Quel début de match du CH!

MONTRÉAL - Je ne sais pas qui de Gerard Gallant et des Rangers ou des partisans du Canadien ont été les plus surpris du début de match canon du Tricolore dimanche. Un début de match qui a pavé la voie à l'une des meilleures performances du Canadien cette saison.

Un bon départ et un bon match qui prouvent que le Canadien peut bien jouer au hockey quand il s'en donne vraiment la peine. Qu'il peut rivaliser avec des adversaires bien meilleurs que lui. Qu'il peut même les battre quand ces adversaires ne prennent pas les moyens pour déployer plus d'efforts que lui.

Et c'est ça la beauté du match de dimanche. De la victoire de 2-1 arrachée aux BlueShirts au Madison Square Garden.

Malgré une liste de blessés déjà longue sur laquelle il venait d'ajouter le nom de Jake Evans, malgré le manque d'expérience des uns, le manque de talent des autres, malgré le poids des défaites qui s'accumulent, malgré le spectre d'une très longue fin de calendrier, en dépit le fait qu'il disputait un deuxième match en 22 heures, qu'il jouait devant l'une des foules les plus hostiles de la LNH, le Canadien a amorcé le match avec force.

Avec beaucoup plus de force qu'il ne l'avait fait 22 heures plus tôt face aux Islanders.

N'eût été les arrêts spectaculaires d'Igor Shesterkin réalisés aux dépens de Cole Caufield, de Juraj Slafkovsky deux fois, de Christian Dvorak et Evgeni Dadonov – vous avez bien lu! – le Canadien aurait pu s'offrir une avance d'un voire de quelques buts tant il a surpris les Rangers avec son début de match.

Juste pour ce début de rencontre, juste pour le fait d'avoir tenu tête aux Rangers, le Canadien bien préparé par Martin St-Louis qui visiblement commence à être irrité par les mauvaises performances de son club mérite des éloges.

Mais attention! Il devra se souvenir de ce qu'il a fait dimanche. Il devra prendre les moyens pour répéter ce solide début de rencontre. Peu importe l'adversaire. Peu importe les circonstances du match.

Personne ne lui demande de gagner. Mais tout le monde a le droit d'exiger la manière de jouer affichée dimanche.

Montembeault tient tête à Shesterkin

Si Igor Shesterkin a privé le Canadien de quelques buts en début de rencontre, Samuel Montembeault a fait la même chose à l'autre bout de la patinoire.

En multipliant les arrêts difficiles et importants, les deux gardiens ont contraint les deux clubs à retraiter au vestiaire sur une égalité de 0-0 après le premier tiers. Ils ont ainsi prouvé qu'on n'a pas besoin d'une avalanche de buts pour obtenir un match spectaculaire.

Shesterkin a été sensationnel. Il a disputé un match à la hauteur du trophée Vézina qu'il a gagné l'an dernier.

Samuel Montembeault l'a été tout autant avec ses 38 arrêts réalisés sur les 39 tirs des BlueShirts. Le gardien québécois qui voit beaucoup d'action en l'absence de Jake Allen démontre qu'il est en mesure de répondre aux attentes. De remplir un rôle plus important devant la cage du Tricolore. De disputer deux matchs en deux jours et d'être solide.

Montembeault a tendance à accorder des retours généreux, des retours qui permettent à l'adversaire d'ajouter des tirs et de multiplier les occasions de marquer à ses dépens. Ça lui a souvent joué des tours.

Surtout lorsque ses coéquipiers pas assez impliqués et/ou vigilants autour de lui se font battre de vitesse pour récupérer ces rebonds. On en a eu la preuve samedi soir sur le but gagnant marqué par Anthony Beauvillier samedi au UBS Arena.

Mais dimanche, David Savard, Joel Edmundson et les jeunes défenseurs du Tricolore – Jordan Harris, Johnathan Kovacevic, Arber Xhekaj et même Justin Barron ont fait du très bon travail – de même que les 12 attaquants ont aidé Montembeault à avoir le dessus sur les Rangers.

Dach s'impose de plus en plus

Il est important de souligner la qualité du match disputé par Kirby Dach. Deviendra-t-il un jour le gros joueur de centre que Kent Hughes recherchait lorsqu'il a échangé Alexander Romanov pour sortir Dach de Chicago?

Je ne sais pas. Et il faudra lui donner le temps nécessaire pour répondre à cette question.

Mais dimanche, muté au centre en raison de la perte de Jake Evans, Dach a disputé un très fort match. Dans les deux sens de la patinoire. Dans plusieurs circonstances. Il a été dominé aux cercles des mises en jeu, c'est vrai, mais les Rangers sont très forts collectivement à ce chapitre.

Dach s'impose de plus en plus : à la droite de Nick Suzuki et Cole Caufield, en avantage numérique ou au centre peu importe qui l'encadre.

Kirby Dach a marqué son huitième but de la saison dimanche; son troisième en avantage numérique. Il a récolté son 27^e point. On est loin d'une récolte le propulsant dans la course au trophée Art Ross, mais quand même : ces 27 points représentent un sommet en carrière pour ce jeune qui aura 22 ans, samedi prochain, que les Blackhawks ont repêché au troisième rang de la première ronde en 2019.

Ces 27 points en 44 matchs surpassent les 26 accumulés l'an dernier (neuf buts) en 70 rencontres avec les Hawks.

C'est une très belle progression.

Faire mentir les statistiques

En plus de réussir un excellent début de match et de doubler les Rangers 2-1 pour signer une première victoire sur la route en huit matchs, une première depuis le 19 décembre – gain de 3-2 en prolongation en Arizona – le Canadien a fait mentir les statistiques.

J'aime utiliser les tirs décochés au cours d'une rencontre pour illustrer l'allure d'un match.

Samedi, face aux Islanders, le Canadien a été dominé dans toutes les facettes du jeu. Bien plus que le laissait croire le score final de 2-1.

Les 15 tirs cadrés de plus obtenus par les Islanders, les 29 tirs décochés de plus et les six mises en échec supplémentaires en témoignaient avec éloquence.

Dimanche, les Rangers ont obtenu neuf tirs de plus sur Montembeault (40) que le Canadien en a dirigés sur Shesterkin (31). Ils ont aussi décoché 33 tirs de plus que le Tricolore (83-50). Malgré tous ces tirs tentés de plus, ils ont distribué dix mises en échec de plus qu'ils en ont reçues (24-14).

Si je n'avais pas suivi le match avec attention et que je me fiais seulement à ces statistiques pour déterminer l'allure de la rencontre, je dresserais un portrait erroné du match.

Car en première période, en période médiane et lors du dernier tiers – si l'on fait exception des dernières minutes alors que les Rangers ont poussé pour niveler les chances, le Tricolore a toujours été dans le coup. Et ça, c'est plus important que les deux points associés à la victoire.

Le défi maintenant sera de ne pas se dégonfler mardi alors que les puissants Jets seront de passage au Centre Bell. De ne pas répéter l'affreuse performance face aux Islanders après la très solide face aux Predators, jeudi lors de la soirée hommage à P.K. Subban.

On en peut exiger au Canadien de signer deux victoires consécutives pour la première fois depuis les 23 et 25 novembre – une séquence de 23 rencontres – mais on peut certainement exiger deux performances solides de suite.

Il me semble que ce n'est pas trop demandé!