Des éloges pour trois inconnus!
MONTRÉAL - Derek Lalonde l'a admis candidement : il ne connaissait rien de rien du quatrième trio du Canadien. Rien de Michael Pezzetta; rien d'Alex Belzile; rien de Rafaël Harvey-Pinard.
Du moins, avant le match. Car après la rencontre l'entraîneur-chef des Red Wings avait non seulement fait connaissance avec ces trois inconnus, mais il n'avait que des éloges à leur offrir : « Ces gars-là ont sans doute formé le meilleur trio sur la patinoire ce soir », que Derek Lalonde a tranché après la victoire de 4-3 arrachée en prolongation par ses Wings.
Une victoire que le quatrième trio du Canadien a grandement compliquée alors que Michael Pezzetta et Rafaël Harvey-Pinard, deux fois plutôt qu'une, ont effacé les trois avances d'un but que les Wings se sont donné au fil de la rencontre de jeudi.
Au centre du trio composé « d'inconnus » qui sont en voie de se faire connaître, Alex Belzile a contribué à deux des trois buts en amorçant les séquences qui ont permis à ses ailiers de marquer. L'autre but de « RHP » a été enfilé au terme d'une poussée à deux contre un du Québécois en compagnie de Kirby Dach, alors que le Canadien jouait à court d'un homme. C'est David Savard qui a amorcé la relance qui a mené à ce but.
« La performance des membres de ce trio démontre qu'il est possible pour n'importe qui d'arriver à se démarquer lorsque tu joues avec cœur, énergie et conviction », a lancé sur un ton élogieux l'entraîneur-chef des Red Wings.
Derek Lalonde aurait préféré que ses joueurs jouent beaucoup mieux devant Harvey-Pinard en fin de deuxième alors que le Québécois a nivelé les chances 3-3 avec moins de 90 secondes à écouler à la période médiane. Mais il n'a rien enlevé au mérite du quatrième trio : « Je n'ai vraiment pas aimé ce troisième but parce que nous leur avons ouvert la porte sur cette séquence. On a bien joué ce soir. On n'a pas donné grand-chose. Mais quand nous avons ouvert la porte avec des erreurs, ils ont su en profiter. Ce but en fin de deuxième a fait mal, car nous aurions pu retraiter au vestiaire avec une avance que nous méritions », que le coach des Wings a commenté.
Derek Lalonde n'est pas seul à avoir été impressionné par le rendement de Belzile, Harvey-Pinard et Pezzetta. Il y avait aussi les partisans massés dans les gradins sans oublier l'entraîneur-chef du Canadien.
« Je ne crois pas qu'ils aient connu une mauvaise présence », a d'ailleurs renchéri Martin St-Louis.
Une remarque qui auréole plus encore le travail des membres de ce trio que leurs trois buts marqués, leurs sept points récoltés en plus des première et deuxième étoiles décernées à Harvey-Pinard et Belzile.
À Montréal pour de bon? Oui, non, peut-être?
Le coach des Red Wings avait pleinement raison de souligner la quantité et la qualité des efforts et du travail déployés par les membres du « meilleur trio sur la patinoire du Centre Bell pour le match de jeudi soir ».
Car c'est un échec avant soutenu de Harvey-Pinard et Pezzetta qui ont frappé des Wings derrière le filet avant que Belzile ne fasse perdre la rondelle à Ben Chiarot qui a mené au premier but du Tricolore : celui de Pezzetta.
En plus de marquer deux fois, Rafaël Harvey-Pinard a démontré présence après présence la qualité de son coup de patin et sa volonté d'aider l'équipe de plusieurs façons : il a asséné quatre bonnes mises en échec – huit pour Pezzetta et deux pour Belzile – il a bloqué trois des 24 tirs bloqués par le Canadien et il a couronné une très solide présence défensive du quatrième trio en bottant la rondelle à l'extérieur de la zone pour mettre un terme à une séquence menaçant des Wings.
Plus discret que ses deux ailiers, Alex Belzile n'a pas été moins efficace. Dans les deux sens de la patinoire. Non seulement ses deux passes lui ont permis de prolonger à trois sa séquence de matchs consécutifs avec des points (quatre passes), mais il a été le meilleur du Tricolore avec huit mises en jeu gagnées sur les 12 qu'il a disputées.
Les membres du quatrième trio ont terminé la rencontre avec un différentiel collectif de plus sept alors que les membres du premier trio, Nick Suzuki flanqué de Josh Anderson et Rem Pitlick sont perdus à l'autre bout du spectre avec un moins sept!
Est-ce que les performances, éloquentes il est vrai, des membres de ce quatrième trio assurent Belzile, Pezzetta et Harvey-Pinard de postes définitifs avec le grand club?
À court terme : sans doute. Non seulement en raison du nombre étourdissant de joueurs blessés – Belzile et Harvey-Pinard sont d'ailleurs sous le coup de rappels par mesure d'urgence – mais aussi, mais surtout, parce que ces trois joueurs jouent de l'excellent hockey.
Ce sont eux qui donnent le ton. Qui donnent le rythme. Qui obligent les « vrais » joueurs de la LNH, ou qui sont supposés l'être, à déployer autant d'énergie qu'ils le font pour demeurer devant eux sur le tableau affiché dans le bureau des entraîneurs.
À long terme?
Le long terme est un luxe que des joueurs comme Alex Belzile, Rafaël Harvey-Pinard et Michael Pezzetta ne peuvent profiter. Pas plus que Rem Pitlick, Anthony Richard, Jesse Ylönen et les autres joueurs qui évoluent avec le Rocket de Laval et qui ne sont pas considérés comme des espoirs de premier plan pour prendre part à la relance du Canadien.
