En moins d’une semaine, Yvan Cournoyer a pleuré la mort de ses deux anciens partenaires de trio, Gilles Tremblay et Jean Béliveau. Au lendemain d’une journée bouleversante, Cournoyer a accepté de se confier à la caméra de RDS.

À 71 ans, il aura à se remettre de ces deux grandes pertes dans sa vie et particulièrement celle de M. Béliveau qu’il considérait comme rien de moins qu’un deuxième père.

« La dernière journée a été très pénible. D’ailleurs, je ne crois pas que j’aurais pu vous accorder cette entrevue mercredi. C’est vraiment éprouvant de perdre les deux en une semaine », a avoué Cournoyer avec émotion.

Comme le racontait notre collègue Bertrand Raymond dans sa chronique, un moment très émouvant est survenu quand Cournoyer est allé le visiter pour une dernière fois. «Mon capitaine», s'est exclamé Cournoyer en le serrant dans ses bras et en pleurant à chaudes larmes. La scène était si touchante que la fille et la femme de M. Béliveau ont pleuré à leur tour.

« Il était capable de parler et j’avais été le visiter avec ma femme. Dernièrement, je craignais recevoir un appel chaque jour en raison son état. J’avais peur que sa mort arrive en connaissant son état », a évoqué Cournoyer à propos de cette visite.

Cournoyer a effectué ses premiers coups de patin au sein du Canadien avec M. Béliveau en 1963-64 et il aura le privilège de remporter cinq fois la coupe Stanley en sa compagnie. L’ancien numéro 12 garde des souvenirs impérissables de ce monument du hockey.

« On était toujours assis à côté et il me disait souvent que le temps passait si rapidement. C’est avec lui comme capitaine que j’ai gagné ma première coupe et je dirais qu’il a été comme un père pour moi », a confié le rapide patineur.

À plusieurs reprises, Cournoyer a été épaté par les réalisations de M. Béliveau et il n’oubliera jamais une séquence particulière face aux Blackhawks.

« Avec sa grande stature, c’était l’un des meilleurs avec la rondelle. Je me souviens d’une partie contre Chicago durant laquelle il avait déjoué Glen Hall un contre un. Je m’étais levé sur le banc et je l’avais applaudi. Il venait de réaliser un jeu tellement incroyable et c’est la seule fois que j’ai applaudi un jeu d’un coéquipier », a dévoilé celui qui a conclu sa carrière avec le Tricolore en 1978-79.

À ses yeux, M. Béliveau n’avait pas d’égal.

« C’est le plus grand, il était parfait Jean ! Il était tellement humble et respectueux. Il adorait Montréal et les spectateurs », a conclu Cournoyer sur un ton émotif.

M. Béliveau était même aimé de ses adversaires

Le hockey a bien changé depuis la retraite de Jean Béliveau en 1971. À cette époque, les adversaires se détestaient au plus haut point et il n’était pas question de partager un souper avec un opposant comme c’est maintenant coutume.

ContentId(3.1109027):Jacques Lemaire partage ses souvenirs
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Jacques Lemaire a fait son arrivée avec le CH en 1967 et il a eu le temps de disputer quatre saisons avec ce phénomène adoré de tous. L’ancien attaquant se souvient que M. Béliveau était l’exception à la règle.

« Personne n’aimait les adversaires sauf Jean. Ça venait de sa façon d’être et de parler », a vanté Lemaire à ce sujet.

Ce n’était pas la seule différence remarquable à cette époque. En effet, les séparations étaient encore plus prononcées entre les vétérans et les jeunes au sein d’une organisation.

« Quand je suis arrivé, il en était à la fin de sa carrière. Les plus vieux se tenaient davantage ensemble et il y avait un respect automatique envers eux et surtout à l’endroit de Jean Béliveau. J’avais une petite gêne de m’approcher de lui donc je ne peux pas utiliser entièrement le mot côtoyer », a décrit Lemaire avec franchise.

Comme plusieurs jeunes de sa génération, Lemaire a grandi en imitant les faits et gestes de M. Béliveau et des frères Maurice et Henri Richard. En accédant à la famille du Canadien et en jouant avec M. Béliveau, Lemaire a apprivoisé une culture qui a façonné sa carrière.

« Ce qu’on a appris avec lui, c’est comment gagner. Ça m’a resté toute ma vie, on a tellement eu de bons exemples en commençant avec le Canadien. Jean nous donnait l’exemple, on écoutait chacun de ses mots et il nous montrait la voie avec ses efforts. On rêvait de s’approcher de lui sans jamais penser l’égaler », a conclu Lemaire avec une tonne de respect.

Des amis précieux et fidèles

Jusqu’au dernier jour de sa vie, M. Béliveau a pris soin des gens et il s’est tissé de nombreuses amitiés sincères et durables. Parmi elles, Louise Richer et Richard Ouellet ont pu partager de merveilleux moments en sa compagnie.

Louise Richer a été son assistante pendant 22 ans à la vice-présidence communautaire du Canadien et elle adorait celui qui ne lui a jamais fait sentir qu’il était son patron.

Les souvenirs de Louise Richer

« Il était tellement fin avec tout le monde, c’est rare de voir ça. Je ne lui connais aucun défaut à part peut-être d’avoir été trop bon dans le sens de ne jamais refuser des demandes », a commenté Mme Richer à RDS.

Quant à M. Ouellet, il a développé une amitié qui a duré près de 60 ans à partir de premiers contacts par courrier. L’ancien maire de Saint-Simon-de-Rimouski chérira pour toujours sa relation avec M. Béliveau et il a réussi tout un tour de force pour lui rendre hommage.

Après dix ans de laborieuses démarches, il a pu faire inscrire à jamais le nom de Jean Béliveau dans le dictionnaire Larousse.

« Les gens ne s’imaginent pas toujours à quel point c’est gros. C’est lu dans tous les pays du monde et il se retrouve avec les présidents et les grands dirigeants de ce monde. Je suis aussi heureux de voir que le Robert Illustré l’a ajouté à son tour », a raconté M. Ouellet en identifiant ce dossier comme le plus beau de sa carrière.