La meilleure nouvelle à tirer de ces deux défaites encaissées aux mains des pauvres Sabres de Buffalo n’est pas le point accordé dans le cadre d’un revers en tirs de barrage. Ça non! C’est le fait que le Canadien est assuré de ne pas affronter les Sabres en séries éliminatoires le printemps prochain.

Quoi? Vous croyez qu’en raison de ces deux revers, aussi bêtes soient-ils, le Canadien ratera les séries? Soyez sérieux. Ça prendrait une cascade de défaites désolantes comme celles encaissées en fin de semaine pour que le Canadien tombe en vacances dès la fin de la saison régulière.

Je veux bien croire que rien n’est acquis. Que ça pourrait toujours arriver. Mais si jamais cette catastrophe arrive, il est déjà acquis que les Sabres n’atteindront pas les séries. Alors la prémisse demeure sauve : le Canadien n’affrontera pas les Sabres en séries. Il les croisera à nouveau le 3 février, mais d’ici là, on ne peut que souhaiter que le Canadien puisse trouver un vaccin pour contrer sa paralysie face à une équipe aussi mauvaise.

Je sais! Les Sabres ont maintenant gagné cinq de leurs six derniers matchs. Bravo pour eux et les rares partisans qui leur sont encore fidèles.

Mais les Sabres demeurent une très mauvaise équipe de hockey. Une équipe que le Canadien aurait pu battre vendredi et samedi pour récolter les quatre points qu’il aurait normalement dû récolter au lieu de se contenter du petit point prime obtenu dans la défaite en tirs de barrage de samedi.

En passant, c’était la première fois cette saison après quatre victoires que le Canadien s’inclinait en tirs de barrage. C’était aussi la deuxième fois seulement en sept matchs décidés au-delà les 60 minutes réglementaires que le Canadien se contentait d’un seul point.

Les cinq points acquis en prime, ajoutés à ceux volés par Carey Price, ont grandement contribué à l’ascension du Tricolore au classement général depuis le début de la saison.

Pas question de remettre en question la qualité du hockey offert par le Canadien depuis octobre. Mais ces points primes ont faussé un brin ou deux les données et les deux revers de la fin de semaine les faussent à l’inverse. Comme quoi il est vrai que même au hockey, rien ne se perd, rien ne se créée si vous me permettez de citer le célèbre principe de Lavoisier, Antoine de son prénom.

Enroth coup sur coup

Le Canadien s’est buté à un gardien solide en Jhonas Enroth vendredi et samedi. Je veux bien. Mais si le Canadien avait été plus incisif dans ses attaques, il aurait marqué plus de buts que les Sabres.

Et il aurait gagné.

Si la défensive du Canadien avait été moins mollassonne qu’elle ne l’a été lors de ces deux parties, le Tricolore aurait trois points de plus au classement et les Sabres au moins trois de moins.

Zemgus Girgensons a joué de chance sur le premier but des Sabres. C’est vrai. Mais pourquoi les joueurs du Canadien l'ont-ils regardé jouer au badminton avec la rondelle devant Dustin Tokarski au lieu de s’occuper de lui?

Sur le deuxième but des Sabres, Chris Stewart est passé entre Mike Weaver et Bryan Allen pour filer seul vers Tokarski qui, comme tout le monde, se demande encore comment se fait-il que ses deux défenseurs se soient fait battre de cette façon.

Brian Flynn a profité d’une passe magnifique de Brian Gionta pour marquer le troisième but des Sabres. Le but qui créait l’égalité pour propulser le match en prolongation. Une prolongation qui n’a pas fait de maître, suivie d’une fusillade au cours de laquelle Flynn a été le premier et seul joueur des 10 envoyés en tirs de barrage à marquer.

Les 44 tirs du Canadien contre les 26 des Sabres résument bien l’allure de la rencontre. Car oui, le Canadien a dominé la rencontre. Mais le chiffre des tirs au but résume aussi très bien la réalité du Canadien : une attaque qui ne marque plus avec la régularité du début de saison ; une défensive bien trop généreuse devant ses gardiens.

Price ou Tokarski?

Parlant de gardien, je ne comprends pas pourquoi Michel Therrien a maintenu la stratégie de ne pas accorder deux départs en deux soirs à Carey Price.

Comprenez-moi bien : je n’impute d’aucune façon la responsabilité de la défaite à Dustin Tokarski. Mais quand un club peut compter sur l’un des meilleurs gardiens de la planète hockey, il me semble que tu dois faire appel à ses services au lendemain d’un revers. Même dans le cadre d’une séquence de deux matchs en deux soirs.

Vrai que les Sabres sont faibles et que si Dustin Tokarski ne joue pas contre un club aussi faible, contre qui diable jouera-t-il?

Ce n’est pas l’adversaire ou la séquence qui devrait dicter la sélection d’un gardien, mais bien l’importance du match à disputer. Après avoir gaspillé deux points à Buffalo vendredi, le Canadien se devait de se reprendre samedi. Il a bien failli y arriver. Et rien ne dit qu’avec Price et non Tokarski devant la cage, le Canadien aurait gagné, mais ses chances d’y arriver auraient été meilleures.

Du moins, il me semble…

Et même si le Canadien n’a pas mis en péril sa place en séries en perdant deux fois de suite aux mains d’un club comme les Sabres, il n’en demeure pas moins qu’une victoire aurait été un bien meilleur tremplin vers la séquence de quatre matchs qui attend le Canadien cette semaine à Denver lundi, contre le Wild mercredi, à Chicago vendredi et Dallas samedi. Un voyage qui ne sera pas facile, contre des adversaires nettement plus menaçants que les Sabres.

Mais bon! La saison est longue. Le Canadien gagnera encore des matchs qu’il devrait perdre et il perdra encore des matchs qu’il devrait gagner donnant ainsi raison à la portion moins populaire du principe de Lavoisier selon lequel tout se transforme… ou presque!