Éric Raymond louange son mentor Benoît Allaire
BROSSARD – Éric Raymond n'était âgé que de 15 ans quand il a fait la connaissance de Benoît Allaire, une sommité dans le milieu des entraîneurs de gardiens de but. Aujourd'hui, 35 ans plus tard, Raymond n'a que de bons mots pour celui qui a été son entraîneur, son mentor, son patron et désormais son confrère.
Leur destin est intimement lié depuis le milieu des années 1980. Après son passage à l'école de gardiens de but, Allaire a chapeauté Raymond pendant sa carrière de gardien dans la LHJMQ avec le Titan de Laval et le Collège-Français de Verdun.
Par la suite, Raymond a accompli une carrière professionnelle d'une quinzaine d'années avec une stabilité intéressante de neuf saisons en France.
Au terme de celle-ci, Raymond a rejoint Allaire dans la confrérie des entraîneurs de gardiens d'abord avec le Junior de Montréal et ensuite avec les Mooseheads de Halifax.
Sans surprise, c'est auprès d'Allaire qu'il a pu enfoncer les portes de la LNH en devenant son adjoint dans l'organisation des Rangers de New York. Raymond supervisait alors surtout la relève du club-école des Rangers, le Wolf Pack de Hartford.
« J'ai beaucoup appris de lui, c'est toute une personne, un super humain, un professeur des plus grandes universités. Je ne lui ferai jamais assez de compliments, il a toujours cru en moi », a confié Raymond avec reconnaissance.
« Il me disait des choses qui allaient arriver. Même si je ne l'avais pas encore vu, lui l'avait vu », a-t-il ajouté.
C'est à Hartford que Raymond a épaulé les excellents Igor Shesterkin et Alexandar Giorgiev dans leur adaptation au hockey nord-américain. Il leur a enseigné la philosophie d'Allaire si bien qu'ils n'ont pas tardé à s'illustrer avec les Rangers.
Giorgiev a été le premier des deux joyaux européens à débarquer à Hartford. Jamais repêché, il traversait l'Atlantique avec son bagage de connaissances et ses habitudes acquises de ses entraîneurs précédents.
« Dans les deux premiers mois, ça arrivait que j'entende ‘I don't agree coach' même si on a eu une superbe relation dès le départ. Ce n'est pas tout le monde qui va te donner sa confiance immédiatement. Tu dois y aller tranquillement et parfois attendre que ça mène à des buts contre lui », a raconté Raymond.
« La transition s'est effectuée avec le temps et ça n'a pas été long qu'il a changé pour ‘I agree coach' », a rigolé l'entraîneur qui dirige maintenant les gardiens du Canadien.
Deux ans plus tard, ce fut au tour de Shesterkin d'aboutir à Hartford où son passage aura été plutôt bref.
« Il avait eu du succès en Russie, mais on trouvait qu'il devait ajuster des choses pour la LNH afin qu'il ne paie pas le prix. Il était déjà bien smart, il comprenait que certaines choses ne passeraient pas dans la Ligue nationale », a exposé Raymond.
La meilleure version de Shesterkin était si prometteuse que Raymond et les Rangers ne pouvaient pas se contenter de ce qu'il faisait. Nul doute, l'approche a été fructueuse.
« Pour les deux, ça s'est super bien passé, on a encore une relation proche. On a bâti une confiance alors qu'ils partaient de loin dans leur demi-cercle et géographiquement parlant », a-t-il ajouté en souriant.
Très près de ses filles malgré la distance
Avec cette preuve probante de la qualité de son encadrement, Raymond se sentait plus que prêt pour qu'une équipe de la LNH lui confie ses gardiens au quotidien.
Cette ouverture a été obtenue chez le Canadien grâce à Dominique Ducharme, son ami. L'aventure, qu'il attendait depuis quelques années, aurait pu prendre fin, quelques mois plus tard, lorsque Martin St-Louis a pris les commandes du CH.
« J'ai essayé de ne pas penser à ça dans le sens que tu ne contrôles pas la suite. Martin est arrivé avec une super attitude, on a formé une équipe avec les autres adjoints (Alex Burrows, Trevor Letowski et Luke Richardson qui a quitté cette saison), je n'étais pas le seul à rester. Dans le hockey, ce sont des choses qui arrivent toujours. Tu dois t'ajuster rapidement. On a du fun ensemble et ce sera encore plus plaisant quand on va gagner davantage », a commenté Raymond.
On déduit que Jeff Gorton, vice-président exécutif aux opérations hockey, a eu de bons mots à son égard ayant observé son boulot dans l'organisation des Rangers alors qu'il était le directeur général.
Pendant la pause de 10 jours que le Canadien vient d'entamer, Raymond n'est pas parti en Floride pour pratiquer son golf ou se prélasser sur la plage. Il s'est plutôt empressé de quitter vers l'Europe pour aller rejoindre ses deux grandes filles de 14 et 16 ans.
Séparé de leur mère, Raymond a grandi loin des deux êtres les plus précieux dans son cœur.
« Je pourrais dire que c'est mon plus grand accomplissement, celui d'être demeuré très proche d'elles malgré la distance. Ça n'arrive pas sans effort. Ça passait par des voyages qui ne faisaient pas toujours du sens, mais tu le fais quand même », a confié Raymond.
« Pour un père, c'est un épisode dans ta vie pour lequel tu ne lâches pas », a-t-il ajouté avec un regard dévoué.
Depuis son enfance jusqu'à ce rôle prestigieux avec le Canadien, Raymond convient que la vie ne lui a rien donné. Il a souvent eu à se retrousser les manches et redoubler d'ardeur pour atteindre ses buts. Ce message il le transmet à ses filles et aux gardiens qu'il encadre pour que le travail fasse partie de leurs valeurs.
Éventuellement, ses filles réaliseront la portée de son accomplissement. Ce sera encore plus facile quand elles pourront venir goûter à l'ambiance du hockey à Montréal.
« J'ai bien hâte qu'elles puissent voir un peu l'ampleur. Mais, en même temps, je préfère qu'elles soient fières du fait que je m'occupe d'elles », a conclu Raymond.