Encore trop de cadeaux!
MONTRÉAL - À bien des égards, le Canadien a disputé un bien meilleur match, samedi, en Floride, qu'il ne l'avait fait jeudi en Caroline.
Vrai qu'il a perdu quand même.
Comme il est tout aussi vrai qu'il s'est incliné par trois buts (4-1) aux mains des Panthers alors que les Hurricanes ont eu besoin d'un but dans un filet désert pour sceller l'issue d'un match (5-3) que le Tricolore tentait de niveler après avoir rappelé Cayden Primeau au banc à la faveur d'un sixième attaquant dans les derniers instants du troisième tiers.
Pourquoi parler d'un meilleur match alors?
Parce que contrairement à jeudi, en Caroline, ce n'est pas en raison de piètres couvertures défensives et de plus piètre encore combativité dans ses batailles à un contre un que le Canadien a fait cadeau de buts à ses adversaires samedi.
C'est en raison de l'indiscipline dont il s'est rendu coupable. Une indiscipline maintes fois décriée depuis le début de la saison.
Une indiscipline susceptible de faire mal à n'importe qui. Mais cette indiscipline fait plus mal encore aux équipes qui peinent à se défendre à court d'un homme. Et comme le Canadien est 31e dans la LNH en matière de générosité quand il écoule une pénalité – seuls les Sénateurs d'Ottawa avec une efficacité de 71,3 % sont plus généreux que le Tricolore avec 71,9 % -- ce n'était pas vraiment une bonne idée d'afficher l'esprit des Fêtes encore samedi en offrant des attaques massives aux Panthers comme il l'a fait samedi.
Surtout qu'ils en ont profité pour marquer deux de leurs quatre buts.
Quand tu joues aussi mal que le Canadien le fait lorsqu'il écoule des pénalités, il est impératif d'afficher une discipline de tous les instants sur la glace.
Il est impératif de rester le plus loin possible des mauvaises pénalités. Comme les pénalités écopées en zone ennemie. Surtout celle écopée par un joueur qui retient son adversaire au lieu d'offrir l'effort nécessaire pour le rejoindre.
Ce dont Nick Suzuki s'est rendu coupable en début de période médiane. Ce qui a mené au premier but des Panthers.
Mais il y a pire encore. Il y a ces damnées pénalités pour avoir trop de joueurs sur la patinoire. Des pénalités qui font très mal paraître les entraîneurs alors qu'ils n'ont rien à voir, ou si peu, dans ces infractions bien plus attribuables au manque de concentration et de communication des joueurs qui retraitent au banc ou qui s'apprêtent à le quitter.
Ce que le Canadien a fait pour la quatrième fois samedi sans avoir à payer le prix de cette désolante pénalité.
En fait oui il a payé le prix. Car les Panthers ont marqué lors de cette attaque à cinq. Mais ce but a été effacé parce que les adjoints de Martin St-Louis l'ont sommé de contester un but de Carter Verhaeghe en raison d'un hors-jeu qui avait échappé aux juges de lignes.
En troisième période, encore en zone ennemie, Joel Armia a arraché le casque de la tête d'Oliver Ekman-Larsson et le grand défenseur a profité de l'attaque massive obtenue pour orchestrer le jeu qui a mené au troisième but des Panthers. Celui qui a fait basculer le match vers la deuxième défaite consécutive encaissée par le Tricolore.
Martin St-Louis l'a admis après le revers : ses joueurs se sont «tirés dans le pied» en écopant des pénalités aussi inutiles que coûteuses.
Et c'est dommage. Car contre un club bien meilleur, le Tricolore a disputé un bon premier tiers. Il n'a rien offert de spectaculaire aux «Snowbirds» venus du Nord pour les encourager. Rien de rien! Mais il a fermé le jeu et est demeuré dans le coup.
Il a même survécu à un difficile début de période médiane au cours duquel les Panthers ont pris les devants. Mais avec un score égal (1-1) après 40 minutes, contre un club qui en était à un deuxième match en deux soirs, le Canadien était en bonne position pour prendre le contrôle du match en troisième.
Non seulement il ne l'a pas fait, mais les pénalités écopées ont donné le plein contrôle aux Panthers qui ne l'ont ensuite jamais échappé.
À quand un brin d'imputabilité?
C'est une bonne chose de reconnaître l'indiscipline dont ses joueurs se sont rendus coupables. Mais dans le contexte de développement qui guide chaque décision du Canadien encore cette année, ce serait une meilleure chose encore de prendre les moyens de corriger cette indiscipline.
Comme il est impératif de corriger les erreurs aussi récurrentes que coûteuses en matière de respect des structures offensives et défensives, de qualité du travail en avantage et en désavantage numérique.
Il serait donc tout aussi important de faire payer, d'une façon ou d'une autre, les joueurs affichant une indiscipline coûteuse et inexcusable qu'il serait important de faire du temps supplémentaire pour améliorer les unités spéciales dès les premières heures de 2024…
Même si cela veut dire de couper une présence ou deux à Nick Suzuki?
Oui!
Car si le Canadien est sérieux dans sa quête d'établir une culture gagnante pour bâtir une équipe gagnante, on ne peut laisser autant d'indiscipline faire mal à l'équipe sans jamais avoir à assumer quelque conséquence que ce soit.
Dimanche soir à Tampa, le Canadien croisera le Lightning au Amalie Arena.
Bonne nouvelle pour le Tricolore, les «Bolts» en seront eux aussi à un deuxième match en deux soirs.
Mais comme le Lightning est de beaucoup supérieur au Canadien, il faudra que Martin St-Louis s'assurer que ses joueurs soient moins généreux qu'ils ne l'ont été lors des deux derniers matchs. Que ce soit en matière de mauvaises couvertures défensives ou d'indiscipline. Ce serait bien aussi qu'ils s'assurent d'être pingres au lieu de chercher une nouvelle manière d'afficher leur générosité.
Entre les lignes
- Cole Caufield ne marque pas souvent cette année. Pis encore, la qualité d'ensemble de son jeu laisse à désirer. Mais le petit attaquant a démontré la qualité de ses mains en marquant le seul but du Tricolore samedi. Avec un revers impressionnant, il a placé la rondelle dans la lucarne malgré un espace restreint pour le faire et un angle très fermé. Une belle leçon pour le franc-tireur qui s'en remet peut-être trop souvent à son tir sur réception de qualité, mais qui ne surprend plus grand monde autour de la LNH…
- Michael Matheson a salué son 500e match en carrière en récoltant une passe aux dépens des Panthers qui lui ont ouvert les portes de la LNH en le repêchant – 23e sélection de la première ronde – en 2012…
- Les officiels ont déposé 49 mises en jeu samedi soir – le CH en a gagné 29 et perdu 20 – soit 20 de moins que les 69 déposées jeudi en Caroline. Tout un contraste. Après 35 matchs, les centres du Tricolore ont disputé 54,6 mises en jeu en moyenne par partie…
- Bon réveillon du Nouvel An dimanche soir. Je vous souhaite le meilleur pour 2024 en vous rappelant qu'il n'y a pas que le hockey dans la vie et qu'il n'y a pas que le CH dans le hockey...