Guhle : le CH a évité le pire
MONTRÉAL - Le Canadien perdra beaucoup plus de matchs qu'il n'en gagnera cette année. Tout le monde le sait. Et tout le monde, ou presque, semble prêt à l'accepter.
Quand l'effort et la combativité seront évidents et qu'il sera plus évident encore que la ou les défaites seront attribuables aux manques d'expérience et de profondeur, les revers serviront de leçons.
Ils serviront aussi, et surtout, à mousser les chances de gagner la loto Connor Bedard ou à hériter d'un des importants lots secondaires qu'offrira le prochain repêchage.
Vendredi soir, à Detroit, le Canadien s'est fait manger tout rond par des Red Wings vraiment améliorés. Surtout au premier tiers. Le Tricolore doit d'ailleurs aux 25 arrêts multipliés par Jake Allen – un record d'équipe qu'Allen avait établi la saison dernière et qu'il a égalé – le fait d'avoir évité une catastrophe dès la première période et d'être demeuré dans le coup jusqu'à ce que les Wings collent deux buts consécutifs marqués dans un filet désert en toute fin de troisième.
N'eut été des arrêts d'Allen, il n'y aurait pas eu de match. Le gardien a donc permis à son équipe d'éviter le pire.
Au moins en partie.
Car le Canadien et ses partisans ont évité ce qui aurait été bien pire qu'une dégelée lorsque Kaiden Guhle a repris sa place au banc quelques minutes après le début de la période médiane.
Secoué – la reprise laisse croire qu'il a été blessé à une épaule – à la suite d'une solide mise en échec assénée par Michael Rasmussen, le défenseur recru a retraité au vestiaire à sa sortie de la patinoire. Plus tard dans le match, il a été atteint au visage par la lame d'un bâton en plus d'être atteint à une jambe par un puissant tir frappé qu'il a bloqué en troisième période.
Après l'annonce de la blessure à l'abdomen qui gardera Mike Matheson hors combat pour une période de huit semaines, avec l'incertitude entourant l'état de santé de Joel Edmundson, la dernière chose dont le Canadien a besoin est de voir son meilleur défenseur subir une blessure.
Embourbé en zone défensive
À défaut d'avoir servi de tremplin vers une victoire qu'il aurait fallu qualifier de vol de grand chemin, la performance de Jake Allen a permis au Canadien de corriger, au cours des 40 dernières minutes de jeu, certaines des erreurs multipliées au premier tiers.
À commencer par les mises en jeu.
Hachés finement par leurs adversaires des Red Wings, les centres du Canadien n'ont gagné que neuf des 25 mises en jeu disputées en première période.
Ces défaites du Tricolore ou victoires des Wings, c'est selon, expliquent en partie pourquoi le Canadien a été embourbé dans son territoire pratiquement du début à la fin du premier tiers.
En plus de partir trop souvent sans la rondelle, les joueurs du Tricolore étaient sur les talons dans leur territoire; ils perdaient en cascade les batailles à un contre un pour s'emparer des rondelles libres et aussi celles livrées le long des rampes contre des Wings qui s'amusaient à leurs dépens en contrôlant le jeu comme s'ils étaient seuls sur la patinoire.
Remarquez qu'à l'exception de Jake Allen, les représentants du Bleu-Blanc-Rouge se faisaient plutôt rares sur la patinoire.
David Savard s'est dressé comme il a pu devant des Wings qui semblaient trop forts. Venu en relève à Kaiden Guhle, Jordan Harris s'est aussi relativement bien débrouillé.
Mais le Canadien était toujours, ou presque, deuxième sur la rondelle. Et lorsqu'il réussissait à s'en emparer, il la perdait rapidement en raison de sorties de zone ratées et de passes que les joueurs semblaient incapables de compléter.
Dire que tout allait mal serait un euphémisme.
Il faudra s'habituer à ces sorties de zone difficiles, voire complètement bousillées. Elles seront le lot de l'inexpérience des jeunes arrières appelés à remplir, pour le moment du moins, des rôles trop importants pour eux. Surtout que les Wings, contrairement aux Maple Leafs, mercredi, au Centre Bell, ont appliqué un échec avant soutenu qui a rendu plus vulnérables encore, les jeunes défenseurs du Canadien qui le sont déjà pas mal.
