Face à la pire formation du circuit Bettman, le Canadien s’est complètement endormi et a permis aux Coyotes de l'Arizona de revenir dans la partie. Immanquablement, personne n’est à l’abri de commettre un faux pas. D’ailleurs, la Sainte-Flanelle avait la chance de se faire pardonner deux jours plus tard.

Tout était mis en place pour que le Tricolore livre une performance sans bavure pour se faire pardonner. Il jouait à domicile un samedi soir, face à ses éternels rivaux, les Maple Leafs de Toronto, alors que tout le gratin de la LNH était réuni à Montréal dans le cadre du centenaire. Le Canadien n’aurait pas pu avoir de plus belle tribune pour se racheter et prouver que la défaite précédente n’était qu’une erreur de parcours. Déconfiture totale, le Canadien s’est fait humilier 6 à 0 par les Maple Leafs.

Après avoir gâché une avance de deux buts face à la pire formation de la LNH, les Coyotes de l’Arizona, l’entraîneur-chef avait qualifié la performance de sa troupe de « gênante ». Si la première défaite était gênante, les qualificatifs manquent pour la deuxième.

Comment expliquer ces performances désastreuses? Est-il question d’un manque de caractère ou de talent?

Canadien c. Maple Leafs

Face aux Maple Leafs, ces derniers ont cadré 15 tirs depuis l’enclave, comparativement à 7 pour le Canadien. Pour ce qui est du bas de l’enclave, le compte fut de 7 à 4 pour les tirs cadrés. Bref, même si le Tricolore a lancé plus de tirs sur le filet adverse, ces tirs n’étaient pas de qualité.

Pour espérer marquer de la LNH, il faut aujourd’hui lancer depuis l’enclave, comme le tireur bénéficie d’un angle optimal et que le temps de réaction du cerbère y est minimal. Cela explique que le pourcentage d’arrêts du gardien moyen face aux lancers provenant de la périphérie soit supérieur à 96,0% et que ce même pourcentage d’arrêts soit d’à peine 77,5% face aux tirs du bas de l’enclave.

Au moment d’écrire ces lignes, les deux équipes inscrivant le plus de buts par partie sont le Lightning et les Maple Leafs. Ce sont également les deux équipes cadrant le plus de tirs depuis l’enclave par partie, soit 14,7 pour Tampa Bay et 14,5 pour Toronto.

D’ailleurs, face aux Coyotes, le Canadien a dominé son adversaire 39 à 29 au chapitre des lancers. Cependant, la formation de l’Arizona a cadré 9 tirs depuis le bas de l’enclave, son nombre étant de 3 pour le Tricolore.

Les statistiques avancées révèlent que ce n’est pas le volume de tirs qui importe le plus, mais plutôt la qualité des lancers. Celle-ci explique presque toujours les performances offensives et défensives enregistrées par une équipe.

Perdre est une chose, la façon de perdre en est une autre. Samedi soir, le Canadien n’avait pas le droit à l’erreur considérant son écroulement de la partie précédente. Vous connaissez la suite.

Avec des joueurs de la trempe de Jonathan Drouin, Max Pacioretty et Alex Galchenyuk, le talent offensif ne fait pas défaut chez le Tricolore. C’est plutôt le caractère de l’équipe qui fait sourciller, ce qui est encore plus inquiétant.

C’est précisément parce que le club manquait de caractère et de leadership que Marc Bergevin a fait l’acquisition de Shea Weber et Andrew Shaw il y a deux ans. C’était déjà une lacune qui avait été identifiée par l’état-major. Or, à la lumière des récentes performances, il faut se demander si ce problème fut véritablement résolu.

Évidemment, le chef d’orchestre de cette équipe manque à l’appel en Carey Price. Il n’en demeure pas moins que le Canadien fut blanchi face aux Maple Leafs. Peu importe le gardien d’office, il est impossible de gagner en subissant un blanchissage. C’est basique.

Attention, cet article n’a pas pour objectif de cibler nominativement des joueurs pour expliquer les insuccès de l’équipe. Cet article suggère plutôt une explication des contre-performances collectives.

Le Tricolore doit maintenant profiter de son court voyage dans l’Ouest américain pour rebondir avec aplomb, surtout qu’il y retrouvera deux anciens favoris de la foule montréalaise : P.K. Subban et Alexander Radulov. Les amateurs râleront, avec raison, en cas d’échec. Pour cette raison, ce sera assurément un moment charnière de la campagne.

Au-delà des points au classement général, le club doit désormais prouver qu’il a du caractère et de la fierté.