Hockey Canada : 10 des 19 joueurs présents au gala ont participé à l'enquête
OTTAWA - Michel Ruest, directeur principal de Sport Canada, affirme que l'organisation fédérale a été informée de l'agression sexuelle présumée impliquant des membres de l'équipe canadienne de hockey junior à la fin juin 2018, mais n'a pas fait de suivi auprès de Hockey Canada à l'époque.
Interrogé mardi devant le Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes, M. Ruest a également déclaré aux députés que Sport Canada, une antenne de Patrimoine canadien, n'avait pas informé le bureau du ministre des Sports de l'époque, Kent Hehr, des allégations.
L'actuelle ministre des Sports, Pascale St-Onge, a affirmé qu'elle n'a été mise au courant des allégations que cette année.
Plus tôt dans la journée, l'avocate Danielle Robitaille, de la firme torontoise Henein Hutchison, a rapporté que dix des 19 joueurs ayant participé au gala de la Fondation de Hockey Canada à la suite duquel un viol collectif se serait produit en 2018 ont participé à l'enquête sur les événements.
Elle a indiqué aux parlementaires que les 10 joueurs ont été rencontrés, que sept autres ont refusé de participer à son enquête tant que celle de la police est en cours, et que deux autres ont d'abord refusé catégoriquement d'y participer, mais qu'ils auraient plus tard signalé qu'ils reportent leur participation.
A-t-elle désormais une bonne idée de l'identité des huit hommes qui étaient présents dans la pièce où une jeune femme prétend avoir été agressée, lui a demandé le député libéral Anthony Housefather.
« Je ne veux pas fournir une réponse au cours de ces procédures qui pourraient potentiellement teinter la preuve d'autres témoins que je n'ai pas encore entendus, a-t-elle répondu. Je ne veux pas non plus fournir une réponse teintant les preuves qui seraient fournies au service de police de London qui a rouvert son enquête, ou à la LNH (Ligue nationale de hockey) ou à l'AJLNH (Association des joueurs de la Ligue nationale de hockey) », a-t-elle répondu.
Me Robitaille a affirmé que la plaignante a longtemps refusé de participer à son enquête, y compris pendant 18 mois après la fermeture de l'enquête policière. Cela a mené l'avocate à fermer temporairement son enquête et à ne pas recommander d'interviewer les neuf joueurs restants tant que la plaignante n'aura pas fourni sa déclaration.
« Les circonstances ont désormais changé », a-t-elle ajouté. Le 9 juillet dernier, la plaignante a indiqué qu'elle est prête à participer. La firme a reçu l'ordre de rouvrir l'enquête. La plaignante a fourni une "version détaillée des événements" et l'avocate est désormais en position d'interviewer les hockeyeurs restants.
L'avocate a refusé de révéler les discussions avec Hockey Canada qui ont conduit l'organisation à ne pas forcer les joueurs à participer à l'enquête à l'époque ni à leur imposer des sanctions s'ils refusent, un élément clé qui est ressorti d'une comparution des dirigeants de Hockey Canada à la fin juin.
Elle a également indiqué que Hockey Canada a réclamé que soit maintenu le secret professionnel quant aux recommandations contenues dans son rapport préliminaire.
Comparution de Hockey Canada
Des dirigeants de Hockey Canada reviendront devant les membres du comité mercredi à propos de ces allégations selon lesquelles des joueurs de deux équipes nationales du Championnat mondial junior auraient commis des agressions sexuelles en groupe en 2018, mais également en 2003.
Le comité a convoqué deux jours de réunions afin de démêler ce qui s'est passé. Hockey Canada fait l'objet d'un examen minutieux depuis qu'on a appris en mai que l'organisation s'est entendue à l'amiable avec une présumée victime de viol collectif en 2018 en lui versant une compensation financière. Les détails du règlement, y compris l'identité de la plaignante et des hommes impliqués, n'ont pas été rendus publics.
Vendredi, la nouvelle d'une autre allégation liée à l'équipe de 2003 à Halifax a éclaté.
Le gouvernement du Canada a gelé le financement de Hockey Canada et ordonné une vérification comptable. Un certain nombre d'entreprises commanditaires ont aussi suspendu leur financement.
Scott Smith, président et chef de l'exploitation de Hockey Canada, et le chef de la direction récemment retraité, Tom Renney, ont été interpellés par des parlementaires lors d'une réunion de comité le mois dernier. Les deux devraient être de retour mercredi.
Les députés entendront également le président de la Ligue canadienne de hockey (LCH), Dan McKenzie, de même que l'ancien vice-président des assurances et de la gestion des risques de Hockey Canada, Glen McCurdie.
La ministre des Sports, Pascale St-Onge, doit comparaître plus tard mardi. Le comité entendra également le président et chef de la direction de la compagnie d'assurance BFL Canada et les commissaires des trois circuits juniors majeurs du Canada: ceux de l'Ouest, de l'Ontario et du Québec.
Entre-temps, Hockey Canada a dévoilé, lundi, un plan pour combattre la culture toxique. Il comprend la mise en oeuvre d'un système centralisé de suivi et de signalement des plaintes d'abus, qui sera en place d'ici septembre. Les résultats seront publiés chaque année.
Hockey Canada a également promis qu'un conseil d'administration indépendant serait nommé d'ici le 15 septembre pour assurer que le plan soit mis en oeuvre.