TROIS-RIVIÈRES, Qc - Un des plus grands joueurs de hockey de l'histoire du Canadien de Montréal, un des plus aimés des Québécois, sera honoré, samedi, lors du dévoilement officiel de la place Jean-Béliveau aux abords du Centre Vidéotron à Québec.

L'inauguration doit se faire en présence d'anciens joueurs de hockey, dont quelques-uns de ses anciens coéquipiers, que le maire Régis Labeaume a pris soin d'inviter.

L'un d'eux, Jean-Guy Talbot ne peut s'empêcher de constater, avec une certaine nostalgie, qu'ils sont de moins en moins nombreux à pouvoir partager leurs souvenirs de cette glorieuse période de la « Sainte-Flanelle ».

Dans une entrevue très personnelle et touchante à La Presse canadienne dans son fief de Trois-Rivières, l'ancien no. 17 du Tricolore reconnaît que c'est difficile d'aller « porter ses grands chums en terre », leur demandant même d'arrêter puiqu'il n'y aura plus personne pour le porter lui.

Il faut dire que ce constat est lourd de sens pour l'ancien défenseur du CH puisque Jean-Guy Talbot a vu la mort de près, au début du mois d'août, à la suite d'une hémorragie interne.

Il a raconté que ses trois enfants et son épouse sont arrivés à l'hôpital alors qu'il venait de donner le feu vert au médecin pour tenter « le tout pour le tout » pour le sauver.

Au moment où Talbot raconte ces évènements, cinq semaines après avoir déjoué la mort, plus rien n'est visible. L'octogénaire est dans une forme resplendissante pour son âge alors que nous sommes attablés dans un de ses restaurants préférés de la région.

Il raconte son transport d'urgence à Centre hospitalier régional de Trois-Rivières (CHRTR), après une première intervention plutôt commune aux artères du coeur le 27 juillet, qui s'était pourtant bien déroulée.

« Ç'a bien été et puis je suis rentré chez moi. Environ une semaine ou deux après, j'ai perdu conscience d'un coup sec et ils m'ont amené d'urgence à l'hôpital. »

À ses côtés, son épouse depuis 65 ans, Pierrette, écoute silencieusement le récit de son mari, acquiesçant parfois de signes de la tête. Puis, son visage s'illumine de quelques sourires discrets lorsque l'entrevue emprunte une autre direction, celle des souvenirs du joueur de hockey détenteur de sept coupes Stanley, dont cinq consécutives avec le Canadien dans les années 1950, notamment aux côtés de son regretté ami Jean Béliveau qu'il a d'abord connu au hockey junior au sein des As de Québec.

Aujourd'hui, Talbot est heureux de pouvoir rendre hommage à son ami, mais aussi de pouvoir aller à la rencontre des jeunes qu'il incite à travailler fort pour atteindre leurs buts et surtout à ne pas se laisser décourager.

Un rôle de mentor que ce retraité du Tricolore prend très au sérieux. D'ailleurs, il traîne encore dans sa poche de veston des cartes de hockey de son « portrait » dans l'uniforme du bleu-blanc-rouge, qu'il n'hésite pas à dédicacer à ceux qui le reconnaissent, que ce soit au restaurant ou aux soins intensifs à l'hôpital!

Talbot raconte que sa carrière de hockeyeur l'a beaucoup fait voyager, surtout après avoir été échangé par le Canadien de Montréal après 13 saisons.

Même s'il a joué pour cinq équipes différentes au sein de la Ligue nationale de hockey (LNH), le Canadien de Montréal conserve de loin une place spéciale pour lui.

« Mes plus beaux souvenirs, c'est avec le Canadien de Montréal parce que mes cinq premières années, j'étais avec l'équipe qui a remporté cinq coupes Stanley consécutives. C'est un record qui ne sera jamais battu. »

Loin de jouer les vedettes, l'octogénaire est plutôt reconnaissant et ému de l'aura qui entoure le Canadien de ces années-là, bien au-delà des frontières du Québec.

Quant à ce qu'il pense de la Ligue nationale aujourd'hui? Il estime que c'est différent. Le jeu a changé, mais la ligue ça va très bien et les joueurs font de bons salaires, ce qui le rend très content pour eux.