Le Canadien a fait ce qu’il devait faire dimanche : il a gagné. Bon! Il a aussi perdu les services de Max Pacioretty, ce qui pourrait effacer d’un coup tout le positif à tirer de cette victoire tant attendue, mais il a gagné quand même.

Les plus sceptiques diront que l’opposition était loin d’être féroce. Que les Panthers de la Floride, éliminés samedi soir, disputaient un deuxième match en moins de 24 heures. Et qu’en plus, Roberto Luongo était assis au banc plutôt que devant la cage de son équipe.

Tout ça est vrai.

Mais après avoir perdu vendredi au New Jersey contre des Devils plus moribonds encore que les Panthers, après trois revers de suite et le fait qu’il n’avait qu’une victoire à ses six dernières rencontres, le Canadien devait se raplomber. Jouer du meilleur hockey. Inscrire quelques buts. En accorder le moins possible.

C’est ce qu’il a fait en battant les Panthers 4-1.

La victoire a permis à Carey Price de rejoindre Jacques Plante et Ken Dryden dans le grand livre d’histoire du Canadien égalant leurs saisons record de 42 victoires. Price aura donc potentiellement deux départs pour établir une nouvelle marque d’équipe.

Est-ce que ce nouveau record devrait avoir préséance sur le repos salutaire qu’on devrait lui offrir à l’aube des séries? Le record peut-être pas. Mais si le Canadien a besoin de maximiser ses chances de devancer Tampa Bay au premier rang de la division Atlantique afin de s’assurer de l’avantage de la patinoire jusqu’en finale d’association – s’il se rend en finale bien sûr – j’enverrais Price dans la mêlée au lieu de jouer à la roulette russe – avec quatre balles dans le barillet – en envoyant Tokarski en relève.

En plus de permettre à Price de se hisser parmi les grands gardiens de l’histoire du Canadien, la victoire de dimanche a permis à Michel Therrien d’atteindre le plateau de 200 gains en carrière à la barre du Canadien. Une 200e victoire dans le cadre de son 400e match derrière le banc du Tricolore.

Puisqu’on est dans les étapes de carrière, soulignons aussi que Tomas Plekanec a inscrit son 200e but avec le Canadien rejoignant ainsi Robert « Bobby » Rousseau au 22e rang des marqueurs de l’histoire du Tricolore. Quinze buts derrière l’illustre Elmer Lach décédé samedi à l’âge de 97 ans et Ralph Backstrom qui partagent le 20e rang.

Éveil surprise de DSP

Tout n’a pas été parfait. Loin de là.

L’attaque à cinq n’a frappé qu’une fois en sept occasions. Ce qui est loin d’être convaincant. Et son but, c’est lors d’une supériorité de deux hommes que le Tricolore l’a inscrit en première période alors que Tomas Plekanec a profité d’une largesse de Dan Ellis qui a redirigé le tir décoché d’un angle fermé derrière lui.

Mais le Tricolore a quand même marqué quatre fois. Il a aussi obtenu de la contribution inattendue, presque inespérée, alors que P.A. Parenteau et Devante Smith-Pelly ont touché le fond du filet. DSP a inscrit son 6e de la saison, mais son premier but en 21 rencontres depuis qu’il s’est joint au Tricolore – il a suivi deux de ces matchs du haut de la galerie de presse – et son deuxième seulement en 62 parties.

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Non ce n’est pas beaucoup. Ce n’est surtout pas assez, bien que DSP puisse aider la cause de son équipe en s’imposant physiquement. Ce qu’il tarde aussi à faire. Pis encore, c’est qu’en donnant autant de chances à DSP, en lui offrant beaucoup de temps d’utilisation et du temps d’utilisation de qualité, Michel Therrien prive son équipe de la contribution pourtant bien plus généreuse de Dale Weise qu’on ne voit plus beaucoup. Ou pas assez.

Devante Smith-Pelly mérite-t-il autant de générosité de la part d’un coach qui assure distribuer le temps d’utilisation en fonction du rendement de ses joueurs?

Je ne crois pas. Pas du tout. Surtout qu’en reléguant Weise derrière Smith-Pelly, je me demande si Therrien n’est pas en train de perdre un précieux soldat qui a relevé souvent et de belle façon les missions qu’il lui avait confiées depuis le début de la saison.

Quant à Parenteau, il a marqué pour la première fois en dix matchs. Mais quel but il a inscrit alors qu’il a traversé la patinoire d’un bout à l’autre déjouant tous les joueurs des Panthers sur la patinoire avant de déjouer le gardien. Parenteau a aussi ajouté une passe pour signer un quatrième match de deux points cette saison. Son premier depuis le 15 novembre.

