Des fois, même très souvent, passer proche de marquer un but ne donne rien de bon. De fait, passer proche attise simplement la frustration des joueurs dont les efforts ne sont pas récompensés tout en portant à gros bouillons l’impatience des amateurs.

C’est vrai à Montréal alors qu’on sentait l’impatience des fans du Tricolore prendre de l’ampleur au fil d’une première période au cours de laquelle le Canadien faisait tout sauf marquer une fois encore. C’est vrai dans la LNH au grand complet.

ContentId(3.1114954):Gallagher se fait voler!
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Mais samedi face aux Devils, c’est en passant proche de marquer que le Canadien a renversé la vapeur ; qu’il s’est réveillé en réveillant du même coup ses fans avant d’y aller d’un barrage de six buts en route vers une victoire de 6-2 aux dépens du New Jersey.

Une victoire importante puisque ce gain permet au Tricolore de se rapprocher à deux points seulement des Red Wings de Detroit et du Lightning de Tampa Bay au premier rang dans la division atlantique. Du premier rang dans l’Association Est. Et le Tricolore a toujours trois matchs en mains sur ses adversaires du nord de la Floride et un sur les Red Wings.

Une victoire cruciale parce qu’après ses défaites un brin ou deux gênantes aux mains des puissances que sont les Coyotes de l’Arizona et les Sabres de Buffalo, le Canadien ne pouvait pas se permettre de faire l’affront à ses partisans d’un troisième revers de suite à la maison.

Je veux bien croire que les Devils sont débarqués à Montréal en surfant sur une séquence de trois victoires de suite et d’un seul revers en temps réglementaire à ses neuf derniers matchs (6-1-2), mais quand même. Les Devils forment une très mauvaise équipe. Une équipe vieille, une équipe qui manque de tout, une équipe sans âme et sans avenir.

Revenons au point tournant du match.

Il est survenu lorsque Brendan Gallagher, encore lui, a frappé à la porte des Devils. On était en période médiane. Tirant de l’arrière 1-0 même s’il dominait les tirs 14-3 après une période, le Canadien vivait le même genre de deuxième tiers. Il tirait de partout, générait d’excellentes occasions de marquer, mais le gardien Keith Kinkaid servait une soirée «Carey Price» au Canadien.

Meilleur trio du Tricolore hier soir, le tiercé de Tomas Plekanec flanqué de Brendan Gallagher et d’Alex Galchenyuk a frappé à la porte une fois encore. Passe parfaite de Galchenyuk à Gallagher qui a tiré dans une cage déserte… jusqu’à ce que Kinkaid sorte la mitaine d’on ne sait où. Galchenuyk a frappé à la porte ensuite tout comme Tomas Plekanec qui est venu en rajouter.

Au lieu de maugréer, au lieu de huer leur club qui se contentait une fois encore de passer proche, les partisans ont apprécié. Ils se sont levés. Ils ont crié. Ils ont chanté. Ils ont encouragé leurs favoris.

Au lieu de baisser la tête, le Canadien a maintenu la cadence. En fait non : il l’a accélérée. Pas longtemps après, Dainius Zubrus a écopé quatre minutes de pénalité pour avoir atteint P.K. Subban au visage. L’attaque à cinq du Canadien s’est déployée. Avant même qu’on ait le temps de faire le décompte des quatre derniers matchs – aucun but malgré10 attaques massives – Andrei Markov nivelait les chances avec un puissant tir de la pointe. Qui était devant le filet pour nuire à Keith Kinkaid ? Max Pacioretty et… Brendan Gallagher.

Moins d’une minute plus tard, Lars Eller, à qui P.K. Subban a servi une belle passe, donnait le devant au Tricolore en enfilant son neuvième de la saison, mais seulement son premier après une disette de 14 matchs sans le moindre but, et de 11 parties sans le moindre point.

Jamais deux sans trois

Comme si deux ce n’était pas assez, Tomas Plekanec a donné un troisième but consécutif à l’attaque massive. P.K. Subban a récolté une troisième passe – trois passes primaires en prime – de suite. Comme quoi le proverbe «jamais deux sans trois» peut aussi se concrétiser d’une façon positive parfois.

ContentId(3.1114943):Devils 2 - Canadiens 6
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Les Devils ont soulevé un brin de doute en s’offrant un but en début de troisième période. Mais comme le Canadien n’avait perdu que deux fois cette année (20-2-0) en gaspillant une avance au dernier tiers et que les Devils n’avaient orchestré que deux remontées gagnantes (2-18-1), la loi de la moyenne a été respectée.

