce que je dois changer cette fois-ci. Je dois cesser de me faire des soucis avec les erreurs que je commets. Je dois penser à l’ensemble de mes performances. Je dois éviter de me compliquer la vie. Le hockey est un jeu d’erreurs. Je vais en commettre. Mais je dois apprendre à les oublier rapidement pour pouvoir arriver à me racheter. Je crois que c’est la plus grosse erreur que j’ai commise lors de mes autres séjours à Montréal. Au lieu de me donner le mandat d’offrir du jeu à la hauteur de ce que je suis en mesure d’offrir, je perdais beaucoup de concentration en m’attardant beaucoup trop à ce que je faisais de mal », m’a indiqué Tinordi.

Est-ce que Tinordi a acquis assez de maturité pour convaincre Michel Therrien de l’utiliser davantage et de le garder au sein de sa formation, peu importe l’état de santé des autres défenseurs?

Est-ce que Tinordi a acquis assez de maturité pour convaincre Marc Bergevin et son état-major de lui offrir la chance de solidifier la brigade défensive du Tricolore plutôt que de conclure une transaction afin d’aller chercher un vétéran?

Il est trop tôt pour répondre à cette question.

Mais si Tinordi joue samedi – en tenant pour acquis qu’il sera en uniforme – contre les Blue Jackets de la façon dont il a joué jeudi face aux Panthers, il est possible qu’il puisse prolonger son séjour à Montréal.

Le mot clef est possible!

Pateryn et les autres...

J’ai préféré la performance de Greg Pateryn à Ottawa jeudi qu’au Centre Bell jeudi. Sans être mauvais, Pateryn m’a donné l’impression d’être un peu pris de court par la vitesse d’exécution des Panthers en zone du Canadien. C’est sans doute l’expérience qui entre…

Même s’il jouait sur une jambe, P.K. Subban a passé plus de 30 minutes sur la patinoire. Il n’a pas disputé 30 excellentes minutes de hockey. Mais considérant son état, ça peut certainement s’expliquer. « Oui ça fait mal, mais c’est le prix à payer. Et comme je ne me suis jamais gêné et que je me gênerai jamais pour tirer de toute mes forces devant des joueurs qui tentent de bloquer mes tirs même au risque de leur faire mal, il est normal que j’en paye le prix de temps en temps », expliquait Subban en riant après le match. La rondelle tirée par Bobby Ryan a atteint Subban juste en dessus de la jambière et au-dessus du protecteur que les joueurs du Tricolore utilisent pour couvrir leurs patins.

Comment ne pas aimer Brendan Gallagher. La petite peste du Canadien a marqué les deux buts de l’équipe se démenant au pays des géants jeudi soir. Non seulement Gallagher était à quelques pouces de Roberto Luongo lors de ses deux buts, mais le fougueux attaquant de 5’9’’ a remporté des batailles individuelles aux dépens du défenseur Erik Gudbranson qui mesure 6’5’’. Qui a dit que les petits ne pouvaient pas battre les grands! « Ces deux buts de Gallagher illustrent très bien ce qu’on demande depuis le début de l’année à nos joueurs de faire pour aller marquer. Il faut foncer au filet adverse et gagner des batailles. Exactement ce que Gallagher a fait ce soir », a commenté Michel Therrien en parlant des 14^e et 15^e buts de la saison de son jeune attaquant.

Blanchie lors de la seule occasion obtenue jeudi, l’attaque massive du Canadien ne revendique qu’un but à ses 18 dernières tentatives…

Le Canadien profite d’un congé vendredi. Il sera de retour en action samedi alors que les Blue Jackets de Columbus seront les visiteurs au Centre Bell. Les Jackets étant évincés des séries, doit-on s’inquiéter pour le Tricolore?