Parenteau a été plus impliqué que lors des dernières parties dimanche. Il s’est pointé plus souvent dans l’action. Est-ce l’effet de sa mutation au sein du troisième trio alors que Devante Smith-Pelly a amorcé la rencontre au sein du premier trio qui a eu un effet trampoline pour les deux joueurs? Ou est-ce plutôt le fait qu’à un moment donné ou un autre P.A.P et D.S.P étaient dus pour débloquer?

Allez savoir!

Mais peu importe la raison, le Canadien aura besoin de l’éveil de ces deux joueurs et d’une contribution plus régulière des Eller – qui joue beaucoup mieux depuis 10 matchs – Galchenyuk sans oublier Desharnais pour mousser ses chances de succès en séries. On ne peut quand même pas s’en remettre seulement à Plekanec et Gallagher.

Surtout s’il se retrouve privé des services de Max Pacioretty.

Pacioretty : on retient son souffle

Fer de lance de l’attaque du Canadien, Pacioretty a quitté le match en première. Frappé par le défenseur Dmitry Kulikov alors qu’il était en déséquilibre – la passe que venait de lui acheminer DSP dans l’enclave en zone des Panthers était loin d’être précise – Pacioretty est tombé et il s’est retrouvé dans le coin de la patinoire. Sa tête a effectué un mouvement de fouet avant d’aller percuter la bande. Visiblement ébranlé, un brin ou deux perdu, Pacioretty s’est relevé l’œil hagard. Il a retraité au vestiaire sur ses deux jambes, mais si le corps semblait tout là, l’esprit ne semblait pas suivre au même rythme.

Sans surprise aucune, Pacioretty n’est pas revenu au jeu.

Sans surprise aucune, Michel Therrien a assuré – je ne l’ai pas cru une seconde et vous n’êtes pas obligé de la croire non plus – qu’il n’avait pas vu le jeu et ne savait rien de l’état de santé de son joueur vedette.

Le coach du Canadien n’avait pas à tout dévoiler immédiatement après la rencontre. Surtout que s’il est très possible que Pacioretty ait été victime d’une commotion, il était encore bien trop tôt pour avoir en mains les analyses des médecins et surtout leurs pronostics quant à la gravité de la commotion et la durée potentielle de l’absence de Pacioretty.

Cela dit, il n’y a pas de petite commotion cérébrale. Sans oublier que Pacioretty a été victime d’une commotion majeure lorsqu’il a été envoyé tête première dans la baie vitrée par une mise en échec illégale du géant défenseur Zdeno Chara des Bruins de Boston il y a quatre ans.

Après une nuit de calme – pendant que ses coéquipiers ont dû festoyer de belle façon leur séjour en Floride – Pacioretty profitera comme ses coéquipiers d’une journée d’extra sous le soleil de la Floride lundi. De fait, le Canadien ne remontera vers le Nord que mardi afin de faire le plein en vue des deux derniers matchs et surtout des séries qui suivront.

Des séries qui ne seront pas faciles, c’est évident. Des séries qui pourraient l’être moins encore dans l’éventualité de l’absence de Pacioretty qui a marqué 18 % des buts du Tricolore jusqu’ici cette saison et amassé 12 % des points.

S’il est clair que le Canadien ne peut se permettre de perdre les services de Carey Price, d’autant que les performances de Dustin Tokarski sont loin d’inspirer confiance depuis les Fêtes, l’attaque du Tricolore pourrait difficilement se passer de la contribution de Pacioretty.

Le toujours bon Tomas Plekanec et la bougie d’allumage Brendan Gallagher connaissent tous deux d’excellentes saisons, mais sans Pacioretty, le Canadien se retrouverait vraiment sans premier trio digne de ce nom.

Épargné par les blessures tout au long de la saison, le Canadien a gagné sans Pacioretty dimanche. C’est vrai. Et c’est tant mieux. Mais il y a une marge entre battre un club démoralisé au lendemain de son exclusion officielle des séries, et le Lightning de Tampa, les Rangers de New York, ou les Capitals de Washington qui représentent de gros défis pour le Tricolore même avec Pacioretty au sommet de sa forme.

Mais bon! D’ici à ce que le Canadien lève le voile sur la nature précise de l’état de santé de Max Pacioretty – je vous rappelle qu’il est très souvent revenu au jeu très rapidement alors que les blessures subies semblaient sérieuses et susceptibles de le garder à l’écart pour une période prolongée – on va dire qu’il est blessé au haut du corps et que la durée de son absence est indéterminée.

Espérons pour Pacioretty, le Canadien et ses partisans que cette absence sera de courte durée.