Espoirs LNH : Angus Booth, une histoire de coups de foudre
MONTRÉAL – Angus Booth avait 11 ans quand il a assisté pour la première fois au repêchage de la Ligue nationale. Ce jour-là, son frère Callum, l'un des gardiens les mieux cotés de sa cuvée, était sorti de l'expérience aigri par un dénouement qui n'avait pas été à la hauteur de ses attentes.
Sept ans plus tard, les frérots étaient réunis dans des circonstances similaires. Angus, un défenseur des Cataractes de Shawinigan, était considéré comme le 92e plus bel espoir nord-américain par la Centrale de recrutement de la LNH. En début de saison, son directeur général, Martin Mondou, avait discrètement prédit qu'il trouverait preneur en troisième ronde. La semaine dernière, il nous avouait que deux équipes s'étaient montrées particulièrement intéressées envers le jeune pilier de sa brigade.
À travers toutes ces suppositions, Booth avait décidé de s'accrocher au conseil de son grand frère.
« Il m'avait dit d'apprécier le moment. Que tu montes ou que tu descendes, sois heureux parce que ça arrive juste une fois. »
Le sourire collé au visage de Booth dans les minutes suivant sa sélection par les Kings de Los Angeles (4e ronde, 116e au total) confirmait qu'il l'avait pris au mot.
« Toute ma vie, ça a été pour le hockey. Voir que mes efforts ont finalement contribué à ça, c'est vraiment incroyable, peinait à réaliser le jeune Montréalais avec son nouveau maillot
« C'est sûr que j'ai toujours été un joueur simple, donc j'étais moins sur le radar du monde [au mois d'octobre]. Mais j'avais mis beaucoup d'effort cet été-là et l'été précédent et j'étais confiant que mon temps allait arriver. Je suis vraiment content qu'il soit arrivé aujourd'hui. »
Les Kings sont tombés en amour très tôt avec le discret défenseur. Le recruteur Nick Sinclair, qui a été pendant six ans le directeur général du Sting de Sarnia et qui est aujourd'hui chargé de scruter le territoire du Québec pour la formation californienne, connaissait bien Mondou pour avoir travaillé à ses côtés dans la structure de Hockey Canada. Il se souvient d'avoir remarqué Booth dans une partie contre Victoriaville au mois d'octobre. Dès lors, il s'est juré de ne plus le quitter des yeux et les deux anciens collègues sont étroitement restés en contact tout au long de la saison.
« Son potentiel m'a immédiatement accroché, racontait Sinclair quelques minutes après avoir bouclé le dossier. Ça a d'abord été son intelligence et son sang-froid avec la rondelle. Il est patient, il ne précipite jamais les choses, il est calme quand il revient récupérer une rondelle dans le fond de sa zone. Ce sont toutes des choses qu'on aime voir chez un défenseur. À 17 ans, il avait le temps de jeu d'un vétéran, il était utilisé dans toutes les situations. »
« Je trouve que c'est un choix sûr, approuvait Mondou dans les coulisses du Centre Bell. Avec Angus, tu sais ce que tu achètes. Il va jouer. Il est intelligent et je pense qu'il va continuer de grandir. Tu vois que sa maturité physique n'est pas atteinte. Dans n'importe quel repêchage, quand tu peux aller chercher encore un plus au niveau de la maturité physique, c'est tout le temps bon. »
Du Vlasic dans le nez?
Il fut une époque où Martin Mondou faisait lui-même des pieds et des mains pour faire l'acquisition d'Angus Booth. Au repêchage 2020 de la LHJMQ, les Islanders de Charlottetown avait contrecarré ses plans en le sélectionnant au début de la quatrième ronde. Quelques semaines plus tard, Mondou avait fini par obtenir ce qu'il voulait en cédant aux Islanders un choix de deuxième tour en 2022.
« Il y a beaucoup de monde qui n'avaient pas compris ce qu'on a faisait cette fois-là. [...] Mais dans notre organisation, depuis le début c'est un gars qu'on ne voulait pas manquer à son repêchage. On a réussi à aller le chercher après. Et quand il est arrivé, on a échangé Tyson Hinds et les gens ne comprenaient pas pourquoi on l'avait mis dans la transaction. Mais on voulait du temps de jeu à Angus et on avait trop de monde à la ligne bleue. On a fait une transaction avec un bon joueur pour en prendre un plus jeune, pour continuer de lui donner ses minutes pour qu'il grandisse. »
Parmi les défenseurs dont il dit s'inspirer, Booth cite Mackenzie Weegar, un ancien des Mooseheads de Halifax qui donne depuis deux ans du hockey de grande qualité aux Panthers de la Floride. Il admet toutefois qu'il a encore des croûtes à manger afin de pouvoir développer l'instinct offensif de sa muse.
À 18 ans, Weegar avait généré 44 points en 62 matchs. L'année suivante, sa production avait augmenté à 59 points. La saison dernière, il a connu sa meilleure saison offensive dans la LNH avec une récolte de 44 points.
Booth, qui n'a marqué qu'un but et totalisé 23 points en 42 matchs l'an dernier – une blessure à une cheville lui a fait rater 26 matchs – a-t-il vraiment le potentiel d'en faire autant?
« Je vois un peu [Marc-Édouard] Vlasic en lui, propose plutôt Mondou. Je ne veux pas dire qu'il va se développer avec autant de succès, mais il a les mêmes attributs. Il passe un peu inaperçu, il n'est pas le plus flamboyant, mais il est très efficace. Et il peut jouer dans toutes les situations, on l'a vu chez nous cette année. Quand le jeu de puissance ne roulait pas, il a embarqué et a tout de suite contribué. Il a joué sur notre désavantage numérique, il a affronté les meilleurs trios adverses. Sa polyvalence est épatante. Mais à la base, c'est un défenseur qui fait extrêmement bien les détails qu'un défenseur est supposé faire. »