Ces joueurs sont jugés d'une présence à une autre. Et dès qu'ils connaissent plus de mauvaises présences que de bonnes, ils sont remplacés par d'autres qui tentent eux aussi d'atteindre la LNH et d'y rester.
C'est injuste? Totalement!
Mais c'est la triste réalité avec laquelle ces joueurs doivent apprendre à composer.
Allen calme la tempête
Les membres du quatrième trio ne sont pas les seuls à s'être démarqués du côté du Canadien.
De retour devant son filet après une absence de huit rencontres en raison d'une blessure, Jake Allen a très bien fait lui aussi.
Il s'est très bien tiré d'affaire dans des circonstances loin d'être évidentes. Parce que Samuel Montembeault a connu les meilleurs moments de sa saison – et sans doute de sa carrière – en relève à Allen, plusieurs ont dénoncé l'affront de redonner le filet au vétéran dès son retour au jeu.
D'ailleurs, quand Michael Rasmussen l'a surpris tôt en première avec un excellent tir décoché après que Josh Anderson lui eut donné la rondelle en cadeau en zone du Canadien et alors que Chris Wideman lui nuisait plus qu'il ne l'aidait en se tenant devant le joueur des Wings, on a senti un vent de reproches se lever.
Les arrêts ensuite multipliés par Allen, dont deux sensationnels en début de troisième période alors que le gardien du Canadien a privé Lucas Raymond et Joe Veleno de ce qui semblait être des buts assurés, ont calmé la controverse que plusieurs tentent de mousser en marge du traitement réservé aux deux gardiens.
Une controverse qui semble laisser les deux principaux intéressés complètement indifférents.
Husso s'est souvenu de Hoffman
Beaucoup moins occupé que Jake Allen – quatre buts accordés sur 41 tirs – Ville Husso a accordé trois buts sur 24 tirs seulement. Le gardien des Wings s'est toutefois signalé avec des arrêts sensationnels aux dépens de Mike Hoffman en fin de troisième et en prolongation alors qu'il s'est dressé devant Rem Pitlick au terme d'une longue échappée.
L'arrêt devant Hoffman n'avait rien d'orthodoxe. Même que le gardien des Wings a semblé nager devant son but tout en cherchant une rondelle qu'il n'avait pas l'air convaincu d'avoir bloquée.
« Tu as raison! J'étais un peu mal pris, mais le fait que je connaissais Hoff (Mike Hoffman) m'a aidé. Nous avons été coéquipiers à St. Louis. Je sais qu'il a un excellent tir et qu'il est capable de décocher la rondelle avec puissance même quand il est hors d'équilibre. Sur la séquence, il était déporté vers l'arrière et il a quand même obtenu un très bon tir. J'étais en déséquilibre, mais je savais ce qui s'en venait. Ça m'a aidé », a assuré le gardien.
Seider : bientôt un Norris?
Si Ville Husso s'est signalé en fin de rencontre, le jeune défenseur Moritz Seider s'est quant à lui signalé du début à la fin de la rencontre.
En 27 présences totalisant 25 min 16 s d'utilisation, le champion en titre du trophée Calder a été à la hauteur de sa réputation. Il a récolté trois passes, mais il s'est imposé dans toutes les facettes du jeu. Il a fait avorter des poussées du Canadien en s'interposant calmement pour faire perdre la rondelle à ses adversaires. Il s'est aussi permis de sortir les épaules à quelques occasions, dont l'une à l'endroit de Nick Suzuki, discret pour le CH encore jeudi soir.
« L'évaluation du travail de Moritz dépasse largement les statistiques offensives. Il est notre ancrage à la ligne bleue. C'est la pierre d'assise de l'équipe. Il joue du hockey de grande qualité. On me demandait ce matin si ses statistiques personnelles – trois buts et 21 points en 46 matchs avant celui de jeudi contre le CH – trahissaient une forme de guigne de la deuxième année. La réponse est non. Ceux et celles qui suivent ses performances sur une base régulière sont en mesure de constater à quel point il est déjà un excellent défenseur », assurait Derek Lalonde après la rencontre.
Au terme de l'entraînement matinal, le Québécois David Perron s'est même permis, jeudi midi, d'assurer que Seider était aux Wings ce que Chris Pronger avait été pour les équipes dont il a défendu les couleurs.
Toute une comparaison quand on sait que Pronger occupe une place de choix au Temple de la renommée du hockey.
Cela dit, s'il donne aux Wings du hockey comparable à celui que Pronger disputait, il ajoutera sans doute un jour un trophée Norris au trophée Calder qu'il a reçu au terme de sa première saison dans la LNH l'an dernier.
Entre les lignes
- Les Wings ont poussé de grands cris lorsque Lucas Raymond, le visage ensanglanté, a retraité au vestiaire en période médiane après avoir reçu un coup de bâton au visage. Un geste qui n'a pas entraîné de pénalité. Francis Charron a eu raison de ne pas décerner de pénalité sur le jeu, car Raymond a été atteint sur la suite de l'élan du bâton après que Mike Matheson eut décoché un tir du revers...
- Après trois victoires à leurs cinq derniers matchs (3-1-1), les Wings s'accrochent toujours à leurs chances d'atteindre les séries. Des chances plutôt minces cela dit. Bien qu'ils accusent un retard de sept points sur les Capitals, deuxième club repêché dans l'Est, les Wings doivent aussi rejoindre et dépasser les Islanders – ils les affrontent ce soir au UBS Arena – les Panthers et les Sabres. Pas évident!
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