Michel Therrien a raison : au hockey comme dans tout sport collectif, le concept d’équipe est important. Il est essentiel. Non! Il est primordial.

L’entraîneur-chef du Canadien avait aussi raison d’insister, après la défaite de mercredi à Philadelphie, sur le manque flagrant de discipline affiché par P.K. Subban en fin de deuxième période lorsqu’il a été le seul à écoper une pénalité mineure au terme d’une échauffourée impliquant pourtant tous les patineurs présents sur la glace.

Mais en confinant P.K. au banc des joueurs après son retour du banc des pénalités comme il l’a fait en troisième période – Subban a finalement joué un peu plus de cinq minutes au dernier tiers, effectuant sa première présence lors d’une attaque massive – le coach du Canadien a pris une décision qui lance un double message.

Dans un match qui était encore à la portée de son équipe qui tirait alors de l’arrière 3-1, était-il souhaitable de faire passer la discipline d’équipe devant la remontée nécessaire pour tenter d’aller arracher au moins un point aux Flyers?

Une remontée déjà difficile à orchestrer sur la patinoire des Flyers qui y avaient remporté leurs neuf derniers matchs. Une patinoire sur laquelle le Canadien n’avait pas gagné à ses neuf dernières escales.

Une remontée qui devenait plus difficile encore avec le principal acteur cloué au banc.

Une remontée qu’on attend encore ce matin alors que le Canadien s’est contenté de six tirs au cours des 20 dernières minutes de jeu pour s’incliner 3-1 et subir une huitième défaite (6-6-2-0) à ses 14 derniers matchs.

S’il est vrai que P.K. méritait de se faire serrer les ouïes en raison du concept d’équipe si cher au Canadien, les partisans de Subban ont raison de dénoncer le fait que cette décision a fait plus de tort que de bien à l’équipe.

Ils auraient raison aussi de prétendre que le poids des sanctions varie selon l’auteur du crime et la nature du crime commis.

Une tonne de critiques envers Therrien

Je ne vénère pas Subban autant que la moyenne des partisans du Canadien. En fait oui. Je vénère son talent, sa vitesse, sa fougue, la puissance et la précision de son tir sur réception et toutes les qualités qui font de lui le meilleur défenseur du Canadien, l’un des meilleurs de la Ligue au grand complet.

Mais parce que la nature de mon travail est aussi de voir le verre à moitié vide plus souvent qu’à moitié plein, je ne peux fermer les yeux sur certains travers de cet extraordinaire défenseur. Un défenseur qu’il a fallu remettre à sa place à plusieurs reprises depuis son entrée dans la LNH afin de lui garder au moins un pied sur terre à défaut d’y garder les deux en tout temps.

Et si je peux comprendre pourquoi Michel Therrien a confiné P.K. Subban au banc en début de troisième hier, il est aussi nécessaire de souligner que cette décision a fait mal à l’équipe en la privant de sa source d’énergie offensive.

Le Canadien ne jouait pas un grand match jusque-là.

De fait, après quelques bonnes minutes tôt au premier tiers, il ne faisait rien de bon. Ou si peu. L’attaque à cinq n’allait nulle part. La défensive était poreuse. L’échec avant était mollasson.

Le Canadien avait l’air de tout sauf du club qui dépêchera huit de ses joueurs au tournoi de hockey des Jeux de Sotchi dans un mois à peine.

C’est peut-être aussi pour ça que Therrien s’est dit qu’il pouvait se permettre de secouer son club en confinant son meilleur élément au banc.

Et c’est peut-être pour ça qu’il a aussi décidé de garder Peter Budaj sur la patinoire en fin de rencontre au lieu de le rappeler au banc à la faveur d’un sixième attaquant.

Depuis le temps qu’il dirige dans la LNH, Michel Therrien avait certainement des motifs qu’il croyait très valables – même si les partisans pensent autrement – pour agir ainsi.

Mais en faisant ce qu’il a fait, Michel Therrien a donné une porte de sortie à ses joueurs. Il leur a livré toute crue dans le bec une façon de se défiler après le match affreux qu’ils venaient de disputer.

Car en les privant de leur meilleur défenseur – une décision qui aura fait plaisir à quelques joueurs sur la forme et non sur le fond cela dit – mais surtout en donnant l’impression d’abdiquer en fin de match en gardant son gardien sur la patinoire, Michel Therrien a offert à son équipe la possibilité de dire qu’elle a joué de la façon dont elle a été dirigée.

Qu’elle n’a donc pas joué pour gagner!

Ou pas assez.

Et ça, c’est très dangereux. Ça peut ouvrir la voie à des défaites en séries. À une glissade au classement.

Pas question de paniquer pour autant.

Ça non!

Car plus tôt cette saison, lorsque le Canadien a traversé une séquence noire de cinq victoires seulement en 14 matchs (5-7-0-2) et qu’on s’est surpris à croire Michel Therrien soudainement abandonné par ses joueurs, ils ont rebondi en battant Minnesota, Washington et Pittsburgh pour amorcer une séquence de 10 matchs de suite sans revers en temps réglementaire (9-0-0-1).

