Guhle-Reinbacher : un duo qui permet de rêver
MONTRÉAL - Meilleur que vendredi – il faut dire que cela aurait été très difficile d'être pire – le Canadien a quand même perdu contre une équipe C des Maple Leafs de Toronto.
Martin St-Louis comptait pourtant sur son capitaine Nick Suzuki, sur Cole Caufield, Kirby Dach, Alex Newhook, Rafaël Harvey-Pinard, Juraj Slafkovsky pour ne nommer qu'eux. En matière de talent et d'expérience, surtout à l'attaque, le Tricolore était nettement supérieur à ses rivaux venus de Toronto.
Mais dans un deuxième match en deux soirs, les deux au Centre Bell, des équipes C des Leafs ont démontré qu'un mélange de vitesse, de conviction, de détermination peut faire contrepoids au talent.
Tout plein de choses ont mal été pour le Tricolore. Certaines, dont l'attaque à cinq, ont très mal été. Non seulement les « spécialistes » ont été blanchis en cinq tentatives, mais les Leafs ont obtenu plus de tirs à court d'un homme (quatre contre trois) et d'occasions de marquer que le Canadien en attaques massives.
Par moment, c'était désolant tant les sorties de zone étaient boiteuses; tant le Canadien n'arrivait pas à compléter trois passes de suite en zone ennemie; vous comprendrez que dans ces circonstances, les joueurs de Martin St-Louis ont été incapables de s'installer et de vraiment mettre au défi Martin Jones.
Le vétéran gardien a effectué quelques arrêts solides sur les 33 qu'il a réussis. Il a même été fort solide en début de rencontres alors que le Tricolore a connu ses moments les plus percutants à l'attaque.
Mais si Jones avait, samedi soir, bien plus des allures de candidat au trophée Vézina que celles d'un candidat au poste d'auxiliaire derrière Ilya Samsonov, c'est parce que le Canadien a grandement aidé sa cause en manquant cruellement de mordant en zone ennemie. Surtout à cinq contre quatre.
En passant, connu et reconnu pour ses grandes aptitudes offensives, Mattias Norlinder n'a vraiment rien cassé encore samedi. Il a joué beaucoup (21 présences totalisant 20 min 47 s dont 6 min 18 s en attaque massive), mais il est loin d'avoir fait honneur à sa réputation. Employé comme quart-arrière en attaque massive, il n'a pas complété grand-chose. Vraiment pas. Il est encore très vert. C'est vrai. Il a encore bien des choses à apprendre. C'est vrai. Des choses qu'il apprendra à Laval.
Mais avec l'arrivée attendue et espérée de Lane Hutson que le Canadien a repêché (2e ronde, 62e sélection) en 2022, Norlinder est mieux de bien s'installer s'il ne veut pas être chassé par le jeune Américain.
Bon! C'est encore le camp d'entraînement. Il y a encore trop de joueurs en audition pour justifier un brin d'impatience attribuable aux cafouillages trop nombreux en attaque supposément massive.
Mais il ne reste que deux matchs pour se mettre au diapason avant le début de la vraie saison. Et comme le Canadien ne constituera pas une grande menace offensive encore cette année, il faudra maximiser les chances de profiter des attaques à cinq lorsqu'elles se présenteront.
Si jeunes et pourtant déjà si matures
Ce n'est pas mêlant, grâce à Johnathan Kovacevic et à Kaiden Guhle, le Canadien a été plus efficace à court d'un homme qu'en supériorité numérique.
Après avoir établi une stratégie suivant une mise en jeu gagnée par Alex Newhook – il a gagné six des huit duels qu'il a livrés – en territoire des Leafs, les deux arrières ont mis leur plan à exécution pour permettre à Guhle de marquer le seul but de son équipe dans un revers de 3-1.
Le tir de Guhle après qu'il eut quitté la pointe pour foncer vers le filet et déborder un joueur des Leafs qui ne s'attendait pas à une telle manœuvre était parfaite.
La passe acheminée par Kovacevic pour rejoindre Guhle l'était plus encore.
Guhle a encore disputé un bon match. Il n'a pas été parfait. Il a commis quelques bourdes. Mais il a encore une fois affiché l'aisance, le contrôle, la maturité qui lui ont permis de faire le saut dans la LNH dès l'an dernier.