C'est d'ailleurs une sortie de zone mollassonne qui a conduit au premier but des Wings. Arber Xhekaj s'est fait prendre en effectuant une passe qui manquait de vigueur et de précision en sortie de zone. Non seulement il a raté sa passe, mais en retraitant bien trop profondément en zone défensive, Xhekaj a permis aux Wings qui se sont emparés de la rondelle libre d'entrer avec vitesse et librement en zone du Tricolore.
Le jeune défenseur, son partenaire Chris Wideman, Christian Dvorak, Brendan Gallagher et Juraj Slafkovsky n'ont jamais eu le temps de s'en remettre. Les Wings ont pris le contrôle du territoire du Canadien, ils ont foncé au filet et le gigantesque Elmer Soderblom – 6 pieds 8 pouces et près de 240 livres – a hérité d'une rondelle libre devant Jake Allen pour marquer son premier but en carrière sans être importuné par l'un ou l'autre des cinq joueurs du Tricolore.
Les 30 autres adversaires du Canadien tenteront eux aussi d'être aussi efficaces que les Wings l'ont été en échec avant vendredi afin de profiter des lacunes du CH à la ligne bleue.
Il sera intéressant de voir si, à Washington, samedi soir, les Capitals arriveront à imiter les Wings. Parce qu'ils forment l'un des clubs les plus vieux de la Ligue, les Caps ont sans doute perdu un brin de vitesse et deux brins de vigueur. Mais comme le Canadien en sera à un deuxième match en deux soirs, le duel pourrait être révélateur... pour les deux clubs.
Aucune menace soutenue
Le fait que Kaiden Guhle ait évité une blessure et la tenue de Jake Allen sont les deux seuls points positifs à tirer de la première période.
Les deux périodes suivantes ont été moins pénibles pour le Tricolore. Surtout en défensive.
Principale explication : l'éveil des joueurs de centre.
Limités à neuf mises en jeu gagnées sur les 25 disputées en première, les centres du Canadien ont gagné 29 des 40 dernières mises en jeu. De 36 % qu'elle était après 20 minutes, l'efficacité du Canadien a grimpé à 58 % pour l'ensemble de la rencontre.
Cette grande efficacité – 71 % en deuxième période, 75 % en troisième – a permis d'atténuer la menace des Wings. Ils ont tiré neuf fois sur Jake Allen en période médiane. Ils en ont ajouté six au dernier tiers, les deux derniers ont atteint le fond du filet alors que le gardien avait été rappelé au banc à la faveur d'un sixième attaquant.
Le Canadien a obtenu plus de tirs que les Wings : huit en deuxième, onze en troisième.
L'ennui, et il est majeur, c'est que trop peu de ces tirs ont offert de bonnes occasions de marquer.
Brendan Gallagher en a obtenu une sur une échappée. Ville Husso a bloqué le tir avec son bras droit. Le nouveau gardien des Wings a aussi étendu la jambière gauche devant Josh Anderson qui avait le but égalisateur au bout de son bâton.
Ça fait le tour des bonnes occasions de marquer que le Canadien a générées vendredi. C'est insuffisant. Nettement. Du moins j'espère qu'on en conviendra.
Comme l'a indiqué Martin St-Louis après le match, son équipe a été en mesure de « voler » le match jusqu'en troisième période. Ce qui est positif.
Mais le coach du Canadien a aussi convenu que son équipe «n'était pas prête à composer avec la pression» que l'adversaire lui a opposée, surtout en première période. Ce qui est beaucoup moins positif.
Nick Suzuki et Cole Caufield ont peiné à composer avec la surveillance étroite qui leur était réservée. Ils ont aussi peiné à composer avec l'implication physique de leur couvreur. Plus fort, Josh Anderson a réussi à se défaire de ses couvreurs à quelques occasions, mais le premier trio du Canadien est loin d'avoir été une menace.
Les trois autres? Moins encore!
Bien que limité à 15 présences totalisant 9 min 37s de temps d'utilisation, Juraj Slafkovsky a terminé sa soirée de travail avec un différentiel de moins-2. Il n'a pas décoché de tir. De fait, un revirement et quatre mises en échec sont les seules notes statistiques associées à sa soirée de travail. Une soirée moins efficace que celle de mercredi au Centre Bell.
Remarquez que ce qui est vrai pour Slafkovsky l'est aussi pour l'ensemble de ses coéquipiers.
Avec Jonathan Drouin et Michael Pezzetta qui sont disponibles après deux matchs passés sur la galerie de presse, il sera intéressant de voir si Martin St-Louis fera appel à leur service – et à ceux du défenseur Corey Schueneman rappelé jeudi – samedi à Washington.