Une séquence qui explique pourquoi le Canadien qui semblait si mauvais hier soir à Philadelphie – et qui commence à mal paraître trop souvent à mon goût depuis une dizaine de rencontres – est toujours quatrième au classement dans l’Est avec 55 points récoltés en 45 matchs.

Ce qui n’est pas rien.

D’autres coupables

Disons, aux fins de l’exercice, que l’on donne raison à Michel Therrien d’avoir confiné P.K. Subban au banc en troisième période en guise de réprimande à la pénalité écopée en fin de période médiane.

Il devient beaucoup plus difficile d’entériner sa décision quand on considère la clémence affichée à l’endroit des autres membres de son équipe. Des joueurs qui sont peut-être sagement dans les rangs, mais qui ne donnent rien de rien à l’équipe en fait de rendement.

Pourquoi clouer Subban au banc et donner de la glace à Rene Bourque?

Malgré sa pénalité et quelques revirements – il n’y a que ceux qui ne font pas la vaisselle qui n’en cassent jamais – Subban a obtenu trois tirs, trois autres ont été bloqués, il a asséné trois mises en échec et bloqué un tir.

Ce n’est quand même pas misérable comme statistiques.

Bourque, qui devrait être l’un des francs-tireurs du club, n’a pas même cadré un des trois tirs décochés en direction du filet des Flyers. Et pour être franc, je ne me souviens pas qu’il ait été en position de marquer une seule fois lors du match.

Bourque affiche six buts et sept petits points en 33 matchs cette saison.

Hier à Philadelphie, Bourque disputait sa 15e partie sur la route. Après ces 15 matchs, il est toujours en quête d’un premier point. Eh oui! Bourque est blanchi sur la route depuis le début de la saison. Après 15 matchs, ses 26 tirs et un différentiel de moins-4 sont ses seules statistiques.

Pourquoi ne pas l’avoir confiné au banc plus souvent alors?

Et Bourque n’est pas seul.

Brandon Prust – je ne m’acharnerai pas sur son compte, car je crois qu’il est blessé ou qu’il traverse une passe difficile – malgré le combat qu’il a livré à Zac Rinaldo n’est pas l’ombre de la bougie d’allumage qu’il était et qu’il doit être pour aider la cause du Canadien.

Emelin, Diaz, Murray et Eller sont d’autres joueurs qui n’en donnent pas assez.

Comment alors sévir à l’endroit de Subban qui en met peut-être parfois plus que le client en demande, mais qui est présent tous les soirs, et se montrer moins sévère à l’endroit de joueurs qui s’éclipsent beaucoup plus souvent que le 76?

C’est ça qui est difficile à comprendre.

Car s’il est possible, et sans doute probable, que Michel Therrien avait de bonnes raisons d’agir comme il l’a fait en troisième période du match d’hier, le résultat donne l’impression inverse.

Il donne l’impression que Michel Therrien a puni son club plus que Subban en le gardant au banc comme il l’a fait alors qu’une remontée était encore possible, et qu’il n’a pas cru aux chances de son équipe en gardant Peter Budaj devant son filet au lieu de le replacer par un sixième attaquant… fut-il Rene Bourque!

Chiffres du match

0 – Le Canadien a été blanchi en quatre attaques massives mercredi à Philadelphie. Non seulement n’a-t-il pas marqué, mais il n’a pas généré une seule occasion d’y arriver…

6 – À ses 17 derniers matchs, le Tricolore s’est contenté de six buts en 56 attaques à cinq pour une moyenne de 10,7 %...

10 – En battant le Canadien mercredi, les Flyers ont prolongé à 10 leur série de victoires consécutives au Wells Fargo Center. Une première séquence du genre en 10 ans, soit depuis une série de 11 gains consécutifs à domicile entre les 27 octobre et 5 décembre 2003…

11 – Les Flyers pourront égaler cette séquence heureuse samedi après-midi alors que Martin St-Louis et le Lightning de Tampa Bay affronteront leur ancien capitaine Vincent Lecavalier à Philadelphie…

14 – Joueur du mois de décembre chez le Canadien, Tomas Plekanec, grâce à un excellent jeu défensif effectué par Brian Gionta, a marqué le seul but du Canadien à Philadelphie. C’était son 14e de la saison et son deuxième de l’année en désavantage numérique…

16 – Avec sa victoire aux dépens du Canadien mercredi, le gardien Steve Mason en revendique 16 à ses 23 dernières sorties (16-3-4)…

23 – Après avoir encaissé 6 défaites à leurs 9 premiers matchs derrière le banc des Flyers, Craig Berube, Ian Laperrière et la nouvelle équipe d’entraîneurs des Flyers revendiquent un dossier de 23-14-1-3 et les Flyers sont plus que jamais dans la course aux séries dans l’Est…

499 –Vincent Lecavalier a récolté la 499e passe de sa carrière en se faisant complice du but de Sean Couturier, le premier des Flyers hier soir. Lecavalier a besoin de 9 points pour atteindre le plateau des 900 en carrière.