Ces qualités de Guhle ne surprennent plus.
Ce qui est surprenant toutefois, c'est que David Reinbacher affiche déjà les mêmes qualités que Guhle à qui on avait cousu un « A » sur le chandail pour le match d'hier.
Du haut de la galerie de presse, je regardais aller Guhle et Reinbacher, je les regardais monter la garde en défensive, batailler le long des bandes et devant le filet, orchestrer des relances et je me suis mis à rêver au jour où ces deux défenseurs complèteront le meilleur duo d'arrières du Canadien. Peut-être un des bons de la Ligue.
Ok! Je m'emporte un peu pour un des bons de la Ligue. Mais ça ne coûte pas cher de rêver. Et quand on analyse tout le talent qui habite ces deux joueurs et quand on dresse une projection au bout d'une courbe de progression de deux ou trois ans, il y a de quoi rêver.
Et vous savez quoi?
Si Guhle et Reinbacher ont impressionné avec plusieurs très beaux jeux, ils ont impressionné tout autant, peut-être même plus, dans leur manière de corriger des erreurs avec des réactions rapides et précises aussitôt les bévues effectuées.
Slafkovsky : vitesse et conviction
- Bien qu'il ait été blanchi de la feuille de pointage et qu'il ait terminé le match avec un différentiel de moins-1, j'ai bien aimé la soirée de travail de Juraj Slafkovsky. Il a patiné avec plus de vitesse et de conviction samedi que dans tous ses autres matchs. Il était imposant dans ses poussées en zone ennemie. Il a décoché cinq tirs, dont deux ont été bloqués par Martin Jones. Il aura pu en décocher deux ou trois autres. Ça fait d'ailleurs partie des choses qu'il devra améliorer. Mais il a été impliqué. Il a même distribué deux mises en échec.
Heineman maintient le rythme
- Ce qui est vrai pour Slafkovsky l'est aussi pour Emil Heineman. Bon! Cette implication – quatre mises en échec et quatre tirs tentés, deux cadrés – a peut-être été attisée par le solide coup d'épaule qu'il a reçu de Jake McCabe et qui l'a envoyé les quatre fers en l'air. Mais peu importe la raison, cette implication sautait aux yeux et bien que les résultats ne sont pas venus, elle a certainement plu à l'état-major. Ce ne sera pas assez pour se tailler une place à Montréal, mais ça permet d'établir des attentes pour la suite des choses à Laval...
Barron, un peu mieux, Trudeau un peu moins
- Justin Barron n'a rien fait de sensationnel samedi, mais il a été meilleur que vendredi. Il a mis ses coéquipiers moins souvent dans le pétrin.
- William Trudeau représente l'une des surprises agréables depuis le début du camp du CH. Samedi, il a toutefois été pris en défaut à quelques reprises. Il s'est entre autres fait contourner par Noah Gregor qui a obtenu une poussée jusqu'au filet du Canadien. L'arrière québécois, fatigué après une longue présence en avantage numérique, s'est fait prendre de vitesse par Nicholas Robertson après sa sortie du cachot. Trudeau a patiné à mi-régime croyant la situation bien calme et il n'a pas eu le temps de réagir lorsqu'il s'est rendu compte que le joueur des Leafs le devancerait pour une rondelle libre. Robertson s'est échappé, une fois devant le filet du Canadien, il a coupé devant Trudeau avant de surprendre Samuel Montembeault avec un très bon tir. Là encore, c'est de l'expérience qui entre...
Retour au Centre Bell dans deux semaines
- Après cinq matchs disputés en sept jours au Centre Bell – incluant le match Blancs contre Rouges – le Canadien retrouvera ses partisans dans deux semaines seulement, soit le 14 octobre, alors que Connor Bedard et les Blackhawks de Chicago feront escale à Montréal. D'ici là, le Canadien sera à Toronto lundi, avant de mettre le cap sur Mont-Tremblant où le club passera quelques jours avant de disputer son dernier match préparatoire, à Ottawa, samedi prochain.
La saison 2023-2024 commencera – enfin! – le 11 octobre, à Toronto, contre les « vrais » Maple Leafs.