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RÉSULTATS

Un premier camp pro « pas de pression » pour Pierrick Dubé

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BROSSARD – Pierrick Dubé a démontré dans les derniers mois qu'il n'était pas affecté par le stress de la même manière que peut l'être un être humain normalement constitué.

Au cours du long parcours des Cataractes de Shawinigan en séries éliminatoires, il a marqué le but qui a envoyé son équipe au tour suivant à trois occasions. Dans le match décisif de la demi-finale, il restait 48 secondes à faire en troisième période quand il a mis la touche finale à une remontée de trois buts pour éliminer les Remparts de Québec. Dix jours plus tard, c'est lui qui s'est chargé du but égalisateur et de celui en prolongation alors que la coupe du Président se faisait astiquer en coulisses à Charlottetown.

Il a terminé ses séries avec 12 buts en 16 matchs. Un an plus tôt, rappellera-t-il lui-même, ça avait été neuf buts en neuf matchs pendant la quête des Saguenéens de Chicoutimi.

Après le tournoi de la coupe Memorial, Dubé est allé se reposer dans sa famille en Europe. Il savait, avant son départ, que ses récentes performances l'avaient placé dans le viseur de certaines équipes professionnelles. À son retour, cet intérêt à son égard s'est finalement traduit par une invitation au camp de développement du Canadien.

À 21 ans, c'est la première fois qu'on daigne lui faire une place dans un événement du genre.    

« Dans le hockey professionnel, tout le monde veut des gagnants, tout le monde veut des joueurs qui savent aider une équipe à gagner, disait Dubé après son premier entraînement de la semaine, lundi. Marquer des gros buts dans les gros matchs, c'est toujours bon à mettre sur un CV. On ne demande pas mieux. J'étais arrivé à Shawinigan pour scorer des buts, j'ai rempli ma mission. C'est sûr que dans un bagage, ça se place bien maintenant. »  

Dubé est l'un des sept joueurs, parmi les 41 qui se trouvent à Brossard cette semaine, qui y sont sur les termes d'un contrat d'essai professionnel. C'est le genre de proposition qui ne vient avec aucune promesse, si ce n'est que celle de pouvoir repartir avec une paire de shorts aux couleurs de l'équipe. Mais il n'est pas exclu non plus qu'elle soit le point de départ d'une belle histoire. C'est en tant qu'invité qu'Arber Xhekaj s'était présenté au camp des recrues du CH en septembre dernier. Quelques semaines plus tard, il quittait avec un contrat de la LNH en poche.

Dubé caresse pour sa part l'objectif plus réaliste d'obtenir un contrat de la Ligue américaine et d'intégrer le marché du travail avec le Rocket de Laval. Il laissera les choses venir à lui, « pas de pression », au cours de l'été. « Mais on ne sait jamais ce qui peut arriver d'ici à mercredi aussi », se permet-il de rêver.  

« Au point où on en est, ils ne regardent plus si un tel a été invité ou repêché, croit-il. C'est juste un statut rendu là. Martin St-Louis, il a été invité. C'est un exemple à suivre. Quand tu es sur la glace, ce n'est pas marqué dans ton dos que tu es un joueur invité. Tu as la même chose à prouver que n'importe qui ici. Je me dis que si je suis ici, c'est que j'ai fait des bonnes choses. Je veux juste les reproduire ici à ce niveau. »

L'entraîneur du Canadien est souvent utilisé comme exemple par les joueurs sous-estimés qui tentent de faire fi des probabilités. Parce qu'il peut être intimidant de s'associer de la sorte à un membre du Temple de la renommée, Dubé dit aussi s'inspirer du parcours de Jonathan Marchessault, qui approche du plateau des 500 matchs joués dans la LNH même s'il n'a jamais été repêché.

« On est pas mal le même style de joueur. On n'a pas le plus gros gabarit, mais on est capables de jouer gros », compare-t-il.  

Des décisions judicieuses

En vérité, ce n'est pas la première fois que Pierrick Dubé trempe dans l'organisation du Canadien.

L'automne dernier, pendant qu'il refusait de se rapporter au Drakkar de Baie-Comeau, il avait pris la décision inusitée de joindre les Lions de Trois-Rivières, la nouvelle équipe de la ECHL affiliée au Tricolore. Il a joué dix matchs pour la formation dirigée par Éric Bélanger avant de prendre la décision de revenir profiter de sa dernière année d'admissibilité au niveau junior.

« C'est sûr que c'était un ‘guess' à prendre parce que quand tu touches au niveau professionnel, souvent tu ne veux pas retourner en arrière. Mais je pense que j'ai pris la bonne route », se félicite-t-il aujourd'hui.

Ce n'était pas la première fois que cette route était affectée par une décision judicieuse. Né en France pendant que son père y complétait sa propre carrière de joueur, Dubé a quitté sa mère et ses deux sœurs pour venir s'installer au Québec au début de l'adolescence. C'était le geste à poser, croyait-il, s'il voulait exploiter sans regret son potentiel athlétique. Il a intégré la structure du Séminaire St-François, puis a été repêché en première ronde, deux ans plus tard, par les Remparts de Québec.

Maintenant qu'il est aux portes du hockey professionnel, il continue de s'inspirer de son père Roger, qui a notamment représenté la France cinq fois au Championnat du monde en plus de participer aux Jeux olympiques de Nagano.

« Mais mon but, c'est rester le plus longtemps possible en Amérique, précise-t-il. Je veux faire mon bout de chemin ici. Je sais que j'ai les moyens pour le faire. »