Miguel Tourigny sort de sa zone de confort en Slovaquie pour le bien de son jeu
MONTRÉAL – « Parfois, les gars me criaient des indications en slovaque sur la glace. Je me tournais et j'étais comme ‘Qu'est-ce que je fais?' Je ne savais pas trop... Mais ça s'est super bien passé et je suis bien fier. » Dans la catégorie, sortir de sa zone de confort, il y a cette décision de Miguel Tourigny de s'exiler en Europe.
La scène se passait, vendredi dernier, lors du premier match professionnel de Tourigny en Slovaquie au sein du Dukla de Trencin dans l'Extraliga.
Par un concours de circonstances, le défenseur de 20 ans se retrouve dans le pays de Juraj Slafkovsky et Filip Mesar. Après quatre saisons dans la LHJMQ, où il a excellé offensivement, le droitier a déterminé qu'il devait quitter le confort du circuit québécois pour vivre l'aventure professionnelle.
Il souhaitait d'abord entamer cette étape avec le Rocket de Laval, mais quand il a été retranché du camp d'entraînement, il a décidé de foncer.
« Après la dernière saison, j'ai juste dit à mon agent ‘Je veux jouer pro no matter what. Que ce soit à Laval ou en Europe », a expliqué Tourigny.
Quelques équipes européennes voulaient accueillir le choix de septième ronde du CH en 2022. Toutefois, la saison a pris son envol en Europe pendant qu'il participait encore au camp du Rocket.
« Certaines équipes ont arrêté d'avoir de l'intérêt car ils avaient déjà leurs joueurs. Mais Trencin voulait m'attendre peu importe le moment. Quand ça s'est fini à Laval, il fallait agir vite et j'ai choisi d'aller là », a dévoilé Tourigny qui a donc connu sa destination à peine trois jours avant son départ.
Durant le tournoi des recrues à Buffalo, Tourigny a bien paru en possession de la rondelle, mais ça se voyait qu'il devra redoubler d'ardeur pour le volet défensif. À ses yeux, le saut professionnel – qui passait par l'Europe – devenait l'option la plus logique pour cet objectif.
« Les gars sont plus âgés et expérimentés, ça développe ta maturité plus vite. À court terme, le junior aurait été intéressant pour gagner une coupe du Président ou la coupe Memorial. Mais je pensais à long terme, je trouvais que c'était plus bénéfique pour aider ma game », a cerné Tourigny alors que le doyen de son équipe est âgé de 41 ans.
Malgré le contexte bien différent, Tourigny affirme qu'il n'était pas trop confus à son premier match.
Miguel Tourigny« Je n'avais aucune idée du style qui se jouait ici. Mais, pour vrai, ça n'a pas pris tant de temps pour m'habituer », a assuré le droitier de cinq pieds huit pouces et 179 livres.
D'ailleurs, Tourigny a été en mesure d'utiliser ses qualités offensives sans tarder.
« C'est sûr que j'ai pu m'en servir. Mon patin m'aide beaucoup sur une grande patinoire, mais je serai plus confiant au fil des matchs et j'aurai une meilleure complicité avec les joueurs », a exprimé Tourigny qui a été impliqué dans une petite confrontation physique avec un adversaire.
La pertinence de quitter en Europe sera toutefois évaluée sur sa progression défensive. Il considère que, même en jouant sur des patinoires plus grandes, il raffinera cet aspect.
« Oui, la glace est plus grande, mais la rondelle doit encore finir dans le but. Je me suis dit qu'en jouant avec des hommes, j'allais progresser autant du côté défensif qu'offensif », a-t-il réagi.
Tourigny a beau avoir traversé l'Atlantique, il joue en se rappelant les conseils de Francis Bouillon, entraîneur au développement chez les Canadiens.
« On a eu une bonne discussion avant ma deuxième partie du tournoi des recrues. Il m'a dit que j'allais parfois dans la bataille pour la rondelle sans aucune intention précise. Il me disait que, en tant que petit défenseur, je devais plus y aller avec mon bâton et de manière intelligente. De ne pas arriver juste pour frapper mon gros adversaire, d'être plus intelligent que lui. J'ai mis ça dans mes bagages et je travaille avec l'entraîneur pour améliorer mon côté défensif », a confié Tourigny.
Pour le moment, le Québécois n'a pas encore découvert les charmes de l'aréna du Dukla (le Pavol-Demitra Stadium). D'importants travaux de rénovation empêchent la tenue de matchs jusqu'à Noël.
« Mais les deux parties ont vraiment été le fun. Les partisans sont fous ! Ça crie et ça chante tout le temps, je suis bien impressionné. »
Parlant d'être impressionné, voici une petite anecdote amusante.
« On a un bain de glace qui est neuf, mais il est fait à l'ancienne comme un baril de bière. Je trouve ça très beau », a raconté Tourigny avec le sourire.
Un paysage plutôt différent
Mais ce n'est rien à côté du site historique qui se trouve à peine à cinq minutes de voiture de son appartement. Il s'agit du Château de Trencin, érigé au XIe siècle, qui surplombe la ville de 55 000 habitants. Un paysage pour le moins différent de ses arrêts précédents (Bathurst et Boisbriand) et de son enfance sur une ferme de Victoriaville.
« Tout est différent du Québec ici. Mettons ma laveuse, je ne peux pas mettre plus que quatre ou cinq cotons ouatés. Tout est plus petit dans mon appartement », a imagé Tourigny qui se promet de visiter ce magnifique château bientôt.
Tant qu'à plonger dans le hockey professionnel, Tourigny a choisi d'habiter seul pour la première fois de sa vie. Un coéquipier canadien l'a donc gentiment aidé à faire sa première épicerie en Slovaquie.
« Au début, c'était un choc, je ne m'attendais pas nécessairement à ça. Mais les gens sont vraiment accueillants et je n'ai que de beaux mots à dire sur le pays. Plus les jours avancent, plus je m'habitue et je deviens confortable », a-t-il décrit.