Histoire de mettre toutes les chances de son bord, le Canadien a ajouté trois buts aux dépens de Kinkaid qui a sauvé ses Devils d’un massacre. Car bien qu’il ait accordé six buts, il a fait face à un barrage de 44 tirs qui auraient pu permettre au Canadien de marquer facilement deux, trois, voire quatre buts de plus.

Gallagher un géant

Plusieurs joueurs du Canadien ont excellé face aux Devils. Et pour une rare fois, le nom de Carey Price n’occupe pas le haut de la liste.

Oui Price a effectué quelques bons arrêts pour protéger l’avance d’un but en début de troisième période. Mais au-delà un, deux, trois gros arrêts, il a connu une soirée bien tranquille. Le genre de soirée qui devrait mousser ses chances d’affronter les Bruins, dimanche, à Boston. «On a un plan et on vous en fera part demain», a simplement commenté Michel Therrien après la victoire convaincante de son équipe.

Je ne sais pas pour vous – et pour Michel Therrien – mais les Bruins étant les Bruins, j’irais avec Price malgré la séquence de deux matchs en deux soirs. Price a déjà trois victoires cette saison aux dépens des Bruins. Il n’a accordé qu’un but lors des deux derniers matchs et sa fiche en carrière – saison régulière – est de 20-8-0-3.

ContentId(3.1114967):L'attaque du CH se lève
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Mais bon, ce n’est pas moi qui décide…

Loin devant Carey Price, P.K. Subban et Andrei Markov ont été les assises de la défensive du Canadien hier. Et de l’attaque massive également.

Subban, qui joue de l’excellent hockey depuis la pause du Match des étoiles, a été vraiment dominant. Ses trois passes en témoignent. Mais Subban m’a plus impressionné encore sur le deuxième but de Plekanec alors qu’il a affiché une confiance et un contrôle phénoménal pour garder la rondelle en zone ennemie malgré le fait qu’il longeait la ligne bleue avec un Devil à ses trousses. Il a ensuite fait une vrille, remis la rondelle à Markov qui a passé à Gallagher qui s’est offert une très bonne occasion de marquer avant que Plekanec ne profite du rebond pour y arriver.

Quant à Andrei Markov, il a été fidèle à ce qu’il est depuis toujours. À ce qu’il est depuis qu’il est revenu en forme et en force après sa deuxième reconstruction consécutive du même genou. Il a été sensationnel, solide, superbe…

Et Gallagher ? Il n’a pas marqué hier. Mais il a obtenu sept tirs bloqués par le gardien des Devils. Sept ! Quatre autres ont été bloqués en défensive alors qu’il a raté la cible à une occasion.

Bien qu’il n’ait obtenu qu’une passe, il a joué un rôle beaucoup plus grand dans la victoire de son club. Un rôle de géant.

«C’est vraiment un plaisir de jouer avec Gallagher à ma droite. Il est énergique, il est toujours impliqué et tu sais toujours où il est sur la glace. Il est efficace en défensive et une fois en zone ennemie, tu sais qu’il sera près du but : disponible pour recevoir une passe ou prêt à faire ce qui doit être fait pour déconcentrer le gardien adverse», a commenté Tomas Plekanec.

Quand j’ai demandé à Plekanec si Gallagher était encore trop jeune pour assumer un rôle de leader au sein du vestiaire il a rapidement hoché la tête de gauche à droite. «Quand un gars qui mesure à peine cinq pieds – c’était de toute évidence une allégorie de la part de Plekanec – joue comme il le fait à chacune de ses présences, qu’il se défonce devant le filet, qu’il se fait frapper rondement par des gars beaucoup plus gros que lui sans jamais ralentir, tous ses coéquipiers devraient être honteux de ne pas être en mesure déployer le même niveau d’énergie et d’implication sur la patinoire. Le leadership ce n’est pas seulement une question d’âge ou d’expérience. C’est avant tout une question d’implication. À ce niveau on peut dire que Gallagher est déjà un grand leader», a conclu Plekanec.

Dans la victoire, David Desharnais s’est également signalé avec une récolte de trois passes. Son complice Max Pacioretty en a récolté deux alors que Dale Weise, qui offre un survoltage sur le flanc droit du premier trio en attendant que Marc Bergevin ne trouve une solution pour renflouer le côté faible de son attaque, a vu ses efforts récompensés avec deux buts.

C’était la cinquième fois seulement cette année que le Canadien enfilait six buts dans un même match. Et c’est six buts égalaient la récolte des quatre dernières rencontres avant le duel face aux Devils.

Comme quoi la timidité offensive du Canadien peut prendre congé de temps en temps. Mais pour combien de temps?