Cinq anciens joueurs de l'édition 2018 d'ÉCJ sommés de se livrer à la police de London, en Ontario
TORONTO – La police de London, en Ontario, n'a pas voulu confirmer un rapport du Globe and Mail indiquant que cinq membres d'Équipe Canada Junior de 2018 ont été contraints de se rendre aux autorités avant d'être accusés d'agression sexuelle.
Le quotidien torontois, citant deux sources non identifiées, a rapporté mercredi que les accusations qui pèsent sur eux sont en lien avec une agression sexuelle alléguée survenue dans un hôtel.
Les gestes auraient été commis après un gala d'Hockey Canada, tenu à London en juin 2018, au cours duquel les joueurs d'ÉCJ 2018 ont été honorés pour leur victoire cette année-là au Mondial de hockey junior.
Certains joueurs de cette formation évoluent maintenant dans la Ligue nationale.
Aucune de ces allégations n'a encore été prouvée devant un tribunal.
La police de London a indiqué par communiqué qu'elle n'était pas en mesure de fournir de plus amples détails au sujet de cette enquête, mais qu'elle tiendrait une conférence de presse pour clarifier les faits le 5 février prochain.
Entre-temps, la classe politique n'a pas hésité à parler de petite victoire pour le système de justice et la population du pays.
« Tout d'abord, j'ai une pensée pour la présumée victime dans cette affaire-là. Il faut qu'on puisse tourner la page sur cette situation-là. C'est une question de confiance pour notre société aussi, pour qu'on arrête de croire que les sportifs s'en tirent toujours mieux que d'autres. Pour moi, l'important, c'est qu'on puisse passer à autre chose, qu'on arrive à la fin de ce processus-là. Et si une faute grave a été commise, alors que ceux qui l'ont fasse face à la justice », a d'abord mentionné le député de Marquette et ex-joueur de la LNH Enrico Ciccone, présent au caucus du Parti libéral du Québec à Thetford Mines mercredi.
« Hockey Canada est entachée depuis quelques années. On voit avec le temps que beaucoup de choses ont été cachées, ce qui a entraîné une perte de confiance dans le milieu sportif. Ça n'est pas juste chez Hockey Canada; je pense qu'on a fait le tour aussi — d'autres situations dans d'autres fédérations où on tentait de protéger le logo, l'image de l'organisation, avant le bien-être d'un être humain — et pour moi, ça, c'est inacceptable », a poursuivi Ciccone.
De son côté, le député du Bloc québécois Sébastien Lemire a souligné que les révélations du Globe and Mail étaient un pas dans la bonne direction, mais a aussi rappelé qu'il restait encore beaucoup de choses à accomplir pour rétablir la confiance du public envers les institutions judiciaires et sportives du pays.
« On s'attend à des accusations, en lien avec ces faits allégués là qui se seraient produits à London en 2018, mais il reste encore des éléments troublants qui doivent être éclairés», a-t-il d'abord évoqué en mêlée de presse au Saguenay en marge d'une retraite pré-sessionnelle du caucus bloquiste.
« De plus, il y a quoi? Seize fédérations dans la dernière année qui ont sorti des histoires d'allégations et de faits tout aussi troublants, et on est toujours en attente là-dessus. Le sport est toujours en crise, le sport est toujours malade », a-t-il renchéri.
Il faut rappeler qu'une femme identifiée comme E.M. dans les documents judiciaires a intenté une poursuite de 3,35 millions $ au printemps 2022, une affaire prestement réglée hors cours par Hockey Canada.
Des révélations subséquentes au sujet d'un compte servant à régler ce genre d'affaires à Hockey Canada engraissé à même les cotisations du hockey mineur canadien ont entraîné une levée de boucliers contre l'organisme national.
Des audiences parlementaires ont remis en question la gouvernance et la transparence d'Hockey Canada.
Des dirigeants de l'organisme ont témoigné devant les parlementaires en juin 2022 avoir « fortement encouragé » sans obliger les 19 joueurs présents au gala de London de parler avec les enquêteurs indépendants.
Le président et chef de la direction d'Hockey Canada Scott Smith a ensuite quitté l'organisme en octobre 2022, le jour même où tout le conseil d'administration a remis sa démission.
La police de London a mis fin à une précédente enquête en février 2019 sans porter d'accusation, mais elle a rouvert cette enquête en 2022.
Un enquêteur a écrit dans des documents judiciaires déposés dans un tribunal ontarien en décembre 2022 qu'il y avait lieu de penser qu'une femme ait été agressée sexuellement par cinq joueurs de l'équipe nationale.
La LNH a aussi lancé sa propre enquête. Le commissaire Gary Bettman a de nombreuses fois répété que les conclusions de cette enquête seraient connues sous peu. Le commissaire adjoint Bill Daly a indiqué en juin que l'enquête de la ligue était terminée et que le circuit était en contact avec la police de London.
Daly a indiqué par courriel mercredi que la LNH émettrait une déclaration « si et quand ce sera approprié ».
En novembre dernier, Hockey Canada a déclaré que les conclusions de l'enquête portant sur les allégations d'agression sexuelle contre certains membres d'Équipe Canada junior de 2018 étaient contestées.
Tous les joueurs d'ÉCJ de 2018 demeurent suspendus par Hockey Canada et sont actuellement inadmissibles à titre de joueurs, d'entraîneurs, d'officiels ou de bénévoles au sein des programmes sanctionnés par l'organisation.