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RÉSULTATS

William Rousseau est le premier récipiendaire du trophée Patrick-Roy

William Rousseau - Jean Lapointe - Huskies
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MONTRÉAL – William Rousseau venait de gagner tout ce qu'un joueur junior rêve de gagner quand il a appris qu'il était échangé aux Huskies de Rouyn-Noranda l'été dernier. La formation abitibienne avait vu le gardien de 20 ans mener les Remparts de Québec aux grands honneurs et souhaitait lui confier une mission similaire.

Sur papier, le plan paraissait sans faille. Son exécution a toutefois vite connu des ratés.

Pour un athlète qui atteint les plus hauts sommets, le retour au niveau de la mer peut être difficile. Le sentiment de n'avoir plus rien à prouver et la tentation de surfer sur les accomplissements passés peuvent le rendre vulnérable à un recul auquel il se sentait immunisé. C'est un peu le piège dans lequel est tombé Rousseau en arrivant avec sa nouvelle équipe.

« Mes quatre premières games, à peu près, ce n'était pas des matchs où j'étais dans mes repères », reconnaît aujourd'hui Rousseau, qui est devenu jeudi le tout premier récipiendaire du trophée Patrick-Roy remis au gardien de l'année dans la LHJMQ.

« Je voulais bien faire. Je pense que c'est plus le facteur humain qui est embarqué. Mais après ces quatre matchs, je me suis fait rencontrer dans le bureau par [l'entraîneur Martin Dagenais]. Avec Danny [Sabourin, l'entraîneur des gardiens], on s'en est parlé un peu aussi. Ça m'a donné comme un petit wake-up call et ça m'a ramené au fait qu'il n'y a rien qui est acquis, à la nécessité de tout le temps devoir se prouver. J'ai vraiment gardé ces mots-là en tête et ça m'a permis de me lancer. »

La suite a été ce qui s'est approché le plus d'un parcours sans faute parmi les cerbères du circuit Cecchini. Rousseau a remporté huit de ses neuf départs suivants. Il a été parfait au mois de décembre, entamant une séquence de onze départs victorieux consécutifs au cours de laquelle il a concédé plus de deux buts dans un match à seulement trois reprises.

Le natif de Trois-Rivières a terminé son ultime saison au niveau junior avec une fiche de 34-10-1 et huit jeux blancs, un record de la LHJMQ. Sa moyenne de buts alloués de 2,24 lui a valu de conserver le trophée Jacques-Plante qui lui avait été remis la saison dernière.

Sa candidature a été préférée à celles de Mathis Rousseau des Mooseheads de Halifax et Samuel St-Hilaire du Phoenix de Sherbrooke.

L'ironie n'a échappé à personne : le premier joueur à se voir octroyer le trophée portant le nom de l'ancien gardien des Bisons de Granby, du Canadien de Montréal et de l'Avalanche du Colorado a passé la majeure partie de sa carrière junior à jouer sous ses ordres.

« C'est tout un honneur, a réagi le charismatique athlète. On en avait parlé un peu quand le trophée est apparu, j'avais vu ça passer sur les réseaux sociaux au début de l'année. Je me disais que ça ferait drôle de le gagner en sachant que Patrick, pendant trois ans de temps, j'ai développé une bonne relation avec lui, j'ai joué pour lui, j'ai gagné avec lui. C'est vraiment un honneur d'être récompensé. »

Une influence indéniable

Rousseau s'est joint aux Remparts à l'âge de 17 ans dans un contexte difficile, celui d'une saison affectée par les restrictions liées à la pandémie. Il décrit la recrue qu'il était alors comme « un jeune homme pas aussi mature » qui ne l'est aujourd'hui. Dès lors, l'influence de Roy l'a aidé à se recentrer et à trouver les conditions gagnantes pour son développement.

« Il a été bon [dans sa façon] d'être direct avec moi. Il ne me l'a pas dit comme ça, mais j'ai senti qu'il fallait que j'en donne plus. »

Le jeune gardien précise que Roy a toujours laissé à son adjoint Pascal Lizotte le soin de se pencher sur les aspects techniques de la position. Son rôle auprès de ses hommes masqués en était plus un de mentor.  

« À chaque fois que ça n'allait pas super bien, il était capable de reconnecter avec moi avec des petites anecdotes, des situations où il se mettait à ma place. Il pouvait me dire : "j'ai été dans cette situation-là, Will, et j'ai fait ça, ça et ça pour m'en sortir". Ça m'a permis d'avoir ce bagage-là, cette expérience-là. Quand ces situations-là arrivaient, je savais comment m'en sortir. »

Rousseau cite en exemple une séquence au cours de laquelle il avait aligné des performances « douteuses un peu » avant les séries survolées par les Remparts, au printemps 2023.

« Il y avait eu un match contre Victo où même si on avait fini par gagner le match, ça n'avait pas bien été. Le lendemain, il m'avait fait rentrer dans son bureau et c'est une des rares fois où il a fait de la vidéo avec moi. En même temps, il m'a raconté des histoires du Colorado, quand il tirait de l'arrière dans une série et comment il était capable de se reconnecter avec sa confiance. Un gardien de but, il faut que tu sois naturellement en confiance pour être hot dans le moment. Ce sont des conseils que je vais garder pour moi. C'est des affaires que je dois prendre à cœur, venant de Patrick. »

Le septième ciel

L'avenir est radieux pour William Rousseau. Durant son parcours junior, il a poursuivi des études et décrocher une première licence pour opérer comme pilote d'avion. Le collègue Stéphane Leroux s'était même envoyé en l'air avec lui lors d'une récente visite à Rouyn-Noranda.

Mais avant d'envisager gagner sa vie avec ce parcours atypique, le petit-fils de l'ancien joueur du Canadien Bobby Rousseau souhaite voir si le hockey peut l'amener au septième ciel. Après avoir reçu une invitation au camp des recrues de Bruins de Boston l'été dernier, il souhaite en avoir fait assez pour qu'on lui offre un contrat dans les prochaines semaines.

Dans le cas contraire, il semble enclin à emprunter la voie du réseau universitaire canadien.

« C'est pro que je veux jouer l'année prochaine, il n'y a pas de doute. J'ai essayé cette année de donner plus de jus à mon agent pour pouvoir négocier quelque chose, trouver une place où je serais capable de me prouver. Une chance, dans le fond, de rentrer dans une organisation comme quatrième ou cinquième gardien et vraiment frayer mon chemin là-dedans. C'est juste ça que je veux, une chance. »

« Quand je l'aurai eue, si ça ne marche pas, c'est bien correct, je vais aller piloter des avions. Mais le hockey, c'est tellement gravé en-dedans de moi que je veux que ça marche. C'est mon rêve de petit kid. Mon grand-père a joué dans la Ligue nationale, je viens d'une famille de hockey. C'est ça que je veux faire dans ma vie et c'est sûr que je vais pousser fort pour que ça marche. »