Acheter à rabais dans le cas de Patrik Laine, une évidence pour Hughes et le CH?

Ce texte est une traduction d'un article produit par Travis Yost pour TSN.ca, et publié quelques heures avant l'échange envoyant Patrik Laine aux Canadiens.

C'est une question qui a dû être posée au sein de l'état-major de plusieurs formations de la LNH ces dernières semaines : acheter à rabais dans le cas de Patrik Laine, ou bien s'en tenir loin et jouer la carte de la prudence?

Assurément, le nouveau directeur général des Blue Jackets de Columbus Don Waddell ressentait une pression d'échanger l'ancien 2e choix au total. Après tout, le Finlandais avait été on ne peut plus clair sur sa préférence pour un échange avant le prochain camp préparatoire.

Il y avait certes quelques clubs intéressés à faire l'acquisition de ses services, mais on ne se bousculait pas aux barricades non plus.

Le fait qu'il reste deux saisons au contrat de quatre ans et 34,8 M$ (8,7 M$ sur la masse salariale) paraphé par Laine rendait difficile pour plusieurs équipes, d'un point de vue financier, un échange impliquant l'ailier de 26 ans en plein mois d'août. Sans nier les lacunes bien documentées du joueur, le salaire est pourtant raisonnable pour un attaquant du top-6 établi.

La question demeure bien en suspens : quel est l'apport potentiel de Laine à ce point-ci de sa carrière? Il a connu des séquences productives à Columbus entre 2020 et 2024, mais il est juste d'affirmer que la trajectoire de sa carrière a emprunté une courbe vers le bas relativement à ce qu'il a démontré à son entrée dans le circuit Bettman, avec les Jets de Winnipeg.

Depuis les quatre dernières campagnes, Laine ne totalise que 175 matchs, résultat d'une combinaison de blessures et de problèmes d'ordre personnel ayant mené à son adhésion au programme d'aide de la LNH en matière de dépendances. 

Les chiffres montrent toutefois que malgré ses absences répétées, le profil de Laine comme marqueur n'a pas changé tant que cela. Sa capacité à tirer profit de son excellent lancer continue de ressembler à celle de Steven Stamkos ou Ilya Kovalchuk, pour nommer deux exemples qui s'y apparentent. Ce type de joueur ne pousse pas dans les arbres, et c'est pourquoi les équipes demeureront intriguées par Laine.

Son sommet en carrière de 44 filets, à sa deuxième année chez les Jets, semble un lointain souvenir. Mais avec les Jackets, Laine est demeuré un marqueur de grande qualité, et ce, à forces égales autant qu'en avantage numérique.

Comme plusieurs marqueurs naturels, Laine fonctionne souvent par séquences. Quantité de joueurs de la LNH vivent cette réalité, mais les séquences de Laine, bonnes ou mauvaises, sont particulièrement prononcées. Il est facile de s'imaginer qu'un personnel d'entraîneurs puisse connaître son lot de frustrations lorsque le Finlandais est en panne sèche. Les carences en couverture défensive sont bien plus faciles à pardonner lorsqu'un joueur compense en remplissant le filet avec régularité.

Pour l'ensemble des 7000 minutes qu'il disputées à égalité numérique dans la LNH, le différentiel de buts de Laine n'est certainement pas idéal.

L'échantillon des trois dernières saisons est-il réellement une indication de ce qui s'en vient pour Laine avec sa nouvelle équipe? Peut-être moins qu'on le croirait, lorsque l'on considère que son partenaire de jeu le plus constant à Columbus aura été Boone Jenner, et que le défenseur avec lequel il a passé le plus de temps sur la glace aura été Andrew Peeke. Même les plus sceptiques quant au jeu d'ensemble de Laine devront reconnaître que le talent qui lui a été fourni en Ohio n'était pas à la hauteur.

Tout compte fait, la réponse à la question posée en début de texte est probablement que le risque en vaut la chandelle dans le cas de Patrik Laine. C'est d'autant plus vrai si le bilan de santé est au vert et que sa disposition au point de vue psychologique est meilleure qu'elle l'a été au préalable. 

Le fait que son contrat ne s'échelonne que sur des deux autres saisons, jumelé à sa réputation bien établie de redoutable marqueur, le tout dans une structure mieux pensée que celle des Jackets, est peut-être la solution à ce que Laine donne un second souffle à sa carrière.