Passer au contenu principal

Le hockey féminin met Utica « sur la map »

Publié
Mise à jour

« On ne savait pas où était Utica. Il a fallu regarder sur une carte! Maintenant, nous savons où ça se trouve et à quel point c'est une ville de hockey. »

Ces paroles sont celles de Luc Tardif, président de la Fédération internationale de hockey (IIHF), mais elles auraient pu être les miennes il y a quelques mois. En avril 2023, j'ai aussi interrogé Google pour savoir où se situe cette ville de l'État de New York. J'accompagnais alors le Rocket de Laval dans sa série deux de trois contre les Comets.

La visite fut de courte durée, mais m'a tout de même permis de constater que l'Adirondack Bank Center ne date pas d'hier. Ouvert depuis 1960, il a quand même un certain cachet avec son plafond inspiré de celui du Madison Square Garden. L'accueil des locaux m'a aussi agréablement surpris. Il suffit de passer chez Nina's pizza et de piquer une jasette avec la propriétaire des lieux pour en avoir un bon aperçu.

Depuis 2022, un magnifique complexe universitaire est annexé à l'amphithéâtre. Le Nexus Center compte notamment deux patinoires et une surface synthétique qui sert à la crosse et au soccer. C'est là que s'est déroulé le camp préparatoire de la LPHF qui m'a valu une deuxième visite dans la ville d'environ 65 000 habitants (pensez à Granby) en décembre dernier.

Environ trois mois plus tard, j'ai une fois de plus roulé les quelque 400 kilomètres entre Montréal et Utica. Le chemin le plus court se compose principalement de forêts, de lacs et de hameaux où on se demande de quoi les gens vivent. Ce n'est pas vilain, mais il faut penser à se ramasser un lunch dès la frontière traversée et ne pas trop compter sur sa connexion cellulaire. Cette fois, Utica vibrait au rythme du championnat mondial de hockey féminin.

Le terme « vibrer » n'est pas trop fort. Les 29 matchs du tournoi ont attiré 70 000 personnes, loin devant le record en sol américain de 28 605 spectateurs, enregistré en 2012 à Burlington. Les rencontres ont été diffusées dans neuf pays et 71 médias ont été accrédités, du jamais vu.

Les chanceux qui ont pu assister sur place à la finale entre le Canada et les États-Unis s'en souviendront longtemps. Les partisans accoutrés aux couleurs du Star-Spangled banner ont brandi pancartes et drapeaux, tout en encourageant bruyamment leur équipe. Les braves qui défendaient la feuille d'érable ne faisaient pas le poids, mais le grondement de la foule a semblé donné des ailes aux deux formations qui se sont livré une guerre sans merci.

Le but de Danielle Serdachny a permis à l'équipe canadienne de remporter sa 13e médaille d'or devant ses éternelles rivales.

« C'est une des games les plus folles que j'ai jouées! », m'a lancé la gardienne Ann-Renée Desbiens dans la foulée des célébrations.

Sa complice de longue date Marie-Philip Poulin se remettait à peine de ses émotions lorsqu'elle s'est présentée devant la caméra de RDS. Un an après la défaite contre les Américaines en Ontario, la revanche en sol ennemi était encore plus satisfaisante.

« On l'avait dans notre tête. Ça fait tellement du bien! »

La victoire va bien au-delà du triomphe canadien. Le succès retentissant de ce championnat mondial n'est qu'une preuve supplémentaire de l'engouement croissant pour le hockey féminin.

« Regarde juste la partie d'aujourd'hui, comment c'était intense. L'excitation, l'engouement sont remarquables. C'est magique! », s'est exclamée celle que l'on surnomme Capitaine Clutch en regardant dans les gradins.

La directrice générale d'Équipe Canada Gina Kingsbury, qui est aussi à la barre de la formation torontoise dans la LPHF, avait des étoiles dans les yeux. « Le prochain chapitre est incroyable. On le voit ici. Le futur c'est maintenant. »

Difficile de ne pas lui donner raison. Dans les prochains jours, un autre record d'assistance sera battu au Centre Bell. Dans les prochaines années, l'IIHF risque de coordonner son calendrier avec celui de la LPHF pour favoriser l'essor du circuit.

Entre temps, les meilleures joueuses au monde ont mis Utica « sur la map » du hockey international. À quand une quatrième visite?