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Abus au hockey junior : « inacceptable et honteux »

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OTTAWA - Il est « inacceptable et honteux » que d'anciens joueurs de hockey junior aient vécu les abus, violences sexuelles et actes de discrimination décrits dans un récent jugement de la Cour supérieure de l'Ontario, a déclaré lundi la ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, qui en appelle à la fin des pratiques d'initiation dans tous les sports.

« C'est quelque chose qui est très simple à régler. Les équipes et les organisations sportives doivent tout simplement les interdire », a-t-elle dit en mêlée de presse en marge d'une comparution devant le comité permanent de la condition féminine.

Elle a précisé que sa demande vaut pour l'ensemble des environnements sportifs et pas seulement ceux du hockey.

Dans une récente décision mise au jour par Radio-Canada en matinée, la Cour supérieure de l'Ontario rapporte les témoignages d'anciennes recrues de ligues de hockey junior de l'Ontario, de l'Ouest et du Québec qui disent avoir été victimes de sévices sexuels et de gestes humiliants commis par des vétérans. Selon le document, plusieurs des abus auraient été commis au cours de rites d'initiation et se seraient déroulés au su de dirigeants d'équipes.

« C'est inacceptable et honteux que des générations de jeunes ont été exposées à ce type d'abus-là. C'est honteux, aussi, que des adultes aient laissé faire ça (et) les initiations doivent cesser maintenant », a affirmé Mme St-Onge avant son témoignage en comité parlementaire.

Devant les élus du comité, elle a insisté sur l'urgence d'agir pour rendre les environnements sportifs exempts d'abus et de discrimination.

Elle a indiqué que des annonces étaient à venir en mars à ce chapitre et que toutes les options étaient évaluées pour assurer « plus d'imputabilité », entre autres.

« Mais à court terme, je ne peux pas passer mon temps à suspendre le financement de toutes les organisations, a-t-elle poursuivi. La meilleure chose à faire aujourd'hui, c'est que les adultes et les organisations dans le système sportif envoient un message clair comme quoi c'est interdit (les initiations) et que ça arrête. »

En juin dernier, la ministre St-Onge a suspendu le financement fédéral de Hockey Canada après que des allégations de viol collectif eurent fait surface.

La ministre québécoise de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, a soutenu que Québec n'entend pas, pour l'heure, interdire les initiations en milieu sportif à la grandeur de la province, notamment au niveau collégial.

« Pour l'instant, on n'en est pas là, mais ça peut faire partie d'une réflexion. (...) La réflexion se poursuit et les actions (aussi), puis on verra éventuellement s'il faut sévir à ce niveau-là », a-t-elle répondu lorsqu'interpellée à ce sujet au cours d'une conférence de presse, à Montréal, visant à annoncer un plan de lutte contre les violences sexuelles dans les cégeps et universités.

Mme Déry a affirmé qu'un changement de culture est déjà en train de s'opérer, mais qu'il doit survenir « encore plus rapidement au sein des équipes sportives ».

Elle a mentionné que des « formations obligatoires » sont en place et que « des enquêtes sont menées » lorsque son ministère ainsi que celui d'Isabelle Charest, ministre responsable du Sport, sont mis au courant « d'initiations qui dérapent ».

Les ministres provinciaux et territoriaux du Sport rencontreront leur homologue fédérale plus tard cette semaine aux Jeux du Canada.

Mme St-Onge semble avoir l'appui de certains députés de partis d'opposition dans son appel à une interdiction des rites d'initiation. « Évidemment que ça n'a pas sa place », a dit le porte-parole bloquiste en matière de sports, Sébastien Lemire.

L'élu conservateur Gérard Deltell a, quant à lui, dit n'avoir « jamais compris c'était quoi le "fun'' de faire des initiations aussi dégradantes que ça ». Il a toutefois indiqué qu'il exprimait son opinion personnelle.

La Presse Canadienne a tenté d'en savoir plus sur la position officielle des conservateurs. Le parti n'a pas répondu directement à cette question, bien qu'il ait fourni une déclaration écrite de son porte-parole en matière de sports, Richard Martel.

« Ces dernières allégations d'abus sont incroyablement troublantes et dégoûtantes. Les Canadiens s'attendent à ce que justice soit faite. Il n'y a pas de place pour ce genre de comportements indignes dans aucun sport ou segment de la vie canadienne », peut-on lire.

Le Bloc québécois a réitéré lundi sa demande qu'une commission d'enquête publique et indépendante soit déclenchée « sur la culture toxique dans les organisations sportives au Canada ».

Le Nouveau Parti démocratique est en faveur de cette initiative, et son leader parlementaire, Peter Julian, a déclaré qu'Ottawa doit, de façon générale, prendre ses responsabilités dans ce dossier. « Quand on regarde le manque de surveillance que le gouvernement fédéral a fait depuis des années, c'est vraiment (à lui) de prendre des actions nécessaires pour protéger les joueurs et le public. »

Chez les conservateurs, M. Martel a tenu des propos similaires sans préciser si l'opposition officielle souhaite aussi une commission d'enquête publique. « Présentement, le gouvernement n'en fait pas assez. (...) (Il) doit mettre en place des mécanismes pour empêcher toute forme d'abus », a-t-il soutenu dans sa déclaration écrite.

Mme St-Onge, quant à elle, est restée vague à savoir si elle entend aller de l'avant avec le format d'une commission d'enquête, répétant à plusieurs reprises qu'à ses yeux, « la question n'est pas de savoir si on doit faire quelque chose, mais surtout comment on doit le faire ».